Mon Colonel, le compte à rebours a déjà commencé !
Hier, à New-York, comme vous le savez très bien, s’est tenu le sommet extraordinaire des chefs d’États et de délégations des pays membres pour analyser la situation de la transition en Guinée et le cas des militaires ivoiriens pris en otage par la junte malienne.
C’est sans surprise que les premières sanctions sont tombées, en attendant d’autres. qui pourraient être appliquées à compter du 22 octobre prochain. Dans son communiqué final, il est dit : « la Conférence a rappelé que lors du 61ème Sommet ordinaire tenu le 3 juillet 2022 à Accra, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont demandé au Médiateur de poursuivre les discussions avec les Autorités de transition en vue de l’établissement d’un chronogramme de transition acceptable au plus tard le 1er août 2022, à défaut de quoi les sanctions économiques et financières prévues seraient mises en application, outre des sanctions plus ciblées, conformément aux délibérations du Sommet extraordinaire tenu le 25 mars 2022 à Accra. La Conférence avait également décidé de maintenir la suspension de la Guinée de tous les organes décisionnels de la CEDEAO et de demeurer saisie de la situation dans cet Etat membre.« .
Si, au lendemain du sommet d’Accra (3 juillet 2022) vous-même aviez décidé d’engager le gouvernement et le CNT à cadrer toutes les 10 étapes dans un chronogramme de 24 mois, qui achèveraient le 30 juin 2024, par la transmission du pouvoir au Président élu, lieu de faire semblant de le faire, la Guinée n’aurait pas été sanctionnée. Et vous-même, plutôt que d’être la cible de graves poursuites judiciaires, notamment en France, votre seconde patrie, vous seriez en position d’être le ATT (feu Amadou Toumani Touré, Colonel de l’Armée malienne qui avait renversé le Général Moussa Traoré le 26 mars 1991) de Guinée.
Les sanctions immédiates, en attendant d’autres
Mais, comme vous et vos collaborateurs et conseillers avez négligé les avertissements de la CEDEAO, certains d’entre eux, notamment le Premier ministre Bernard Gomou, qui a insulté le Président Umaru Sissoko Embalo, le traitant de guignol, de crieur public, ou encore Colonel Amara, qui ne savent probablement pas que « la loi relative à la liberté de la presse punit l’offense envers un Chef d’État et de Gouvernement étranger« , notre pays se retrouve, par votre faute lourde, sur le banc des accusés, des exclus, des punis…
Le communiqué de la CEDEAO informe : « à l’issue des échanges qui ont suivi l’examen du rapport présenté par le Médiateur de la CEDEAO pour la Guinée sur la situation dans cet Etat membre, et notant que des progrès insuffisants ont été réalisés en ce qui concerne l’établissement d’un chronogramme de transition acceptable, la Conférence décide d’imposer à la Guinée des sanctions graduelles au niveau diplomatique, économique et financière comme suit :
a. Le rappel pour consultations par les Etats membres de la CEDEAO de leurs ambassadeurs accrédités auprès de la République de Guinée ;
b. La suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO, notamment la BIDC.
c. Des sanctions ciblées à l’encontre des personnes et groupes de personnes citées sur la liste figurant dans la Décision MSC. A/DEC 4/09/2022, y compris les membres des autres institutions de la transition et toute autre personne cherchant à empêcher le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée dans un délai raisonnable. Ces sanctions comprennent :
i. Le gel des avoirs financiers ;
ii. L’interdiction de voyager.
La Conférence salue les efforts du Médiateur de la CEDEAO
Le sommet extraordinaire précise que : « ces sanctions ont été prises dans le souci de faciliter le processus de retour rapide à l’ordre constitutionnel en Guinée, une condition préalable à la paix, à la stabilité et au développement« , en ajoutant que : « la Conférence engage toutes les institutions de la Communauté à prendre des mesures assurant l’application immédiate de ces sanctions« .
Umaru Sissoko Embalo et ses homologues ont annoncé que : « la Conférence appelle l’Union africaine, les Nations unies et les autres organisations partenaires à soutenir l’application de ces sanctions et à continuer d’apporter leur soutien à la Guinée en vue de la réussite de la transition politique« , et qu’elle « demande aux Autorités de la Guinée d’accepter dans un délai d’un mois, à compter du 22 septembre 2022, une durée de transition raisonnable et acceptable par la CEDEAO, sous peine de sanctions plus sévères (…) salue les efforts déployés par le Médiateur de la CEDEAO pour la Guinée et lui demande de poursuivre ses consultations avec les Autorités de la Transition et toutes les autres parties prenantes en vue de parvenir à un consensus sur la durée de la transition« .
Mon Colonel,
Pour réparer le pont entre la Guinée et la CEDEAO, vous devriez procéder à un vaste changement. D’abord de gouvernement et de Premier ministre. Ensuite, vous devriez accepter d’élargir le CNT et le porter, comme guinafnews.org l’a régulièrement suggéré, à 149 membres (en ajoutant aux 81 actuels, 68 personnalités désignées par le groupe ANAD, Fndc-Politique, RPG AEC et CORED et leurs alliés des forces sociales, dont le FNDC). Vous devriez, avec eux, procéder à la désignation de Conseils régionaux, communaux, de districts et de quartiers. Vous devriez inviter tous les membres des forces militaires et paramilitaires qui veulent faire partie de ces conseils de prendre congés de leur corps d’appartenance.
La meilleure initiative que vous pourriez entreprendre serait de favoriser la libre circulation de vos compatriotes, surtout les leaders politiques. Vous devriez demander à la Justice de faire juger immédiatement les détenus politiques ou les libérer, ne serait-ce que pour les placer sous contrôle judiciaire. Les Kassory, Damaro, Diané, etc. sont détenus accusés sans preuves. Les Foniké Manguè, Ibrahima Diallo du FNDC et Saïkou Yaya Barry seraient abusivement détenus. À la Maison Blanche (Présidence américaine), à l’Élysée (Présidence française), à Abuja (Capitale de la CEDEAO), le FNDC de Guinée est connu et a été identifié comme un acteur sociopolitique.
Le compte à rebours a déjà commencé. Ne l’oubliez pas mon Colonel.
Ibrahima Sory BALDÉ