Si on vous explique le problème Russie-Ukraine et les positionnements des puissances occidentales et que vous le comprenez, c’est qu’on vous l’a bien expliqué. En revanche, si on vous explique le problème africain, et plus particulièrement celui de la Guinée et que vous le comprenez, c’est qu’on vous l’a mal expliqué !
En vrai, je ne sais même pas par où commencer ! Croyez-le ou pas, les cadres guinées sont vraiment impossibles à comprendre ! Que des incapables réunis ? Impossible pour eux de gérer une simple affaire de confection de passeports ! Comment peut-on prendre au sérieux un tel État ? Comment voulez-vous qu’on respecte le citoyen d’un tel État ? Alors que nos voisins fabriquent des voitures, sortent des voies ferrées dans la terre, nous, nous sommes incapables de confectionner de simples passeports biométriques !
Alors qu’au Ghana la carte nationale d’identité peut désormais servir de passeport, chez nous, il faut passer par des intermédiaires, corrompre certains et supplier d’autres pour rentrer en possession d’un document qu’on peut normalement obtenir en moins de 24 heures.
J’étais déjà frustré par le prix de ce document, et voilà maintenant que je ne peux même plus l’avoir ! Il y a huit (8) mois, j’ai introduit ma demande de renouvellement de mon passeport à l’ambassade de la Guinée à Berlin. Depuis lors, je n’ai aucune nouvelle ! Les autorités de l’ambassade ne répondent ni à mes appels téléphoniques, encore moins à mes courriers postaux. Je suis vraiment choqué !
Maintenant, faute de passeport valide, je ne peux pas renouveler mon titre de séjour, je ne peux pas voyager et la plupart de mes services administratifs & financiers sont bloqués. Le pire, c’est que je ne peux expliquer cela à personne (en-tout-cas pas aux Allemands), au risque d’être pris pour un imbécile de menteur ! Que faire ?
Paraît-il, cette rupture n’est imputable qu’à la société IRIS Corporation. Ce qui nous conduit à faire un rappel sur ce prestataire connu pour ces manquements à ses obligations contractuelles à ses pratiques douteuses et aux mauvais traitements qu’elle réserve à ses employés sur le continent africain. Un ou deux faits suffisent pour déboutonner tout partenariat avec cette société et la poursuivre en justice pour la réparation de ce dommage que le peuple guinéen continue de subir de toutes les manières possibles.
Premier fait : En 2017 au Sénégal, c’est cette société malaisienne qui avait été chargée de la confection des cartes numérisées. Malheureusement, le Sénégal n’a pas obtenu satisfaction de la part de IRIS. Dans son article de presse publié dans l’Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (OSIRIS), Seyni Diop dénonçant « la contre-performance du prestataire dont les agents râlaient devant la Direction de l’automatisation du fichier (DAF) pour réclamer 3 mois d’arriérés de salaires », rappelle qu’il y a d’autres prestataires bien plus efficaces, rigoureux et professionnels que la société IRIS.
Deuxième fait : Des explications de l’auteur, la société IRIS ferait l’objet d’un grand scandale de corruption en Malaisie notamment dans le cadre de l’obtention du contrat de confection des passeports biométriques guinéens. Selon l’auteur, « en janvier [2017], son directeur général, Datuk Hamdan Mohd Hassan, et le directeur des opérations internationales ont été arrêtés par la Commission anti-corruption de la Malaisie (MACC). L’entreprise est accusée d’avoir acquis le marché de fabrication des passeports biométriques guinéens en versant des pots de vin ».
Malgré tout le mal que IRIS a causé aux Guinéens, la seule chose que le ministre de la sécurité et de la protection civile, Bachir Diallo a obtenu de cette société, est la délivrance d’un lot de 40 000 carnets dont 3 000 immédiatement, et l’assurance que la couverture de ceux-ci sera de couleur verte. Quel foutage de gueule ?
La Guinée est vraiment un scandale, mais pas seulement que géologique ; c’est aussi et surtout un scandale politique, économique, social, etc. Après plus de soixante ans d’indépendance, il se trouve que nous ne sommes en réalité indépendants en rien. Ni en sécurité alimentaire, ni en sécurité sanitaire, ni en sécurité économique et financière, encore moins en sécurité politique et sociale nous ne pouvons revendiquer une autonomie réelle. En vrai, notre indépendance, il faut le reconnaître, est une indépendance de farce, une indépendance de façade. Oui, notre indépendance n’est qu’une coquille vide que nous traînons et célébrons chaque 02 octobre.
Quelle indépendance célébrons-nous vraiment le 02 octobre ? Nous sommes nourris par la Chine et l’inde, nous étudions et nous nous soignons à l’extérieur. Politiquement, économiquement, culturellement – nous dépendons de l’extérieur. La question que chacun est certainement en droit de se poser, serait celle de savoir, à qui la faute. Au citoyen lambda ? Pas du tout ! Aux puissances extérieures ? Peut-être, mais pas vraiment ! Au système Guinéen ? Sans aucun doute !
Le système constitue le véritable problème de notre pays. Ce système, tel que nous le connaissons et tel qu’il existe depuis 1958 nous prive de nos droits et libertés, de notre indépendance, de notre autonomie. L’évènement que nous célébrons chaque 02 octobre est pris en otage par ce système qui freine les jeunes talents et les empêche d’évoluer. Ce système qui, comme un Léviathan, asphyxie le peuple, étouffe la créativité et l’innovation, freine toute nouvelle idée, toute alternative et au final nous empêche de nous soulever et de lever la tête.
À présent, j’invite les autorités Guinéennes à immédiatement arrêter tout partenariat avec la société IRIS et cela pour deux principales raisons :
Pour les soupçons de corruption dans le cadre de l’acquisition de ce contrat, et
Pour la rupture de stock en violation du contrat frauduleusement acquis.
J’invite également les autorités à saisir les juridictions compétentes afin d’obtenir réparation de ce préjudice. Nous avons été humiliés! Nous avons souffert !
Alimou DIALLO
alimoudiallo@gmx.de