Contre La sansure

Paul Biya et Alassane Ouattara, écoutez le peuple!

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Alors qu’au Cameroun, Paul Biya, 92 ans dont 43 passés à la tête du pays, vient d’être déclaré, avec 53,66%, vainqueur de la présidentielle du 12 octobre dernier, en Côte d’Ivoire, les résultats provisoires du même scrutin au sommet, donnent Alassane Ouattara, 83 ans, gagnant dès le premier tour, avec un score sans appel de 89,77%.

Si le Camerounais s’offre son 8e mandat consécutif, l’Ivoirien, lui se succède à lui-même, pour la 4e fois. Si le Camerounais, qui a écarté de la compétition, son concurrent le plus sérieux, l’opposant Maurice Kamto, fait face à une contestation bruyante de sa énième réélection par son suivant direct, Issa Tchiroma Bakary classé 2e par le Conseil constitutionnel qui le crédite de 35,19%, l’Ivoirien qui a également, par justice interposée, mis hors-jeu ses deux adversaires les plus craints, en l’occurrence Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, quant à lui, en attendant l’approbation ou les corrections des chiffres par la Cour constitutionnelle, a déjà reçu les félicitations d’un des quatre malheureux candidats. Si, le Camerounais, en dehors de son challenger direct, tient le haut du pavé face à des concurrents aux scores anecdotiques, l’Ivoirien, lui a tout écrasé sur son passage vers un nouveau quinquennat, ne laissant que des miettes à l’opposition.

Pour caricaturer la bérézina des opposants ivoiriens qui ont pris part à la présidentielle, un internaute doté d’un sens de l’humour prononcé, assimile leurs résultats à des «taux de glycémie». 3,9% pour Jean-Louis Billon, 2,42% pour Simone Ehivet, 1,97% pour Ahoua Don Mello et 1,15% pour Henriette Adjoua Lago! Certes, sans sous-estimer la valeur intrinsèque de ses politiciens aguerris, il faut reconnaître qu’ils pouvaient peu devant la machine électorale gigantesque et bien huilée du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le RHDP d’Alassane Ouattara. De toute façon, l’autre partie de l’opposition ivoirienne qui s’est abstenue de prendre part à l’élection, ne peut s’en prendre qu’à elle-même, plus qu’à Alassane Ouattara, à qui elle a ouvert une autoroute par son boycott total, sans même une consigne de vote.

En dehors de ses leaders, Tidjane Thiam pour le  Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et Laurent Gbagbo pour le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), l’opposition ivoirienne, s’est interdite tout plan B, alors que cette option a été gagnante pour l’opposition sénégalaise, ayant permis la victoire de Bassirou Diomaye Faye alors que son mentor, Ousmane Sonko, qui, sous le coup d’une condamnation judiciaire, était empêché de prendre part à la présidentielle. En tout cas, les opposants ivoiriens qui ont été écartés du jeu électoral par la justice de leur pays, ont dénoncé un «coup d’Etat civil» et «une mascarade électorale», tout en réclamant de «nouvelles élections crédibles, transparentes, inclusives et strictement conformes à la Constitution». Seront-ils entendus? Rien n’est moins sûr!

Que va-t-il se passer au Cameroun où, avant le verdict final et sans appel du Conseil constitutionnel, la rue a grondé à Douala, Yaoundé, Ngaoundéré, soit un peu partout sur le territoire national? Issa Tchiroma Bakary, sera-t-il contraint au silence, par la loi ou une proposition alléchante du pouvoir? Ou alors, opposera-t-il à la légalité, la légitimité sous laquelle il place sa «victoire» qu’il n’est pas prêt de se laisser voler? Quelle sera l’attitude de la communauté internationale qui, visiblement, a annoncé les couleurs, les chancelleries européennes et américaine ayant brillé par leur absence à la cérémonie de la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel, ce lundi 27 octobre? Autant de questions qui peuvent ouvriront, certainement, des prolongations à cette présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025.

Que feront Alassane Ouattara et Paul Biya de leurs victoires, alors que les attentes de justice sociale ne font qu’enfler, tant en Côte d’Ivoire et au Cameroun? Il n’y a visiblement qu’un seul choix pour les deux: écouter leurs peuples respectifs.

Par Wakat Séra

In. https://www.wakatsera.com/paul-biya-et-alassane-ouattara-ecoutez-le-peuple/

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