Ousmane Gaoual se trompe, les absents au Cadre de dialogue ne sont pas des observateurs.
Dans un entretien qu’il a accordé à mosaiqueguinee.com (1), Pépé Francis Haba, président de l’UGDD, formation membre de l’ANAD, la plus importante coalition politique en Guinée partage la vision du Forum des forces sociales de Guinée sur la nécessité d’organisation d’un nouveau cadre de dialogue. Ne vaudrait-t-il pas mieux prendre le train en marche au lieu de recommencer un autre dialogue qui va faire durer la transition ?
Pour le président de l’UGDD, « le Forum des Forces Sociales a vu juste. Pour un dénouement heureux de la crise sociopolitique qui secoue notre pays, il faut un véritable dialogue national réunissant tous les acteurs et protagonistes majeurs du pays. Le dernier qui s’est organisé n’en était pas un. C’était un monologue, puisque regroupant que des acteurs ayant les mêmes points de vue. Une sorte de grand séminaire à la guinéenne dont l’objectif était de légitimer le calendrier de la junte au pouvoir et recevoir de grosses primes au retour. Un nouveau dialogue organisé à Conakry ou dans un autre pays de la sous-région est donc nécessaire pour un retour paisible à l’ordre constitutionnel« .
De passage à l’émission Mirador de FIM FM, Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement de transition, parlant des forces vives qui n’ont pas prit part au cadre de dialogue, a estimé dans des propos rapportés par siam-magazine (2) que «ce qui leur reste désormais, c’est de tourner cette page là et observer. S’il y a d’autres sujets sur lesquels ils peuvent critiquer la gouvernance, les critiques là sont les bienvenues. Ça permettra d’améliorer systématiquement ce qui est en train d’être déroulé. Ils sont aussi des observateurs avisés de ce qui va être mis en place pour permettre au pays d’aller de l’avant».
Plan d’exclusion
Poursuivant, cet ancien cadre de l’UFDG soutient qu' »il n’y a pas d’autres alternatives. Ce qui reste à faire, c’est premièrement regarder les thématiques de la transition qui sont en train d’être mises en place. Et lorsque le recensement va commencer, c’est de mobiliser leurs partisans pour que ceux-ci se recensent. Lorsqu’on va commencer à faire telle ou telle activité qui nécessite leur implication, qu’ils s’impliquent. Lorsqu’il y aura question de parler de la constitution et de son contenu, qu’ils mobilisent les intellectuels qu’ils ont pour qu’ils participent. C’est ce qui reste à faire« . Ces propos d’Ousmane Gaoual Diallo invitent à noter qu’il y a un plan d’exclusion des forces politiques et sociales réelles du pays de toutes les opérations pour un retour à l’ordre constitutionnel, car il affirme que celles-ci ne seront conviées que « lorsqu’on va commencer à faire telle ou telle activité qui nécessite leur implication, qu’ils s’impliquent. Lorsqu’il y aura question de parler de la constitution et de son contenu, qu’ils mobilisent les intellectuels qu’ils ont pour qu’ils participent« .
Cellou Dalein Diallo et ses conseillers aussi bien à l’UFDG qu’à l’ANAD, devraient inviter les autres forces vives à prendre part aux rencontres prévues pour la mise en place des recommandations du cadre de dialogue dit inclusif qui s’est tenu du 24 novembre au 20 décembre 2022. En le faisant, ils auront l’occasion de défendre leurs positions et de faire des suggestions qui pourraient contribuer au succès de la transition, par des élections libres, inclusives et pacifiques. Cela devrait commencer par la mise en place des conseils communaux, de quartiers, de districts et de région de manière consensuelle. Que les forces vives qui n’ont pas participé au Cadre de dialogue, en lesquelles se reconnaissent plus des deux tiers (2/3) des guinéens, aient au minimum 49 pour cent, le CNRD 26 et les forces vives qui ont participé au Cadre les 25 restants, qui dépassent de très loin leur petit poids sur l’échiquier politique.
Ousmane Gaoual se trompe, les absents au Cadre de dialogue ne sont pas des observateurs. Ils sont des acteurs de premier plan, mais qui ne réalisent pas qu’ils ont tout à gagner en participant aux travaux de mise en œuvre des recommandations du Cadre de dialogue, seul moyen, comme le leur ont démontré des diplomates du G-5, de faire respecter l’accord signé par la Cedeao et la Guinée pour un chronogramme de 24 mois.
Ibrahima Sory BALDÉ
(1) https://mosaiqueguinee.com/francis-haba-la-tenue-dun-nouveau-dialogue-est-necessaire-pour-le-retour-a-lordre-constitutionnel/
(2) https://siam-magazine.com/645