« … les putschistes font prendre conscience à tous que tout le monde n’est pas apte à diriger un État,… »
France, par ci, Russie par là, États-Unis, en toile de fond, Chine en perspective, quand les Africains, vont arrêter de se défausser sur les autres, d’appeler au secours, à tout bout de champ ?
Des États se glosent d’être souverains pour se replier sur eux-mêmes et pouvoir faire n’importe quoi, en même temps, qu’ils sont incapables d’apporter le moindre bonheur et une prospérité quelconque à leurs peuples qu’ils continuent de bercer d’illusions. Des citoyens revendiquent d’être libres mais veulent tout ignorer de la responsabilité qui incombe au statut d’homme libre, se dérobent aux effluves de l’indépendance qui leur a été donnée après l’avoir réclamé, à cor et à cri, comme une panacée.
L’ Afrique des années après, récidive, en suivant ceux qui veulent lui faire croire encore comme d’autres avant que le malheur vient d’ailleurs et des autres, qu’il lui faut s’engager dans une lutte acharnée de libération . Mais, contre qui et quoi, quand on sait qu’il y a longtemps déjà qu’elle a pris son destin en main.
Les Africains se font encore gruger par des discours aux accents démagogiques , au lieu d’exiger de leurs dirigeants qu’ils leur rendent des comptes, fassent leur examen de conscience pour arrêter de les asservir , pour s’engager enfin à mieux les servir. C’est comme si l’Afrique peine toujours à trouver sa voie, les Africains ne savent pas à ce stade de leur histoire, ce qu’ils veulent, où ils veulent aller, donc tournent en rond , en attendant d’être délivrés d’eux-mêmes, même s’ils veulent prêcher dans le désert, en clamant qu’ils doivent être sauvés de forces occultes et d’une histoire d’.éternels dominés, sauvés de la dystopie de peuples taillables et corvéables, à merci.
Chacun est appelé, avant tout, à balayer devant sa porte, à assumer ses faiblesses, à consommer ses échecs. Rien de durable ne se construira avec de fausses espérances, personne ne peut excuser ses propres fautes par un pis-aller ou des pulsions populistes.
La Démocratie qui recule, aujourd’hui , en de maints endroits en Afrique et telle qu’elle est vécue et pratiquée, exaspère des Africains, de tous les horizons, n’est pas venue par hasard ni n’a été rejetée à ses premières heures , comme maintenant. Au contraire, elle est venue mettre fin à un cycle de violences et d’absolutisme politique après une lutte de longue haleine. Au début des années d’indépendance, l’Afrique a subi des régimes totalitaires, les Africains ont été éprouvés par des dictatures sanglantes.
Le passé colonial n’était pas pire que les exactions et les humiliations infligées par les pères de l’indépendance : le colon blanc a laissé la place à l’oppresseur africain, à des nationalistes ombrageux, des souverainistes douteux et sanguinaires. Les générations qui ont connu cette période sombre, ont souffert de toutes les privations, qui se sont interrogées à propos de l’opportunité des indépendances, se sont mobilisées, vaillamment, pour combattre le totalitarisme, sous toutes ses formes, parfois, au péril de leurs vies. Les sacrifices consentis et les bouleversements intervenus dans l’histoire ont permis d’instaurer la Démocratie, cahin-caha.
C’est vrai qu’elle n’a pas tenu toutes ses promesses, dans bien de cas, est un échec, une désillusion, mais, elle est restée chère à ceux qui ont été confrontés à l’enfer des tyrannies, aujourd’hui, oubliées. Car, entre temps, une vague d’africains qui n’a connu que la démocratie avec ses limites et ses faiblesses parie sur des révolutions. N’importe comment, le changement, quel qu’il soit, doit être arraché. D’où le retour en cascade, force aussi, des coups d’Etat , considérés, à tort, comme la marque du changement et de l’alternance au sommet de l’Etat dont le système démocratique serait devenu l’obstacle, infranchissable. En somme, une fausse solution à un problème persistant.
