Le chef des droits de l’homme demande à l’UE de rester fidèle à ses valeurs en traitant mieux les migrants
« Les droits de l’homme traversent une passe difficile, y compris ici, en Europe », a souligné le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, dans un discours ce mercredi devant le Parlement européen, où il a insisté sur un meilleur traitement de migrants et dénoncé la montée des discours de haine.
A l’approche du 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, M. Türk a évoqué devant les parlementaires de l’Union européenne (UE) la situation « profondément conflictuelle » de milliers de migrants et de réfugiés en Europe.
Il a fait part de sa douleur « de voir des discussions souvent truffées de discours populistes et haineux à l’encontre de personnes qui n’ont rien fait d’autre que chercher à se mettre à l’abri de la détresse ou des crises, ou partent en quête d’une vie meilleure ».
M. Türk a relevé des propos déshumanisants dans les paroles des politiques, des médias télévisés et des médias en ligne dans l’espace européen. Les dirigeants de l’UE, espace fondé sur les valeurs de dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, d’État de droit et de respect des droits de l’homme, « doivent se rappeler qu’un espace civique vaste et dynamique est crucial pour la cohésion sociale, la justice et la paix », a appuyé M. Türk devant les législateurs.
Critique de l’externalisation des procédures d’asile
L’UE doit selon lui jouer un rôle d’exemple pour redynamiser le texte de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Rappelant le contexte dans lequel a été rédigé le document « le plus traduit au monde » – une Europe ravagée par la Seconde Guerre mondiale et des réfugiés par millions – M. Türk a critiqué la « tendance inquiétante de l’externalisation des procédures d’asile » en Europe. L’envoi de migrants et de réfugiés vers des pays tiers alimente encore davantage les divisions et les inquiétudes en matière de droits de l’homme, alors que la mobilité humaine est « vieille comme le monde », a-t-il formulé.
Face aux crises planétaires qui s’empilent, M. Türk a appelé à « revenir aux fondamentaux de la coopération internationale, du dialogue et de la solidarité » en mettant fin aux « refoulements illégaux et aux expulsions collectives », ainsi qu’en garantissant une reddition de comptes en cas de violations des droits humains aux frontières. Il a aussi jugé qu’il était « plus que temps d’identifier des voies de migration plus sûres et plus régulières ».
Des espoirs dans un prochain pacte européen sur la migration
Pour cela, il a placé des espoirs dans le projet de pacte européen sur la migration et l’asile, qui offrirait « une chance de sortir de l’impasse politique ». À cette fin, il a insisté pour que les négociations actuelles sur cet accord soient fermement étayées par le respect des droits de l’homme et de la justice pour tous.
M. Türk a aussi évoqué « le spectre du racisme et de la discrimination structurelle imprègnant toujours de nombreuses sociétés, y compris l’Europe », en citant un rapport de l’UE faisant état de discrimination raciale, de harcèlement et de violence croissants à l’encontre des personnes d’ascendance africaine. « Les deux tiers des personnes interrogées ont été victimes d’une forme de discrimination raciale dans plus d’un domaine de leur vie. Ce manque de progrès est préoccupant », a commenté le Haut-Commissaire.
In. https://news.un.org/fr/story/2023/11/1141107
Image de la UNE : Des migrants sont secourus au large de la Libye par une ONG, SOS Méditerranée (photo d’archives). © SOS Méditerranée/Anthony Jean