Le passage du Président de la transition à la tribune des Nations-Unies suscite des réactions des différents acteurs politiques guinéens.
Alors que de nombreux guinéens attendaient que le Colonel Mamadi Doumbouya profite de cette tribune pour rassurer ses compatriotes et la communauté internationale quant au respect des ses engagements à organiser des élections dans un délai de 24 mois, conformément à l’accord conclu avec la CEDEAO, le Chef de la junte militaire a plutôt fait le procès de la démocratie à l’occidental.
Dans son discours, le Président du CNRD a indiqué que son objectif principal est d’abord le social, ensuite l’économie et la politique. Il a fustigé la CEDEAO, tout en indiquant que l’organisation sous-régionale dont la vocation était économique ‘’doit cesser de se mêler de politique et privilégier le dialogue’’.
En réaction à cette sortie, la Directrice du Cabinet de Cellou Dalein Diallo a estimé que ce discours du Colonel est à la fois ‘’une parjure et une imposture’’.
Pour Nadia Nahman, ‘’Aussi bien sur le fond et que sur la forme, ce discours est un parjure et une imposture. Le président de la transition s’est rendu coupable de parjure. Il a violé son serment et dans un État normal, avec des institutions fonctionnelles, l’on se serait probablement acheminé vers sa destitution. Pour comprendre ceci, arrêtons-nous sur la prestation de serment du colonel Mamadi Doumbouya du 1er octobre 2021 devant le président de la Cour suprême. L’article 47 qu’il a lu devant cette prestigieuse institution, disait que «moi président de la transition, je jure devant le peuple de Guinée, de préserver en toute loyauté la souveraineté nationale, de respecter et de faire respecter les dispositions la charte de la transition, de consolider les acquis démocratiques. Et, il a poursuivi en disant qu’il s’engageait solennellement et sur son honneur, à collaborer avec les organes de la transition, en cas de parjure, qu’il subisse la rigueur de la loi et qu’il le jure ».
La porte-parole du Président de l’UFDG de déplorer : « Pour nous, le parjure est manifeste, Monsieur Mamadi Doumbouya s’est engagé à rendre le pouvoir aux civils, après des élections libres et démocratiques à la fin d’une période de transition. Mais, là on est profondément surpris que nulle part dans ce discours, il n’est question du retour à l’ordre constitutionnel, alors que cette question là, intéressait les guinéens et les partenaires techniques et financiers de la Guinée’’.
Plus loin, Nadia Nahman, tout en qualifiant ce discours de ‘’dangereux’’ estime que Président du CNRD a montré son ‘’vrai visage’’ aux guinéens et à la communauté internationale
‘’Venir à cette tribune des Nations-Unies, affirmer haut et fort, avec l’argent du contribuable que, le modèle démocratique a du mal à s’adapter à nos réalités, à nos coutumes, à notre environnement et plus loin dire, que ce modèle a surtout contribué à entretenir un système d’exploitation de pillage de nos ressources, pour moi, cela relève d’une véritable imposture. Le seul mérite de ce discours, aura été de relever le vrai visage de Monsieur Mamadi Doumbouya de lever tout équivoque. Certains de nos compatriotes bien d’une part marginale, croyaient encore, non seulement ce discours relève que Monsieur Doumbouya n’est plus dans la disposition de respecter son serment de consolider les acquis démocratiques. Et encore, ça confirme son aversion pour la démocratie et l’État de droit. C’est un message qui est extrêmement dangereux, qu’il envoie aux partis politiques et républicains qui se sont engagés à accéder à la magistrature suprême, par des voies républicaines…’’, a estimé LA Directrice du Cabinet de Cellou Dalein Diallo, chez nos confrères de FIM FM.
Abdoul Wahab BARRY