Le duo Moussa Cissé/Karamo Kaba: les architectes d’un système de corruption aux ramifications aussi tentaculaires que spectaculaires
Il y a environ trois mois, j’attirais l’attention de l’opinion sur la mafia instaurée à la SONAP par son DG, Moussa Cissé, avec la complicité d’acolytes tapis dans l’ombre à la présidence, et dénonçais les agissements de ce dernier en matière d’importation de carburant toxique et d’un marché de gré à gré de 13 milliards GNF avec la SOMAF au titre de la prétendue rénovation de la SONAP. Quid d’un des contrats les plus importants du pays en matière d’importation de carburant, celui d’Addax en l’occurrence, passé dans l’opacité la plus totale, sans appel d’offres et toujours et encore sous la houlette de Moussa Cissé, comme le révélait le journaliste Thomas Dietrich.
Si les observateurs avisés pensaient avoir tout vu et tout entendu, c’est sans compter sur la redoutable ingéniosité de Moussa Cissé qui, lorsqu’il est question de siphonner les fonds publics, ne s’embarrasse d’aucune exigence morale et éthique. La cupidité est une religion.
C’est ainsi que le journaliste Abdoul Latif Diallo nous a appris que Moussa Cissé, à l’époque Ministre de l’économie et des finances, et Karamo Kaba, gouverneur de la banque centrale, deux génies du crime financier, nous ont concoctés une recette gardée secrète jusqu’ici. Rien de moins qu’une impression de billets, pour plusieurs milliards, qu’ils ont ensuite discrètement déversés sur le marché. Une partie de ce pactole a été bloquée à Dubaï. Malgré leurs multiples voyages en terre émiratie, ni leur charme ni leurs valises pleines de justifications fumeuses, n’ont convaincu les autorités de leur rendre cette fortune colossale.
Et aujourd’hui ? Eh bien, Moussa Cissé préfère se faire oublier loin des frontières du pays, tournant le dos aux appels désespérés du général Amara, qui l’a suspendu pour insubordination.
Mais ne vous y trompez pas, ces truands continuent tranquillement de siphonner des milliards à la SONAP, épaulés par leurs complices dans quelques banques et parmi les changeurs de devises.
Leur dernier tour de passe-passe, toujours exposé par Latif, est assez bluffant. Lorsque Moussa Cissé a besoin de dollars pour acheter du carburant, il va chercher ces devises à la Banque centrale. Là, le gouverneur les remet directement à un cambiste, tout en se plaignant officiellement de ne plus avoir de devises en stock. La SONAP, bien obligée de s’approvisionner, se tourne alors vers le même cambiste, qui a déjà reçu la modique somme de 80 millions de dollars, et les rachète… à un prix supérieur, bien sûr. Si le taux officiel est de 8 000 francs guinéens par dollar, la SONAP paye 9 000 francs au cambiste. Résultat des courses : 1 000 francs de bénéfice par dollar, gentiment empochés par ce duo infernal. Du grand art !
De tels actes de corruption, perpétrés avec cynisme et sans la moindre considération pour les principes de bonne gouvernance, ont des conséquences désastreuses pour la nation. Ce système organisé par Moussa Cissé et Karamo Kaba, gangrenant les institutions au plus haut niveau, affaiblit non seulement l’économie du pays, mais aussi sa crédibilité sur la scène internationale.
Pendant que ces criminels financiers s’enrichissent de manière éhontée, c’est la population guinéenne qui paie le prix fort : inflation galopante, dévaluation monétaire, accès aux services publics compromis. Il est inacceptable que des milliards soient détournés pour satisfaire l’avidité de quelques individus, tandis que le peuple croule sous la misère. Ces pratiques ne font qu’enraciner la défiance des citoyens envers leurs dirigeants et, si elles ne sont pas sévèrement punies, c’est l’avenir même du pays qui est en péril.
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