Contre La sansure

L’autre Françafrique (par Habib Yembering Diallo)

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Le discours francophobe du trio Mali, Burkina Faso et Niger trouve de plus en plus un écho favorable en Afrique francophone. Y compris parmi les élites. Comme l’actuel Premier ministre du Sénégal. Un pays jusqu’ici fidèle parmi les fidèles à l’ancienne puissance coloniale. Même si certains chefs d’Etat africains tentent de rassurer la France, celle-ci assiste impuissante à l’effondrement de son influence.

Finie l’époque où les réseaux « focardiens, mitterrandiens ou chiraquiens » faisaient la pluie et le beau temps en Afrique francophone. Cette époque où les dirigeants du pré-carré tremblaient devant le tout-puissant « monsieur Afrique de l’Elysée ». Un chef d’Etat francophone, élu, réélu ou putschiste, n’avait son ticket d’entrée ou de maintien au palais que lorsqu’il a reçu la lettre de félicitations de l’Elysée.

La situation a radicalement changé. De plus en plus, les chefs d’Etat africains font ce que le président Alpha Condé avait préconisé à Abidjan : couper le cordon ombilical avec Paris.

François Mitterrand avait secoué les palais. Le discours de la Baule aura été la plus grande et la plus flagrante ingérence de Paris dans les affaires africaines post indépendances. Le successeur de Mitterrand, conscient des dégâts causés par son prédécesseur, avait tenté de rassurer ses partenaires africains par une autre rhétorique plus qu’ambigüe : La politique dite de « ni ingérence ni indifférence ».

Les faits et méfaits de la France ont engendré un sentiment anti-français. Les nouveaux panafricanistes jurent de démanteler la Françafrique. En commençant par la fermeture des bases militaires françaises et la suppression du franc CFA.

D’autres, comme le trio de l’AES, accusent les médias français de véhiculer un message négatif pour discréditer le nouveau bloc. Lequel veut mettre en place des organes d’informations pour diffuser des informations africaines par des Africains.
La puissance médiatique française

S’il est difficile d’obtenir l’indépendance politique et économique, l’indépendance culturelle, elle, relève d’une gageure. Les médias français sont pour le moment incontournables en Afrique francophone.

Accusée à tort ou à raison de partialité, notamment dans la dernière guerre de Gaza, France 24 n’a toujours pas de concurrents dans nos salons.

Quant à RFI, elle devait porter la dénomination Radio France Afrique, RFA. Tant cette station est utile pour l’Africain francophone. Lequel se réveille avec des éditions d’informations africaines. Suivront toute la matinée, les émissions « Appels sur actualité, Priorité Santé ou encore 8 milliards de voisins. Ces émissions sont consacrées quasi exclusivement au continent noir. A la mi-journée, la station s’adresse aux Africains, le plus souvent par des Africains et même dans des langues africaines.

Pour maintenir l’influence culturelle française sur le continent, notre radio France Afrique (RFI) a élargi ses programmes par d’autres langues africaines. Comme le Fulfulde ou le Mandikan. La France ne fait pas tout cela pour les beaux yeux des Africains. Elle sait que celui qui contrôle l’information contrôle tout le reste.

Raabi Seydi Jallo renndoyankeejo © RFI FULFULDE

A l’occasion de consultations électorales africaines, RFI est la seule station qui réussit l’exploit de réunir les représentants de tous les candidats pour débattre de leurs programmes de société. Les acteurs politiques ne choisissent pas cette radio parce qu’ils l’aiment. Ils le font parce qu’ils savent qu’à travers elle, ils atteignent leur cible.

Mais ce n’est pas tout. La France accorde d’autres avantages et privilèges à l’Afrique francophone. Alors qu’il faut une fortune pour envoyer son enfant étudier dans les universités nord-américaines et dans d’autres pays européens, l’Hexagone met en place son programme campus France. Un programme qui permet à des jeunes francophones, dont les parents sont incapables de financer leurs études, de se former. Une gratuité à laquelle ils ajoutent d’autres aides sociales.

La dimension linguistique

Le français est un facteur d’unité nationale et même africaine. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les francophobes font leur discours anti-français en langue française. Parce que cette langue est un outil de communication intournable en Afrique francophone. Au plan national c’est grâce à cette langue que des citoyens d’un même pays aux dialectes différents, communiquent. C’est encore grâce à elle que le Sénégalais, le Béninois, le Malgache et le Burundais se comprennent.

Même au plan national il est impossible pour beaucoup de pays de trouver une seule langue nationale que tout le monde parle. A plus forte raison au plan africain. Ce qui fait des langues des anciens colons un outil commun et un facteur d’unité nationale et même africaine. Pour toutes ces raisons si la Françafrique politique est en train de mourir de sa belle mort, celle de la langue et de la culture, elle, a encore de beaux jours devant elle.

Habib Yembering Diallo.

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