Le coup de boutoir de la CEDEAO au dialogue inter-guinéen (Par Mognouma)
La 62èmesession ordinaire du sommet des chefs d’Etats de la CEDEAO a eu lieu ce dimanche 04 décembre 2022, à Abuja, au Nigéria.
Le rendez-vous était très attendu à Conakry. Il se disait partout, et à juste raison, qu’il doit décider de l’avenir du dialogue inter-guinéen à propos duquel le CNRD et ses soutiens les plus irréductibles, ne l’empêchaient nullement de proclamer la victoire après les félicitations et encouragements de certaines chancelleries occidentales.
Les chefs d’Etats de la sous-région qui se sont encore retrouvés à cette occasion, entre autres sujets autour de la Guinée et de sa transition militaire balbutiante, en ont décidé autrement.
C’est un véritable coup de boutoir donné au dialogue.
Le ton n’est ni dur ni complaisant. Il est tout simplement tranchant à propos de l’initiative en cours, relativement à la relance des concertations qui ont lieu entre les acteurs sociopolitiques du pays.
Ça a tout l’air d’un camouflet pour les facilitatrices désignées par le CNRD, qui croyaient pouvoir réussir le dialogue en l’absence des trois coalitions composées de partis politiques et d’organisations de la société civile, vindicatifs certes, mais cependant assez représentatifs dans le pays.
En effet, elles s’étaient alors cousues toutes seules d’un costume devenu plus tard étriqué, songeant que ce serait le plus court chemin vers le graal.
Et pourtant, le médiateur de la CEDEAO avait prévenu. Thomas Yayi Boni a alerté dans son discours à l’ouverture du dialogue.
« Madame la Présidente, pourtant vous m’avez promis que tout le monde serait là », était la petite blague de mauvais goût de l’ancien Président Béninois à l’endroit de la porte-parole des facilitatrices.
Mais c’était difficile de croire en ce moment que le projet qui a été initié, mis en place et exécuté avec un peu d’enthousiasme était à refaire.
Pire, il allait s’écrouler comme un château de cartes, du fait de l’absence de certains. Beaucoup refusaient de croire à ce scénario, en se disant que le médiateur n’est pas étranger à ces genres de situation, lui qui vit pire dans son pays avec celui-là même qui lui a succédé au trône, et qui fait boire le calice jusqu’à la lie à ses opposants de par les actions d’une justice autant décriée, comme c’est parfois abusivement le cas chez nous.
Il est évident que la mauvaise impression du médiateur du dialogue n’a pas changé.
La CEDEAO l’entonne bien d’ailleurs. Elle demande aux autorités guinéennes d’associer immédiatement et sans exception les partis politiques et la société civile, les principaux, dit-elle, qui ont boycotté l’offre de dialogue.
Il s’agirait sans doute des partis politiques membres de la Troïka et du FNDC. Cela veut dire que la CEDEAO donne de l’écho aux réclamations de ces coalitions qui exigent du pouvoir de Conakry, faut-il le rappeler, la réhabilitation de l’organisation dissoute, dirigée par Oumar Sylla alias Foniké Menguè ou encore l’arrêt des poursuites contre les acteurs politiques et ceux de la société civile.
C’est ainsi dire que ces acteurs qui n’étaient plus audibles, ou qui ne semblaient plus l’être auprès des décideurs de la sous-région, et d’ailleurs, le redeviennent désormais.
Dans ce jeu de « qui perd gagne », tout est possible.
Mais pour l’heure, c’est le retour en force de la Troïka. La CEDEAO prend à son compte leurs réclamations.
Reste à savoir si la junte qui se veut nationaliste en de pareilles circonstances, comme hérité de ses prédécesseurs, va , malgré tout, continuer sa marche solitaire, avec la détermination du « quoique ça coute » qui pourrait s’avérer trop risquée dans un environnement socio-économique qui sera sans doute volatile