Contre La sansure

POUR BAADIKO, « LE COUP D’ÉTAT NE PEUT PAS ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME UNE SITUATION RÉGULIÈRE, NORMALE ET ACCEPTABLE POUR SE PROLONGER INDÉFINIMENT ».

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Dans cette seconde partie de l’interview qu’il a accordée à Aboul Malick Diallo d’africaguinee.com (*), Mamadou Baaadiko Bah aborde les sujets portant sur la durée de la transition, la limitation de l’âge des candidats et le refus du CNRD de dialoguer avec la classe.

 

 

D’après vos explications, on comprend que vous n’avez pas confiance au CNT. Etant donné qu’il lui revient de déterminer la durée de la transition est-ce que cela vous inquiète ?

 

 

 

Nous avons assez dénoncé le fait que c’est quelqu’un qui a un contrat de travail à durée déterminée qui va fixer la durée de son contrat. On a estimé qu’il y a un conflit d’intérêts et ensuite, ils ne feront que ce que leur ordonnera le Cnrd. C’est tout à fait clair qu’ils n’ont aucune latitude sérieuse pour faire objectivement une décision conforme à ce qu’il faut. Le coup d’État ne peut pas être considéré comme une situation régulière, normale et acceptable pour se prolonger indéfiniment.

 

Que pensez de la limitation d’âge pour être candidat à la présidentielle ?

On ne sait pas si cette histoire de limitation d’âge n’est qu’un ballon d’essai pour voir qu’est-ce que ça donne avant d’aller plus loin ou rectifier le tir, comme on dit en langage militaire. Nous avons dit et redit qu’il faut faire les textes dans l’intérêt du pays en tenant compte de toutes les expériences malheureuses que nous connaissons, mais pas faire de textes pour des individus. Cela ne paie pas et n’apporte que la catastrophe. Les premiers qui ont fait ça en Afrique ce sont les Ivoiriens. Ils ont fabriqué un texte pour empêcher Alassane Ouattara de se présenter. Vous avez vu cela s’est soldée par une guerre civile meurtrière et ils n’en sont toujours pas sortis malgré ce qu’ils racontent aujourd’hui.

En 2010, l’ancien président Alpha Condé qui avait dépassé 70 ans s’était battu à mort pour empêcher la limitation d’âge à 70 ans qui existait dans la Loi fondamentale et qui avait été cassée par Lansana Conté avec sa Constitution bidon de Troisième mandat. Si on pointe du doigt quelqu’un en disant l’ancien chef de file de l’opposition aura 70 ans dans quelques jours, on va le disqualifier, cela veut dire qu’on a fabriqué un texte pour un individu, non un texte adapté à des besoins spécifiques et objectifs du pays.

 

Encore une fois, en Guinée, les textes ne sont jamais respectés. Dans la Constitution de 2010, il y avait des dispositions qui prévoyaient la vérification de l’état mental et physique de chaque candidat. Nous avons passé ces examens à Donka, les résultats ne sont jamais sortis. Tout le monde s’est présenté comme absolument sain et sauf, capable de gouverner 1000 ans même s’il le faut alors qu’il y avait 6 qui devaient être éliminés d’office puisqu’ils traînaient des maladies chroniques les rendant inaptes à diriger un Etat parce qu’ils n’ont ni la force intellectuelle, ni la force physique, ni les facultés pour diriger correctement un État. Ici, les textes sont faits pour être violés.

Le Cnrd semble sourd aux demandes de dialogue formulées par la classe politique. Est-ce qu’il n’y a pas de risque de choc entre vous et cette junte ?

On ne le souhaite pas. Mais nous autres, nous n’avons pas des armes, ce sont eux qui en ont. Pour la petite histoire, on l’a répétée au président Alpha Condé que la Russie tsariste avait la police la plus barbare, la police secrète la plus redoutable de la terre, mais le Tsar a été jeté à terre par la révolution d’octobre. Donc aucune force physique armée quelconque ne peut empêcher un peuple décidé à recouvrer sa souveraineté de se révolter et de gagner. La corruption à outrance, la manipulation de l’ethnicisme comme on l’a vu sous l’ancien régime ici tout ça n’a pas empêché qu’il soit jeté à terre et que tout le monde a chanté et dansé. Si les militaires veulent s’amuser à ça, ils prennent leurs risques. Mais seulement, il faut savoir de quoi est fait la classe politique.

Nous l’avons toujours dit, avoir un parti politique ici c’est comme si vous achetez un billet de loterie nationale ou que vous allez acheter une société dont les actions vont s’envoler pour être rétribué, c’est un investissement comme quelqu’un qui ouvre sa boutique. Ce n’est pas pour se battre pour un idéal pour qu’on puisse construire le pays. Il y a d’intérêts divergents. Le président Alpha Condé était spécialiste de ça, il a fabriqué de politiciens qu’il nourrissait et on a vu ce que ça donne.

Par Abdoul Malick DIALLO

in africaguineee.com

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