Contre La sansure

Pouvoirs de transition: Démocratie en danger, la dictature militaire de retour !

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Ceux qui se sont empressés de saluer le retour en force des coups d’Etat, se sont précipités à célébrer leurs auteurs en les affublant de l’étiquette de libérateurs, étaient loin de se douter qu’ils faisaient le lit de nouvelles dictatures, qu’ils participaient à la remise en cause d’acquis démocratiques , forgés au fil des années, au prix d’innombrables sacrifices.

Le Mali, qui a inauguré la série noire, est le pays qui fait aussi des émules dans les louvoiements politiques et inspire d’autres dans la confiscation du pouvoir. Un coup d’Etat a suivi un autre. Chaque fois, il a été promis de rétablir l’ordre constitutionnel, de céder le pouvoir à l’issue d’élections libres, transparentes et inclusives. Cependant, il n’y a aucun signe , à ce jour, qui encourage à croire à la volonté de respecter les engagements pris. Au contraire, tout concourt à la confiscation du pouvoir avec un calendrier extensible et des velléités à peine voilées d’être juge et partie dans les élections attendues, en violation de la charte de la transition qui n’autorise aucun acteur impliqué dans le processus électoral de prendre part aux différents scrutins.

A ce propos, l’on traîne, volontairement, les pieds en jouant la montre. La junte qui est au pouvoir depuis un moment déjà vient d’annoncer le report, sine die, des élections prévues qui, maintenant, ne se feront pas selon le chronogramme initial. Seule l’élection présidentielle se tiendra pendant la transition à une date indéterminée. Il reviendra au futur Président qui pourrait être issu de la junte de continuer et parachever le travail. Ce revirement de la junte malienne qui décide, toute seule , de la marche à suivre et des délais montre clairement qu’elle cherche à gagner du temps et à user de tous les moyens dilatoires pour se maintenir, ad vitam aeternam, au pouvoir avec ou sans élections.

Dans la foulée, c’est le colonel Mamadi Doumbouya, à New-York, à la faveur de la 78e assemblée ordinaire des Nations-Unies qui annonce, à son tour, qu’il est tourné vers des objectifs de développement économique et social , plutôt qu’il n’est préoccupé par la politique, il faut entendre, qu’il n’en a cure des élections qui devraient mettre fin à son règne impérial. La Démocratie qu’il a invoquée pour expliquer son coup de force ne trouve plus de grâce, à ses yeux, parce qu’elle exige d’accéder au pouvoir par les urnes, elle ne s’accommode pas de pouvoirs kaki, ni ne tolère qu’un homme prenne et garde le pouvoir par la force. Or, c’est la posture comme c’est la visée du putschiste guinéen.

Le capitaine Ibrahim Traoré, lui, a trouvé comme prétexte l’occupation de son pays et l’insécurité qui y sévit pour ne pas rendre le pouvoir. Il déclare qu’il ne fera pas d’élections aussi longtemps que le Burkina n’aura pas recouvré son intégrité et qu’il n’aura pas de contrôle total sur son territoire. Autant dire jamais, quand on sait que la situation se détériore chaque jour davantage. Le capitaine Ibrahim Traoré a trouvé donc la parade pour continuer à diriger le Burkina sans aucune limitation de temps, ni intention de passer la main. Il s’est intronisé, roi inamovible et éternel d’un Burkina ‘ outragé et martyrisé ‘´.

Le général Aboudrahmane Tchiani, la quatrième roue de la carrosse, a fait fort dès le départ, en décidant d’une transition d’une durée maximale de 3 ans, probablement, renouvelable plus d’une fois. Il s’est inscrit, à l’image de ses co-putschistes dans la durée et dans une logique de se maintenir contre vents et marées à la tête d’un État qu’il s’emploie à liquider au grand dam de tous.
Hama Amadou et Mahamadou Issoufou et d’autres qui se livrent à une guerre de positionnement et de succession autour du général Aboudrahmane Tchiani, ont chacun, tout à perdre à croire qu’il est possible d’obtenir de la junte nigérienne qu’elle dégage le plancher. Ils s’engagent dans un marché de dupes à l’issue fatale.

Chacune des juntes ne roule que pour elle-même et a un poignard dissimulé contre les politiques tentés de se mettre au travers de leur chemin. C’est qui dégainera le premier.
La nouvelle génération de putschistes a le mérite de ne pas faire mystère de son agenda , de ne pas faire l’impasse sur ses véritables intentions. Assumer et s’assumer est l’option de tous. Ça passe ou ça casse est la philosophie du pouvoir partagée. Les politiques dans les pays concernés qui espèrent que le rôle des officiers pouvoiristes se limitera dans le temps à conduire des transitions dans un exercice provisoire du pouvoir, savent tous maintenant qu’il n’y aura pas d’élections encore moins une passation de charges, à court, moyen ou long terme. Les militaires qui ont pris goût au pouvoir et au prix de leur vie, au détriment de leur pays, n’entendent pas le lâcher après qu’ils s’en soient saisis.

Au Mali, en Guinée, au Burkina, au Niger, s’il n’y a pas un sursaut démocratique salvateur, une union sacrée de tous les acteurs pour obtenir le départ forcé des militaires qui ont l’arme pointée sur tous, ont entrepris de saper la démocratie, l’Etat et ses institutions, la République, on pourra dire adieu à la Démocratie. Personne n’imagine vivre dans une jungle où ce sera la Loi des armes, le règne de la force et de la tyrannie.

Libérons-nous !

SOS, démocratie, en danger, peuples, pris en otage.

Docteur Mohamed CAMARA

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