Contre La sansure

Nouveaux putschistes: Des transitions annoncées à la confiscation avérée du pouvoir

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Hamma Amadou, Mahmane Ousmane, Mahmadou issoufou et consorts, devraient se comporter comme ‘‘ chat échaudé craignant l’eau froide’´, en voyant le triste sort réservé à d’autres politiques qui, comme eux, ont eu le malheur de soutenir les coups d’Etat perpétrés dans leurs pays respectifs. Alors que ces ´ juntesfiles’’ devant l’Eternel étaient en droit d’attendre un retour d’ascenseur dans leur conquête du pouvoir, ils ont souffert dans leur âme et chair des pires humiliations et brimades de leur vie et carrière d’hommes politiques.

Les nouveaux putschistes qui surgissent maintenant n’ont pas d’état d’âme ni de scrupules face à leur appétence du pouvoir. Ils ne viennent pas pour faire des transitions courtes et inclusives et partir. Une fois qu’ils sont parvenus à leurs fins avec le silence et l’indifférence coupables d’élites inconséquentes, la duplicité de forces obscures, surtout grâce à la collusion avec des politiques naïfs, ils montrent leur vrai visage d’ennemis de la démocratie, des libertés, de la République, des droits consacrés. Ils ressemblent alors à des éléphants dans un magasin de porcelaine qui partout où ils passent détruisent tout et tout le monde.

Les auteurs des derniers coups d’Etat n’ont pas l’intention de conduire des transitions pas plus qu’ils n’ont vocation à passer la main à la suite de scrutins réguliers, transparents, équitables et ouverts à tous. Ils ne veulent pas quitter le pouvoir ni le céder à personne. Aussi, prennent-ils les populations et la démocratie en otage, convaincus de n’avoir personne en face, forts aussi de l’impunité qui leur a été garantie jusqu’à maintenant. Peut-être que l’épisode du Niger aidera à inverser cette fâcheuse tendance qui fait de plus en plus d’émules sur le continent.

En attendant, la classe politique nigérienne a de nombreux exemples dans l’histoire et à notre époque pour se ressaisir pendant qu’il est encore temps afin qu’elle ne soit pas emportée par une vague qui a décimé déjà d’autres pays, aujourd’hui, cannibalises: partis politiques en berne, société civile dévastée, leaders d’opinion embastillés où poussés à l’exil…
Le Burkina Faso, voisin, n’est plus que l’ombre de lui-même, désarticulé et liberticide. Le dernier cas d’une radio privée Oméga fermée pour avoir donné la parole à un opposant nigérien illustre les dérives autoritaires et la paranoïa d’un régime qui pour exister a banni les partis politiques, suspendu tous les droits et les libertés acquises de haute lutte par les citoyens.
En Mauritanie, lorsque Mohamed Ould Abdel Aziz a perpétré son coup d’Etat, il a rallié la classe politique à sa cause. Mohamed Ould Dada, l’avait, tout de suite adoubé. Malgré les conseils et les avertissements qui lui avaient été adressés, il était resté droit dans ses bottes. Mal lui en avait pris. Aziz, sans coup férir, avait conservé le pouvoir, dix années durant. Il s’était surtout employé, méthodiquement, à faire disparaître le parti de son allié qui, à son tour, avait été détruit par lui. Si c’était à refaire, Ould Dada, réfléchirait davantage avant de s’engager et ferait sans doute un meilleur choix, différent du premier.
Au Mali, quand Assimi Goita est entré par effraction au palais de Koulouba, le M5, notamment, plate-forme hybride qui était à la pointe du combat contre le régime déchu, des organisations de la société civile, les forces vives, en général, ont applaudi l’imposteur et l’ont célébré, en héros national. Feu Boubèye Maiga , ancien Premier ministre et homme d’Etat avait fait partie des laudateurs et soutiens de la première heure d’une junte animée de bonnes intentions, en apparence. Il a payé de sa vie son manque de clairvoyance politique et son alliance contre-nature. Arrêté et jeté en prison, il y succombera à une maladie insidieuse dans une lente agonie.

Aujourd’hui, au Mali , où Assimi Goïta et son cartel viennent de se doter d’une constitution taillée sur mesure pour se pérenniser au pouvoir, le temps paraît suspendu, une véritable chape de plomb s’abat sur tout le monde dans une succession de drames répétés et de malheurs infinis. Il n’y a plus d’Etat, les maliens sont devenus esclaves dans leur propre pays, pris au piège de leurs ‘ sauveurs’. C’est le sauve qui peut désormais.

Dans la Guinée, à côté, le coup d’Etat du colonel Mamadi Doumbouya contre le professeur Alpha Condé a été accueilli dans la ferveur populaire, salué aussi, unanimement, par les acteurs politiques qui ont crié trop tôt, victoire. Il n’a pas fallu longtemps à Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et à d’autres ténors de la vie politique guinéenne pour se rendre compte qu’en accordant leur blanc-seing au colonel putschiste et à ses acolytes, ils ont creusé leur propre tombe. L’un a été exproprié de sa résidence, par la suite démolie, pour y bâtir une école publique. L’autre, également, sans autre forme de procès, a été vidé de sa propriété qui abrite désormais un service de l’Etat.

Tous les deux, rongent leurs freins, dans un exil forcé, surtout, pourraient être écartés des prochaines élections si c’est la junte qui était appelée à les organiser. A ce propos, personne ne sait quand ces élections auront lieu, deux ans après, d’autres priorités inscrites à l’agenda des putschistes qui, après avoir goûté aux délices du pouvoir, entendent garder la main, quoi qu’il en coûte.

Le même scénario se dessine au Tchad où le fils Deby arrivé au pouvoir en violation de la constitution de son pays après la mort tragique de son père, lui aussi, voudrait se succéder à lui-même. Tant pis, pour la Démocratie.
C’est dans ce contexte de velléités putschistes de confiscation du pouvoir et d’enterrement de la démocratie qu’arrive la junte nigérienne avec ses gros sabots et son cortège de malheurs. D’où la levée de boucliers contre elle qu’on veut prendre en exemple pour envoyer un signal fort à tous ces militaires qui veulent s’accaparer du pouvoir par la force et les armes. Il se trouve des politiques nigériens, à la petite semaine, qui n’en ont cure des menaces qui pèsent sur leur pays et la démocratie qui seule, leur permet d’exister, et d’espérer aussi accéder au pouvoir, un jour.
Ils ne peuvent rien attendre et espérer de juntes qui ne pensent qu’à elles et rêvent de diriger les États sans se soumettre à l’épreuve du suffrage universel. Partout où il y a les armes, il n’y a pas de paix ni de stabilité, encore moins d’avenir et des opportunités pour qui que ce soit. Lorsque des militaires prennent le pouvoir, par la force , ils s’y maintiennent par tous les moyens en foulant aux pieds les principes et règles démocratiques, en écrasant tout le monde sur leur passage. L’histoire l’a montré et démontré assez pour servir de leçons à tous.

Docteur Mohamed CAMARA

 

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