« ON DEMANDE AU CNRD, AU LIEU DE NOUS ARCBOUTER SUR LE TEMPS, DE NOUS DONNER UN PROGRAMME ». (L. KOUYATÉ)
S’il y a une formation politique qui a du chemin à faire pour retrouver le terrain perdu, c’est bien le PEDN de l’ancien premier ministre du gouvernement de consensus de 2007, Lansana Kouyaté, que l’ex président Alpha Condé avait poussé à l’exil. À l’assemblée générale de son parti, hier samedi 12 février, le patron du PEDN a sonné le top départ de la remobilisation de ses troupes.
Arrivé en quatrième position lors de l’élection présidentielle de juin 2010, le PEDN de Lansana Kouyaté s’était, sans hésitation, rangée du côté du candidat du RPG, Alpha Condé, arrivé en deuxième position grâce à des combines orchestrées par Blaise Compaoré, alors Président du Burkina Faso, qui assurait la médiation dans la crise guinéenne, d’Abdou Diouf, ancien président du Sénégal, au moment des faits Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, partenaire technique de la CÉNI, à laquelle elle a également fourni un président. Ces deux personnalités, avec l’aide du Ministre français des Affaires étrangères d’alors, Bernard Kouchner, ont fortement recommandé au général Sékouba Konaté, président de la transition guinéenne en 2010, de favoriser l’élection d’Alpha Condé.
À ses militants, il a indiqué qu’il « y a eu un tournant qui s’est amorcé le 5 septembre 2021. La Guinée a été arrachée d’une situation qui était pesante pour tout le monde. Le pays allait dans une direction qui n’était pas facile à supporter. Le 5 septembre est arrivé et cela a été un soulagement. La tendance par les actes dessinés par CNRD est bonne, mais la question qui se pose, c’est quand ils vont partir (…). On demande au CNRD, au lieu de nous arcbouter sur le temps, de nous donner un programme ».
Pour Lansana Kouyaté, quand les membres du CNRD « donneront leur programme, c’est au peuple de Guinée de leur dire non, vous pouvez commencer ce programme mais vous ne l’achèverez pas ». Il a souligné à cet effet que « même les pays les plus développés du monde sont en refondation. C’est un travail perpétuel« .
Estimant que « le débat sur la durée de la transition a été galvaudé et par la communauté internationale, c’est à dire la CEDEAO, et à l’intérieur« , Lansana Kouyaté dont le parti n’appartient à aucune coalition n’écarte pas la possibilité de contribuer à la mise en place d’une nouvelle plate-forme politique.
Il a informé ses militant qu’il a « reçu un Parti ce matin avec qui les discussions ont commencé. J’ai eu une réunion très utile avec eux. On va continuer le reste parce qu’il y a beaucoup qui attendent. On les verra les uns après les autres et après la direction qui sera donnée quelle que soit la composition, on vous déclinera. Seulement, nous voulons savoir où on pose les pieds. Probablement eux aussi veulent savoir où ils posent les pieds. Je crois que c’est ce qui est noble, c’est ce qui est décent« .
Pour un commentateur, « Lansana Kouyaté fait bien de dire que le débat sur la durée de la transition a été galvaudé et par la communauté internationale, c’est à dire la CEDEAO, et à l’intérieur. En tant qu’ancien dirigeant de la CEDEAO et Haut cadre de l’OIF et Nations-Unies, il aurait dû être plus explicite. Il a le poids qu’il faut pour suggérer à ces différentes organisations une démarche à suivre dans les transitions. Il ne suffit pas de dénoncer, il faut proposer. Et sur le plan interne… Tourner autour du pot n’est pas bon pour lui qui doit reconquérir ses troupes car, contrairement à il y a 12 ans bientôt, en juin 2010, il faut que l’on se dise la vérité, il repart à zéro, face à un Cellou Dalein Diallo, première force politique du pays et Sidya Touré qui est certain qu’avec le départ d’Alpha Condé, il va retrouver toutes ses forces« .
Brehim Ould MAHMOUD