Les coups d’Etat se suivent, et ne se ressemblent pas, cependant, tous, contrarient l’aspiration démocratique et constituent un retour en arrière regrettable. On invoque des coups d’Etat constitutionnels, des fraudes électorales, pointe du doigt la longévité au pouvoir pour justifier l’irruption de l’Armée sur la scène publique, mais, au même moment, il s’avère que les Armées ne sont pas étrangères à tout cela, les auteurs de putschs n’offrent pas mieux que cela. En vérité, on passe du mal au pire. Aussi, les fanatiques des militaires, leurs soutiens et sympathisants, finissent toujours par redescendre sur terre , quand ils se rendent compte qu’ils se sont trompés ou laissés avoir. A quel prix pour eux et leurs pays qu’ils livrent à des imposteurs ?
Quoi qu’il en soit, les coups d’Etat, un moment, isolés, trouvaient grâce aux yeux de nombreuses personnes qui ont pensé qu’ils marquaient une rupture avec une gouvernance hasardeuse, qu’ils annonçaient des aubes nouvelles. Ainsi, étaient-ils adoubés par des élites qui ont pensé en faire un raccourci pour accéder au pouvoir, plébiscités aussi par des peuples, las de l’immobilisme politique et des compromissions démocratiques. Mais, depuis que les coups d’Etat ont commencé à se succéder, à la queue leu-leu, que leurs auteurs sont portés à confisquer, systématiquement, le pouvoir, chacun réalise, souvent à ses dépends que le remède est pire que le mal, les présidents renversés sont le plus souvent meilleurs et plus méritants que leurs tombeurs.
Ceux qui s’ingénient à trouver des explications à chaque coup d’Etat qui intervient , au mépris des principes constitutionnels et des valeurs universelles de la Démocratie , se ravisent aussi et désormais s’opposent énergiquement aux pouvoirs militaires liberticides et anachroniques. On voit bien, qu’il n’y a pas d’alternative à la Démocratie qui comporte des insuffisances, en Afrique, en particulier, engendre des déceptions.
Ce n’est pas en tout cas des militaires qui sortent de leurs casernes pour s’emparer du pouvoir, spolier l’Etat et piller les ressources publiques, à leur guise, empiètent sur les droits et les libertés des citoyens qui feront mieux que des dirigeants civils qualifiés et issus du suffrage populaire.
Les militaires ne sont pas à leur place ni dans leurs rôles à la tête des pays comme ils ne peuvent opposer à personne leur légitimité à accomplir des mandats présidentiels, ne voulant plus se limiter dans le temps à conduire des processus de transition. Tous, sont tentés par le pouvoir qui, une fois, entre leurs mains, est interdit à tous, n’est plus remis en jeu entre ses prétendants légitimes. La menace putschiste dont aucun Etat n’est maintenant à l’abri à la faveur du mimétisme qui a cours, rencontre de plus en plus de résistance.
Bientôt, la peur, pourrait changer de camp parce que la phobie des putschs et des putschistes se renforce dans les consciences, la confiance dans l’Armée est entamée. D’où la purge, en son sein, qui a commencé, ça et là et la méfiance à l’encontre des hommes en uniforme qui se développe. Les erreurs des uns, nourrissent la vigilance des autres. Ce qui semblait toléré n’est plus admis. Chacun doit rester à la place qui est la sienne et faire face aux missions spécifiques à lui assignées, au risque de mélanger torchons et serviettes , de tuer les vocations naturelles , de mettre l’Etat sens dessus dessous.
Comme toujours, il faut à l’Afrique, aux Africains, voire au monde, pleurer et souffrir dans les rêves brisés, les impostures, pour qu’un sursaut s’ensuive dans un réveil trop tardif.
Vivre dans un système qui ne plait pas ou contrarie vaut mieux que de se retrouver dans l’insécurité et l’engrenage des marchands d’illusions . L’Afrique n’a rien à gagner, à tout à perdre dans le ballet d’aventurismes incertains et dramatiques.
Les putschs rappellent qu’il faut des gardiens pour la Démocratie ; les putschistes font prendre conscience à tous que tout le monde n’est pas apte à diriger un État, n’est pas chef de l’Etat qui veut. Tant pis, pour les peuples qui tarderaient à le comprendre.