Ce sont dix huit (18) mois d’incertitudes et d’obscurités que nous venons de passer en République de Guinée.
Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas ou ne parle plus comme avant, qu’on est aveugle ou complètement déconnecté des réalités de notre pays. Nous sommes là et suivons tous les jours ce qui se passe en Guinée avec désolation le plus souvent.
Ce sont également des millions de guinéens, parfois loin du pays, qui ressentent chaque jour la douleur de ce qui se passe en Guinée car les problèmes semblent perdurer au fil des années.
Je voudrais donc dire ceci au CNRD: nous ne sommes pas des moutons de bétail et nous ne sommes pas prêts à acheter de faux espoirs. En tant que régime putschiste, il est de votre devoir de faire preuve de modestie et de mener cette transition de manière transparente et responsable.
Une transition doit servir à corriger les erreurs constitutionnelles et à installer des représentants légitimes du peuple, issus d’élections libres, transparentes et inclusives. Après dix-huit mois à la tête du pays, il est inadmissible que nous n’ayons toujours pas de plan concret pour la transition car on ne voit aucun acte qui nous laisserait croire que ça y est, c’est le début de la transition !
On vous ment à longueur de journée, on a réussi à faire du FNDC votre ennemi, vous avez jeté en prison ses leaders et interdit les manifestations. Vous avez même dissous le mouvement sans réaliser que le FNDC est l’état d’esprit de millions de Guinéens qui ne peuvent être emprisonnés ni dissous.
Je suis loin d’être le seul à être surpris par la journée du 16 février 2023 suite à l’appel de manifestation du FNDC. La propagande qui affirmait que les jeunes de l’axe avaient tourné le dos aux manifestations a été mise à mal par cette journée. Les jeunes de l’axe, souvent appelés avec mépris par certains « loubards », sont ceux qui essaient en réalité de faire bouger les lignes en Guinée. Ils sont courageux, dignes et ne vendront jamais leur dignité. La démocratie demeurera leur seule et unique alliée.
Malheureusement, ils sont sauvagement assassinés à chaque manifestation parce que notre justice, incapable depuis l’indépendance du pays, ne parvient pas à faire comprendre aux criminels qu’ils doivent répondre de leurs actes. Ceux qui considèrent que ces jeunes sont responsables de leurs propres assassinats sont pires que les militaires qui tirent à bout portant.
La Guinée a trop souffert. Il est temps que les uns et les autres admettent leurs erreurs et travaillent ensemble pour aller de l’avant.
Pour finir, je demande au CNRD, même si j’ai moins de 1% des chances d’être entendu, de faire passer la Guinée avant tout. Cela commence par la libération immédiate des détenus politiques dont le seul crime était d’exprimer leur droit de manifestation. Il faut ensuite créer un cadre de dialogue inclusif notamment les partis politiques représentatifs, la société civile (FNDC à l’occurrence) et se faire accompagner par des partenaires internationaux de confiance car nulle ne peut le nier aujourd’hui, il y a une réelle crise de confiance entre les guinéens. Enfin, faire preuve de bonne foi et de sincérité car personne n’a intérêt à ce que la Guinée aille mal.
Celui qui aime le plus le pays, le plus grand citoyen de la Guinée sera celui qui donnera la priorité à une sortie de crise sans délai pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Falilou DIALLO
Guinéen vivant au Maroc