M. Faya Millimono, votre analyse est inexacte
Dans des propos recueillis par mosaiqueguinee (*) vous avez soutenu qu’une « partie de la classe politique qui s’est constituée en forces vives de Guinée. Certains leaders ont été premiers ministres dans ce pays et ils ont naturellement des amis parmi les chef d’Etat de la sous-région. Donc, eux, ils vont leur dire, si vous financez, ces gens-là veulent nous exclure. Nous avons 99% de la population derrière nous. Et ces responsables de la CEDEAO rentrent donc à Abuja là-bas dans ce langage confus ».
Un intellectuel de votre gabarit ne devrait pas se permettre de prononcer de telles contrevérités. La communauté internationale, notamment le G5 Guinée (Cedeao, Nations-Unies, Union européenne, Etats-Unis et France) tout comme l’Allemagne et le Japon, suit de près l’actualité sociopolitique guinéenne. Ils savent que les partis politiques en Guinée c’est d’abord l’UFDG, ensuite le RPG AEC et l’UFR. Les communales de février 2018 ont été les élections les plus transparentes organisées par le régime d’Alpha Condé, et leurs résultats ont démontré la nette domination de ce trio autour duquel s’est formé les forces vives guinéennes.
Mais pas les autres formations politiques, au premier rang desquels votre parti le Bloc Libéral (BL) ou celui du PEDN de Lansana Kouyaté, qui n’ont jamais été réellement existant sur toute l’étendue du territoire. Vous, Bah Oury, Lansana Kouyaté, etc. êtes connus sur le paysage politique guinéen, mais il n’est pas certain que vous puissiez gagner des élections communales à plus forte raison nationales et ce, même si vous formiez une hyper coalition avec les dissidents de l’ANAD qui viennent de former l’APR.
Vous expliquez que : « Yayi Boni est venu à Conakry ici. Chaque coalition l’a rencontré. C’est Yayi Boni lui-même qui a commencé par faire remarquer que c’est eux les forces vives de Guinée qui avaient demandé la médiation internationale. D’autres comme nous, n’avons pas pensé qu’une médiation internationale était nécessaire pour ces genres de choses. Mais, eux qui ont demandé, à chaque fois que le médiateur s’annonçait à Conakry, c’est eux qui projetaient des manifestations de rues. Il (Boni Yayi) a dit dites-nous ce que vous voulez au fond ».
Monsieur Faya Millimono
Vous avez oublié qu’en octobre 2022 le Médiateur Boni Yayi et la Cedeao ont accepté un programme d’une transition d’une durée de 24 mois proposé par le CNRD et son gouvernement, sans associer les forces vives ? Avez-vous oublié que Colonel Mamadi Doumbouya a exigé que le décompte ne partirait que du 1er janvier dernier ? Rappelez-vous que cette transition a débuté le 05 septembre 2021, mais vous et vos amis des autres groupuscules politiques avez toujours œuvré auprès du CNRD pour mettre les bâtons dans les roues des principales formations politiques (UFDG/ANAD (sans les démissionnaires), RPG AEC et alliés et UFR et Fndc-politique.
Aussi, rappelez-vous également des sorties du Premier Ministre Bernard Goumou et des ministres Amara Camara porte-parole de la Présidence et Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du Gouvernement, contre le président Umaro Mokhtar Sissoco Embaló, alors président en exercice la Cedeao. Ce sont les maladresses du gouvernement guinéen qui font que les financements prévus ne tombent pas dans les caisses. Si le CNRD et son gouvernement avaient accepté de dialoguer franchement avec les forces vives, plutôt que de perdre du temps avec ses mouvements de soutien (vos partis et organisations qui participent à leurs différents forums), les choses auraient avancé dans le bon sens.
C’est dire que l’intellectuel que vous êtes devrait convaincre l’homme politique que vous voudriez être que la CEDEAO n’est pas en train de tomber dans un piège. Essayez de comprendre bien cela pour cesser d’affirmer des déclarations du genre : « moi je ne comprends pas les communiqués de la CEDEAO qui disent « on veut le dialogue inclusif ». Est-ce que la CEDEAO peut pointer du doigt une seule communication des acteurs politiques guinéens que nous sommes ou du gouvernement ou bien du CNRD où on a dit excluons tel ? Ça n’a jamais été le cas« .
« Partis poisons de la démocratie »
Plutôt que de dire : « c’est au peuple de Guinée de comprendre ce piège là et de prendre son avenir en main« , ne serait-il pas mieux indiqué de faire tout pour respecter le chronogramme proposé à la Cedeao par le Gouvernement du CNRD avec l’appui de votre groupe de partis politiques que certains qualifient de « partis poisons de la démocratie » ?
Je suis en accord avec vous quand vous affirmez : « Moi je le dis encore et j’insiste, si cette crise s’est créée, c’est avec la contribution de la communauté internationale« . Car si cette communauté internationale, notamment le partenaire français, soutenait correctement le chronogramme de 24 mois, le CNRD et son gouvernement n’auraient pas fait annuler la mission de la Cedeao d’il y a environ 4 semaines.
Cette communauté a les moyens matériels financiers et humains pour que cette transition guinéenne se déroule conformément à l’accord d’octobre 2022. Elle a les moyens de convaincre les autorités du CNRD et de son gouvernement de mettre fin aux harcèlements judiciaires à l’endroit des acteurs sociaux et politiques. Kassory Fofana, Damaro Camara, Oyé Guilavogui et autres Dr. Mohamed Diané devraient, à moins d’être libérés, placés sous contrôle judiciaire.
Dr. Faya Millimono doit cesser de rêver. Le peuple guinéen, dans sa majorité, est en accord avec les forces vives et plus particulièrement avec l’UFDG, le RPG AEC et l’UFR et alliés.
Ibrahima Sory BALDÉ
(*) https://mosaiqueguinee.com/financement-du-chronogramme-de-la-transition-dr-faya-accuse-les-forces-vives-detre-responsables-du-retard/