La junte tchadienne veut dribler la classe politique. Comme le CNRD cherche à le faire en Guinée.
À Ndjaména, la coalition Wakit Tama a mis fin aux discussions avec les autorités militaires de la transition. Comme l’ont fait depuis quelques mois des formations politiques maliennes, alors qu’en Guinée, des dizaines de partis politiques guinéens, dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré exigent l’ouverture d’un dialogue avec le CNRD et son gouvernement.
Pour la coalition Wakit Tama, dans des propos recueillis par RFI (*), « nous avons fait une analyse globale de la situation qui met en exergue une incapacité totale de la junte et de son gouvernement de prendre à bras-le-corps les problèmes du Tchad. Nous avions notamment indexé l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le pré-dialogue de Doha, une volonté très claire de ne pas organiser un dialogue clair puisque vous voyez bien, les gens s’interdisent même une réflexion pertinente sur l’organisation de ce pré-dialogue. On nous demande simplement de nous y joindre sans aucune réflexion comme des moutons de panurge, ce qui ne saurait se comprendre« .
Un des membres de cette coalition souligne que « si ces militaires croient qu’ils ont la légitimité juste parce que la France, pour des raisons géostratégiques et économiques, les a soutenu, ils se trompent. En Afrique francophone, les militaires sont du nombre des responsables des problèmes sociopolitiques. C’est eux qui soutiennent les dictatures, qui obligent les populations à accepter les résultats fabriqués par des commissions électorales farfelues, qui sont légalisés par des tribunaux aux ordres« .
A Conakry, ce type de discours est de plus en plus entendu depuis que le Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition, a dit qu’ils « sont allés à la mort » pour libérer le pays du régime dictatorial d’Alpha Condé. Nombre de commentateurs et d’acteurs politiques soutiennent que « le CNRD et de nombreux cadres qu’ils ont nommé depuis le renversement du régime RPG a-e-c, ne sont pas nouveaux sur le paysage politique guinéen. Colonel Doumbouya et ses camarades du CNRD étaient plus proches d’Alpha Condé que du peuple de Guinée. Seuls les mains noires soutiennent le contraire. Il est temps qu’ils se consacrent à préparer un retour à l’ordre constitutionnel normal car, ils n’ont pas de légitimité pour diriger le pays. Ils ne sont pas des élus et ils semblent continuer l’ethnostratégie… « .
Mamadou Alpha BAH
source RFI : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220407-tchad-la-coalition-wakit-tama-met-fin-aux-discussions-avec-les-autorites-de-transition.
Photo AFP – DJIMET WICHE
Max Loalngar (au centre), leader de la coordination des actions citoyennes de Wakit Tamma, Barka Michel et Citak Yombatinan, en conférence de presse le 8 juin, à Ndjamena.