Les vérités de l’Imam Serigne Chouhaïbou Mbacké Rue 10 : « Ce tandem qui joue avec le feu – Diomaye et Sonko: entre responsabilité du présent et calculs pour 2029
Pour l’Imam Serigne Chouhaïbou Mbacké de Rue 10, le silence est désormais coupable pour tout Sénégalais soucieux de l’avenir de ce pays. Clairement préoccupé par les tourments que connaît le Sénégal depuis un bon moment, le chef religieux de Pikine a choisi de dire ses vérités. Voici, in extenso, sa déclaration:
« Dans un paysage politique qui exige maturité et sagesse, le citoyen sénégalais se retrouve face à ce qui ressemble à un dangereux jeu d’enfants — un jeu auquel s’adonnent le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Un jeu qui ne sert ni la nation ni les priorités du moment, et qui menace de détourner les efforts de la mission pour laquelle le peuple les a élus.
Les urnes leur ont accordé une large confiance sur la base de promesses ambitieuses: relancer l’économie nationale, alléger les pressions sociales, créer des emplois, réorienter les ressources de l’État vers un développement réel et perceptible par le citoyen ordinaire, réexaminer les contrats pétroliers et gaziers, et bien d’autres engagements. Mais au lieu de concentrer leurs efforts sur ce vaste programme économique et social, les signes d’une bataille prématurée autour de l’élection de 2029 commencent déjà à poindre — dans les discours, dans certaines décisions, et dans les échanges implicites entre leurs entourages.
Le Sénégal fait aujourd’hui face à de nombreux défis:
• Le coût de la vie écrase des millions de familles;
• L’économie a besoin d’être réorientée et de voir l’investissement redémarrer;
• Les secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures, de l’agriculture et de la lutte contre les inondations attendent des réformes urgentes;
• Les jeunes réclament des opportunités réelles plutôt que des promesses ajournées;
• Les investisseurs étrangers ont besoin d’être rassurés quant à l’avenir de leurs engagements.
Et malgré tout cela, une partie du travail gouvernemental semble capturée par les calculs obsessionnels autour de 2029: Qui sera le candidat? La coalition au pouvoir restera-t-elle unie ou se divisera-t-elle? Qui mérite l’appui de l’appareil?
Des questions dénuées de sens pour le moment, et qui plongent le pays dans une spirale précoce qu’on aurait pu éviter.
Quand les dirigeants se focalisent sur le futur, ils négligent — consciemment ou non — le présent. Et lorsque la préoccupation première devient: « Qui gouvernera dans trois ans? » plutôt que: « Comment sauver un pays qui a besoin d’aide maintenant? », c’est là que commence le jeu dangereux qui ressemble à celui des enfants jouant avec le feu: il peut paraître amusant à certains, mais finit par brûler tout le monde.
Les Sénégalais n’ont pas élu Diomaye et Sonko pour mener une guerre politique anticipée, mais parce qu’ils ont promis un changement économique et social concret, et une nouvelle ère de stabilité et de travail sérieux. Le pays a besoin aujourd’hui de dirigeants d’État qui mesurent l’ampleur des responsabilités qu’ils portent, non d’enfants qui jouent avec le feu pendant que la maison brûle: menace terroriste aux frontières, tensions sociales dans les familles, économie en difficulté sur les marchés, investisseurs étrangers prenant le chemin d’autres horizons face à des discours immatures.
Ils doivent se rappeler qu’aucune campagne pour 2029 ne sera meilleure que la réussite de leur mandat actuel. Car seule la réalisation concrète forge la légitimité, et non les manœuvres politiques. ».