Pourquoi et comment deux élections ?
Notre analyse/opinion d’hier (*) a suscité beaucoup de réactions. Un acteur majeur de la classe politique guinéenne a demandé la faisabilité de deux élections. Les locales, qui concerneront les régionales et les communales d’une part et les nationales pour élire le président de la République et les députés de la liste nationale. Du long entretien que nous avons eu avec cet acteur, nous avons été convaincus d’ajouter l’élection des Conseils de quartier et de districts aux scrutins locaux et d’envoyer l’élection des députés uninominaux au scrutin national.
Pourquoi seulement deux élections plutôt que trois, comme le voudrait le CNRD ? C’est parce que la première élection, qui consistera à élire les Gouverneurs et Conseils régionaux, les Maires et Conseils municipaux, les Présidents de Districts et quartiers et leurs conseils, permettra à chaque formation politique d’aller chercher sa légitimité populaire. Elle permettra donc de faire une première sélection démocratique pour nettoyer le paysage politique, afin de mettre fin aux partis politiques fictifs.
Ainsi, tout parti politique qui n’aura pas d’élu n’obtiendra pas de reconnaissance officielle. Et pour les autres, cette reconnaissance sera soit au niveau des districts (Sous/préfecture), de la Commune pour les formations qui ont des élus au Conseil communal, de la Région pour les formations qui auront des élus au Conseil régional. Et pour participer à ces élections, chaque formation politique devra présenter une liste pour chaque niveau d’élection (Quartier, district, Commune et Région). Toute formation qui ne sera pas en mesure de le faire, ne devrait pas avoir le droit de participation sauf si, avec d’autres, elles formait un nouveau groupe politique et renoncer à son existence personnelle.
Réformes constitutionnelles et redécoupage territorial
À la deuxième élection, il s’agira de choisir le Président et le vice-président de la République d’une part, et les députés sur la liste nationale de l’autre. Et seules les formations politiques ou coalitions qui auront obtenu des élus dans chacune des régions administratives pourront présenter des candidats à l’élection présidentielle. Les autres pourront présenter leurs listes pour l’élection à la proportionnelle des députés. A ce niveau aussi, seules les formations politiques ayant au moins un député pourront obtenir leur récépissé.
Pour ces deux élections, il sera nécessaire d’appliquer des réformes constitutionnelles et un redécoupage territorial. Dans le premier cas, il faudrait que dans la future constitution il soit prévu le poste de Vice-président, qui sera élu (comme au Nigeria, aux Etats-Unis, etc.) en même temps temps que le Président. Il faudra définir son rôle, en soulignant que lui et le Président ne devront pas être de la même région ni avoir la même appartenance ethnique. Et que les deux ne seront pas non plus de la même région et ethnie que le Président de l’Assemblée nationale.
En procédant ainsi, il sera plus aisé d’arriver à mettre de l’ordre dans le paysage politique guinéen en réduisant démocratiquement le nombre de partis, parvenir au renforcement de l’unité nationale par l’élection de femmes et d’hommes réellement représentatifs et en dimunuant le nombre des élections.