Le pouvoir et sa folie : l’exemple de Mamadi Doumbouya en Guinée
La phrase《Le pouvoir rend fou, et le fou ne rend pas le pouvoir》résume bien ce qui arrive souvent aux dirigeants. Quand Mamadi Doumbouya a renversé le président Alpha Condé en septembre 2021, il promettait de libérer la Guinée de la corruption et d’organiser rapidement des élections. Les Guinéens l’ont accueilli comme un sauveur. Mais très vite, Mamadi Doumbouya a commencé à changer.
Il s’est installé dans le palais présidentiel, a accepté les honneurs et s’est habitué aux privilèges du pouvoir. Ce qui devait être une transition rapide vers la démocratie s’est transformé en un maintien prolongé au pouvoir, avec des reports constants des élections et une répression de plus en plus dure contre ceux qui critiquent le régime.
Cette transformation n’est pas surprenante. Le pouvoir nourrit deux sentiments dangereux : l’orgueil et la peur. L’orgueil fait croire au dirigeant qu’il est indispensable, que le pays ne peut pas fonctionner sans lui. La peur vient de ce qu’il a fait pour prendre et garder le pouvoir – il craint les poursuites judiciaires et la perte de tous ses privilèges s’il devait partir.
Mamadi Doumbouya, qui avait promis de ne pas se présenter aux élections, montre maintenant tous les signes d’un homme qui veut rester au pouvoir. Il propose une nouvelle constitution qui pourrait lui permettre de se présenter, exactement comme l’avait fait Alpha Condé avant lui. L’histoire se répète : celui qui était venu combattre la dictature devient lui-même dictateur.
Cette situation dépasse le cas de la Guinée. C’est un cycle qui se répète dans certains pays de l’Afrique : un dictateur s’installe, un coup d’État militaire le chasse au nom de la démocratie, les militaires promettent des élections puis s’accrochent au pouvoir et reproduisent les mêmes abus. La vraie solution n’est pas dans les coups d’État mais dans la construction d’institutions solides et d’une culture politique où la plus grande vertu est de savoir quitter le pouvoir au bon moment.
Quelques dirigeants africains comme Nelson Mandela l’ont fait, prouvant que c’est possible. Mais tant que les sociétés acceptent que le pouvoir se prenne et se garde par la force, le cycle continuera. Doumbouya avait l’occasion de devenir un héros en organisant des élections et en partant. Au lieu de cela, il devient un exemple de plus de cette folie du pouvoir qui transforme les libérateurs en tyrans.
Ne dit on pas que: Le vrai sage n’est pas celui qui prend le pouvoir, mais celui qui sait quand il faut le quitter.
Abdoul Karim Diallo
