Mali : le djihad économique, nouvelle arme du JNIM
Bamako est une capitale à bout de souffle. Carburant introuvable, électricité rationnée, écoles fermées, économie à l’arrêt : la capitale du Mali traverse une crise sans précédent.
Le blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), groupe terroriste affilié à Al-Qaïda, cible les convois de ravitaillement en hydrocarbures. Les camions-citernes sont attaqués, incendiés, les conducteurs menacés, ce qui empêche toute livraison vers la capitale.
Une stratégie de guerre économique
Le JNIM ne se contente plus d’attaques armées. Il mène désormais une guerre économique : en asphyxiant les ressources de l’État, en semant la peur chez les investisseurs, il cherche à délégitimer le pouvoir militaire en place. Cette tactique, qualifiée de “djihad économique”, vise à faire tomber le régime de l’intérieur.
Des populations prises au piège
À Bamako, les autorités militaires recommandent aux habitants de limiter les déplacements. Une mesure difficile à appliquer pour les petits commerçants, notamment, qui dépendent de leur mobilité pour survivre.
Dans les zones sous contrôle djihadiste, l’État est absent. Certains Maliens résignés coopèrent avec les groupes armés, parfois perçus comme des “sauveurs”.
Une manne financière pour les djihadistes
Fin octobre, trois otages étrangers ont été libérés contre une rançon estimée entre 50 et 70 millions de dollars. Cette opération a aussi permis un échange de prisonniers. L’argent injecté dans les caisses du JNIM renforce ses capacités et sa présence dans la région.
Le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans multiplie ainsi ces derniers mois les assauts contre des infrastructures industrielles dans le centre et l’ouest du pays. La région de Kayes, à la frontière avec le Sénégal, est particulièrement visée.
Berlin et Bamako : des relations en mutation
L’Allemagne, historiquement proche du Mali depuis son indépendance en 1960, a réduit sa coopération militaire après le retrait de la Minusma. Malgré une aide au développement maintenue, les relations diplomatiques se sont tendues, notamment en raison de la prolongation de la transition militaire et des atteintes aux libertés fondamentales critiquées par l’Allemagne.
L’échec sécuritaire de l’Alliance des États du Sahel
Les régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis au sein de l’AES, avaient promis de vaincre le terrorisme. Pourtant, selon l’organisation Acled (Armed conflict location and event data), les attaques djihadistes ont triplé entre 2019 et 2024. Elles atteignent le nombre de 28 000 attaques recensées en presque six ans, selon l’Acled.
Quant à la force commune de 5 000 hommes annoncée par les Etats de l’AES pour lutter contre le djihadisme dans la région, elle n’a toujours pas vu le jour.

Il y a 21 heures
In. https://www.dw.com/fr/mali-le-djihad-%C3%A9conomique-nouvelle-arme-du-jnim/video-74631339
