Le report de la présidentielle au Sénégal provoque de violentes manifestations malgré l’appel au dialogue
La police anti-émeute sénégalaise a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations contre le report de l’élection présidentielle au Sénégal, ce vendredi 9 février à Dakar.
Des centaines de Sénégalais, femmes et hommes, ont voulu exprimer leur colère et leur amertume face au report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 annoncée par le président Macky Sall samedi 3 février, veille du démarrage de la campagne électorale officielle.
Les manifestants, masqués pour la plupart, s’était donné rendez-vous pour un rassemblement près de la place de la Nation à Dakar, après la prière rituelle du vendredi pour protester contre le brusque report des élections par le président Macky Sall.
Les forces de l’ordre n’ont pas attendu que les manifestants rejoignent le lieu de convergence pour lancer les hostilités. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de projectiles pour disperser la foule qui commençait à grossir.
Alors que les policiers ont bloqué toutes les voies qui mènent vers la place de la Nation, fortement barricadée par la police anti-émeute, de violents heurts ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise.
Depuis la décision surprise de reporter le scrutin présidentiel initialement prévu le 25 février, les appels à manifester se multiplient et les critiques contre le président Sall fusent de partout, à l’international mais aussi à l’interne.
Interrogée par la BBC, l’ancienne Première ministre Aminata Touré a accusé le président Macky Sall de « se comporter comme un autocrate africain de 90 ans, ce que nous n’accepterons pas ».
« Il y a douze ans, nous étions ensemble dans la rue pour lutter contre le troisième mandat du président [Abdoulaye] Wade, et voilà qu’il fait exactement la même chose que ce qu’il avait l’habitude de combattre », a déclaré l’ancien Premier ministre Aminata Touré à la BBC Newsday.
Le président Macky Sall a surpris le pays samedi en annonçant le report de l’élection présidentielle prévue pour la fin du mois, ouvrant une grave crise politique au Sénégal et plongé le pays dans une période d’incertitude.
Lundi, la police anti-émeute a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentaient de se rassembler devant l’Assemblée nationale du Sénégal. Les candidats de l’opposition estiment que ce changement est contraire à la constitution et font appel aux syndicats, aux chefs religieux et à la société civile pour faire campagne contre ce report.
Appels au dialogue et à l’apaisement
Jeudi, la nouvelle plateforme politique sénégalaise Aar Sunu Election (Protégeons notre élection) avait appelé les citoyens à « se mobiliser en masse » dans tout le pays et dans la diaspora pour condamner le report de l’élection présidentielle.
La plateforme est composée d’ONG, de syndicats, d’universitaires, de religieux et de personnalités indépendantes.
« Prenant acte avec indignation de la signature par le président de la République d’un décret violant la Constitution, nous exigeons le rétablissement du calendrier républicain« , a déclaré Aar Sunu dans un communiqué publié hier.
L’association a appelé les musulmans à assister à la prière du vendredi d’aujourd’hui en portant du blanc et en arborant les couleurs nationales.
Hier, 39 députés du groupe parlementaire Yewwi Askanwi (opposition) ont saisi le conseil constitutionnel pour contester la loi constitutionnelle qui reporte l’élection présidentielle au 15 décembre 2024.
Reçu jeudi par le président Sall, le président Umaro Sissoco Embalo de la Guinée- Bissau a appelé les Sénégalais au dialogue.
C’est une publication sur le site X de le Présidence du Sénégal qui donne l’information, s’empressant de préciser que le président bissau-guinéen « ne vient pas en tant que médiateur, mais entretient des relations solides avec toute la classe politique. »
Lors du Conseil des ministres de ce mercredi 7 février, le président Macky Sall a réaffirmé son appel à la concertation afin de sortir de l’impasse politique.
« Le président de la République a particulièrement réitéré sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les forces vives de la Nation, en vue de renforcer, d’une part, notre démocratie à travers un processus électoral transparent, libre et inclusif et, d’autre part, la crédibilité de nos institutions », indique le communiqué du Conseil des ministres.
L’annulation du scrutin présidentiel initialement fixé au 25 février suscite beaucoup de réactions aussi bien au niveau national qu’à l’international.
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