L’AFRICA EUROPE FOUNDATION INTERPELLE SUR L’URGENCE D’UNE REFONDATION DES RELATIONS EURO-AFRICAINES
Le 2 décembre, l’Africa Europe Foundation présentait sa Charte reposant sur des objectifs partagés entre l’Union européenne et l’Afrique, pour sortir du business as usual et partir sur de nouvelles bases après des « promesses non tenues » qui pourraient bien crisper les relations entre les sociétés civiles des deux continents…
Lancée en décembre 2020, la Fondation Afrique-Europe (ou «AEF » pour « African Europe Foundation ») représente un consortium développé par les Amis de l’Europe et la Fondation Mo Ibrahim, en partenariat avec l’African Climate Foundation et l’Organisation mondiale de campagne et de plaidoyer contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables (ONE). Cette nouvelle entité s’est fixé l’objectif de redynamiser les relations euro-africaines, en s’appuyant sur la jeunesse des deux continents.
De nombreuses personnalités ont rejoint l’AEF, à l’instar de Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Ngozi Okonjo-Iweala, la directrice générale de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), Vera Songwe, la secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique ou encore Laurence Tubiana, la directrice exécutive de la Fondation européenne pour le Climat.
Le 2 décembre, à quelques semaines du prochain Sommet Europe-Afrique qui se tiendra les 17 et 18 février prochains à Bruxelles, la fondation présentait sa Charte « Afrique-Europe » dans le cadre d’un huis clos qui a notamment réuni Ellen Johnson Sirleaf, Prix Nobel de la Paix 2011 et ancienne présidente du Libéria (2006-2018) et Mary Robinson, l’ancienne présidente d’Irlande (1990-1997) (outes deux présidentes honoraires de l’AEF), mais aussi Mahamadou Issoufou, l’ancien président du Niger (2011-2021), Mo Ibrahim, l’entrepreneur et philanthrope anglo-soudanais à la tête d’une fondation éponyme et Chrysoula Zacharopoulou, la députée européenne et co-présidente du Conseil des actionnaires de la Facilité COVAX (une initiative multilatérale d’achats de vaccins destinés aux pays les plus vulnérables).
Relever les défis communs en s’appuyant sur des atouts complémentaires
« Que ce soit pour la santé, la crise climatique ou d’autres enjeux. Nous avons un besoin urgent d’idées et d’actions audacieuses pour remodeler ensemble, l’avenir commun de l’Afrique et de l’Europe », a averti Mary Robinson.
Cette année, la réflexion de ses membres porte essentiellement sur la santé dans un contexte de pandémie de Covid-19 qui a révélé de sérieuses fractures multilatérales, et sur le climat, au lendemain d’une COP26 qui laisse un goût amer aux pays émergents, en particulier sur le continent africain. Le programme des débats recouvre également le sensible dossier migratoire qui continue de crisper les relations intereuropéennes, mais aussi les questions d’agriculture, d’énergie, de numérique et de transport. La jeunesse, la gouvernance et les petites et moyennes entreprises (PME) comme sujets transversaux, sont notamment portés par des partenaires tels que l’IPEMED (Mediterranean World Economic Foresight Institute), le Policy Center for the New South (PCNS), le Next Einstein Forum ou la FERDI (Fondation pour les études et recherches sur le développement international).
« Notre charte s’appuie sur la conviction fondamentale de la Fondation Afrique-Europe selon laquelle les deux continents ont beaucoup à s’offrir. Ni l’un ni l’autre ne résoudra leurs problèmes respectifs de manière isolée, c’est plutôt grâce à la coopération que nous pourrons ensemble redynamiser notre partenariat », a déclaré Ellen Sirleaf Johnson. L’ancienne présidente du Libéria a souligné avec pragmatisme, l’importance d’une initiative « orientée vers des solutions ». Pascal Lamy, l’ancien directeur général de l’Organisation mondial du Commerce (OMC) abonde dans son sens, estimant que le temps de la refonte des relations entre les deux continents était venu. « Nous sommes d’accord qu’il ne faut pas continuer comme ça. Il faut un concept plus équitable. C’est le moment pour l’action », a-t-il prévenu.
Enfin, Mahamadou Issoufou a insisté sur le défi de la jeunesse africaine, précisant qu’il était impératif de lui offrir un autre avenir que celui de risquer sa vie sur des embarcations de fortune en partance pour l’Occident. « Douze millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail », a-t-il précisé, appelant les deux continents à mutualiser leurs ressources pour un bénéfice partagé. « L’Afrique a des atouts majeurs que sont ses ressources naturelles et sa jeunesse et l’Union européenne dispose de ressources financières et technologiques ». L’appel est lancé et le rendez-vous est pris à Bruxelles en février prochain.
Par Marie-France Réveillard
(*) https://afrique.latribune.fr