Procès des événements du 28 septembre : Toumba Diakité, de bourreau à héros…
Le 28 septembre 2022, le procès des événements douloureux commis le 28 septembre 2009 au stade du même nom, a démarré. Depuis 13 ans, les victimes attendent que les responsables de ces événements commis ce jour-là soient traduits en justice. Aboubacar Diakité dit Toumba, aide de camp du capitaine Dadis Camara, au moment des faits, est considéré comme le cerveau de ce massacre. C’était l’avis de la plupart des Guinéens, avant la déclaration préliminaire de Toumba à la barre. Aux yeux de l’opinion publique, Toumba c’était un homme craint, c’était lui le meurtrier, le violeur au stade du 28 septembre. Certains le qualifiaient de féticheur, capable d’être invisible.
Mais à la barre, Toumba, le tombeur de Dadis le 3 décembre 2009, a réussi à conquérir le cœur des citoyens. En expliquant avec cohérence la manière dont le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) est arrivé au pouvoir, comment le pouvoir était structuré, quel rôle il a joué dans la prise de ce pouvoir là, jusqu’à comment il a été écarté, Toumba a donné le goût aux citoyens de regarder ce procès. Il a ensuite réussi à démonter ce qu’il a qualifié de « caricature » contre sa personne.
Considéré comme un féticheur par certains, il est venu à la barre comme un imam en interprétant le saint coran. Une situation qui a marqué les esprits au-delà même des frontières guinéennes.
« Toumba a été caricaturé. Lui-même il l’a dit à la barre. Je pense que c’est un homme de bonne foi », affirme Abdoulaye Soumah, qui dit croire à l’innocence de l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara.
Thierno Madiou Diallo, rencontré en haute banlieue de Conakry, dit croire à la sincérité d’Aboubacar Diakité : « Toumba n’est pas un bandit. J’ai vu un homme serein, qui cherchait à laver son honneur de toutes ces accusations qu’il a portées durant toutes ces années. Nous avons aussi découvert son parcours professionnel et les études qu’il a eues à faire ».
Comme les autres, Fatoumata Binta Diallo dit que le passage de Toumba à la barre lui a permis de connaître qui est l’homme : « Quand il est passé à la barre, j’ai eu confiance à sa version des faits. Grâce à lui on a compris beaucoup de choses ».
Ces Guinéens n’étaient pas les seuls à être persuadés que Toumba dit la vérité. L’artiste nigérienne connue sous le nom de Tichou, a même fait un single à en son honneur. Elle est allée jusqu’à dire qu’elle veut un mari, un père et un fils comme Toumba.
Comment Toumba, que tout le monde qualifiait hier de bourreau, est-il devenu héros aux yeux de l’opinion publique ?
Comme les autres, Fatoumata Binta Diallo dit que le passage de Toumba à la barre lui a permis de connaître qui est l’homme : « Quand il est passé à la barre, j’ai eu confiance à sa version des faits. Grâce à lui on a compris beaucoup de choses ».
Ces Guinéens n’étaient pas les seuls à être persuadés que Toumba dit la vérité. L’artiste nigérienne connue sous le nom de Tichou, a même fait un single à en son honneur. Elle est allée jusqu’à dire qu’elle veut un mari, un père et un fils comme Toumba.
Comment Toumba, que tout le monde qualifiait hier de bourreau, est-il devenu héros aux yeux de l’opinion publique ?
Me Paul Yomba Kourouma, est l’un des conseils de Toumba Diakité. C’est depuis Dubreka que Sydy Souleymane N’diaye, procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn à l’époque, qui l’a appelé pour qu’il défende ce médecin cardiologue. C’était la première fois qu’il le rencontre. C’est dans la cellule de son client qu’il a mis en place l’ossature de sa défense, une défense qui a permis de changer la perception de l’opinion sur Aboubacar Diakité.
» […] Il fallait d’abord détruire cette force là en lui, il fallait l’humaniser, il fallait qu’il sache que désormais il est simplifié, réduit à sa plus petite expression, que la société l’avait déjà éjecté et qu’il avait besoin de réinsertion, de resocialisation, d’acceptation. Il faut qu’il parle et que ses compatriotes comprennent. Et nous l’avons fait dans le plus grand isolement, dans sa cellule. Donc c’est là que le squelette, la maquette, l’ossature de la défense de Toumba a commencé à être inculqué, puisqu’il avait plusieurs verrous à transcender », a confié Me Paul Yomba, avant d’ajouter que le premier verrou que Toumba devrait transcender c’est celui de se faire accepter par la société.
Pour ce faire, « il devait donc se présenter comme un médecin, un humaniste, un sauveur qui passe des nuits dans les hôpitaux et le lendemain il devait déposer au niveau du staff un rapport à discuter devant les professeurs et les étudiants. Et que pour ce motif, l’emploi de la force était exclu. Je lui ai dit de se présenter comme un homme de Dieu, de se présenter comme un grand militaire, qui arborait l’uniforme de l’État pour dire que celle-ci est le fruit du contribuable guinéen qui lui a doté d’armes et de munitions qu’il ne pouvait retourner contre la population. Il fallait que Toumba pense à sa défense ».
L’avocat fait savoir qu’il a reçu des appels de radios qui ont présenté des excuses à Toumba et qu’il a même parlé avec des imams de l’Arabie saoudite : « Il y a même des stations de radio qui sont en train de présenter des excuses, parce que l’homme avait été très mal compris. Nous avons des imams, pas seulement d’ici, mais de l’Arabie saoudite, qui nous appellent. »
Me Lanciné Sylla, est le 2e avocat de Toumba Diakité. Il a été approché par Me Paul Yomba. Il dit avoir accepté de défendre cet accusé parce qu’il savait que le dossier était bien défendable : « J’ai accepté de le défendre parce qu’à la lecture des éléments du dossier, je n’avais aucune perception qu’il serait indéfendable. J’ai trouvé qu’on lui avait collé une fausse étiquette et que cela dépendait de la façon dont les enquêtes ont été menées, dont lui-même a été victime d’une véritable chasse à l’homme. »
Quelle que soit la décision du tribunal à la fin de ce procès, Toumba a, lui, réussi son acceptation par la société qui l’avait déjà éjecté, comme l’a dit Me Paul Yomba.
Le 28 septembre 2009, 157 citoyens ont été tués lors d’une manifestation organisée par l’opposition pour empêcher des velléités du capitaine Dadis Camara à se présenter à l’élection présidentielle. Une centaine de femmes ont été violées lors des ces événements, selon les Nations unies.
Djenabou DIALLO pour Afriquotidien.com
Tél.: 624 40 10 94
In. https://afriquotidien.com/proces-des-evenements-du-28-septembre-toumba-diakite-de-bourreau-a-heros/