Professeur Bano, Cellou Dalein est soutenu par une majorité des peuls, mais également par des centaines de milliers d’autres guinéens de toutes les régions et communautés…
Comme nombre d’intellectuels de Guinée et d’ailleurs, dont au Québec et au Canada, où vous avez obtenu votre Ph.D., vous avez été appelé à exercer des fonctions gouvernementales sous le régime du professeur Alpha Condé (décembre 2010 – 05 septembre 2021).
Vous n’y avez pas été associé par conviction politique, mais pour vos connaissances. Vous n’étiez pas non plus, à ce que je sache, militant d’un parti politique quelconque. Vous étiez fonctionnaire avant d’entrer dans le cabinet du président Alpha Condé, à titre de ministre-Conseiller. Et vous avez fini par embarquer dans le bateau du RPG AEC. Combien sont les cadres du RPG AEC, de l’UFDG, de l’UFR sont aujourd’hui proches du CNRD et de son gouvernement et de CNT ?
Aviez-vous été, comme nombre de cadres peuls, proche de l’UFDG ? Si cela était le cas, pourquoi cette appartenance devrait-elle constituer un problème ? Les peuls n’ont pas un parti politique et, d’ailleurs, beaucoup de peuls sont dirigeants de formation politiques. Lors de la présidentielle de 2010, il y avait combien de candidats peuls sur les 24 postulants ?
Professeur Bano,
Au début de ce siècle, comme Cellou Dalein Diallo, leader incontesté de l’UFDG et de l’ANAD, formation et coalition dominants du paysage sociopolitique guinéen, qui avait participé à la campagne de modification de la constitution pour favoriser une nouvelle candidature du général Lansana Conté, vous avez pris une part active au coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020 et du hold-up de la présidentielle du 18 octobre 2020.
Ce matin, un acteur politique m’a offert un extrait de votre passage à l’Émission Mirador de FIM FM. Je suis peul et concerné par ces propos. J’ai été du RPG AEC pour ma relation avec Alpha Condé, qui date de mai 1986, avant la création de ce parti. Je ne me le reproche pas. J’aurais pu faire comme d’autres : fermer mes yeux, boucher les oreilles et couper ma langue et, ainsi, être dans un paradis terrestre. Mais j’ai préféré m’éloigner de ce système de népotisme et de mal gouvernance.
À votre place, aujourd’hui, je n’aurais pas évoqué le nom de Cellou Dalein Diallo ou de son parti. J’aurais mis à profit l’occasion offerte par FIM FM pour faire mon bilan auprès d’Alpha Condé pour le pays. À votre compte, il y a eu ce combat contre les magouilles au niveau des Universités qui, chaque année, aidaient des fonctionnaires et des propriétaires d’Universités à détourner des centaines de milliards de francs. J’aurais demandé aux gens de notre communauté peule si certains d’entre eux ne militaient pas dans des formations politiques dirigées par des peuls et qui étaient membres de la mouvance présidentielle, comme Bah Ousmane ou Boubacar Barry Big UP.
Et plutôt que de parler de Cellou Dalein Diallo, au lieu de parler de la communauté peule, je n’aurais parlé que des militants de l’UFDG, car cette formation politique est la plus horizontale et verticale de Guinée. Son chef est le seul à avoir sillonné tous les coins et recoins du pays. La majorité des peuls sont militants ou sympathisants de cette formation politique. Comme certains ethnocentristes disent, sans pouvoir le démontrer, que l’UFDG est un parti communautaire, pourquoi la formation est-elle dominante en Basse-Guinée, qui est son fief par excellence ? Pourquoi dans les différentes autres régions administratives du pays elle arrive toujours parmi les partis politiques les mieux enracinés ? C’est que, Professeur Bano, Cellou Dalein est soutenu par une majorité des peuls, mais également par des centaines de milliers d’autres guinéens de toutes les régions et communautés…
Professeur Bano,
Selon des artisans de la victoire d’Alpha Condé en 2010, Cellou Dalein Diallo était le gagnant de cette joute. Et ce n’étaient pas que des peuls qui ont voté pour lui. En octobre 2020, des résultats incontestables l’ont donné gagnant de l’élection présidentielle. Je me demande pourquoi l’intellectuel que vous êtes n’a pas expliqué ce fait aux gens de sa communauté qui le critiquent. Avez-vous oublié le pacte UFR – UFDG lors des législatives de 2013, qui a favorisé la victoire à l’uninominal des candidats de Sidya Touré à Boffa, Boké, Kaloum, Matam et Matoto ?
La force de l’UFDG, c’est que Cellou Dalein Diallo a su faire de cette formation une force politique dominante que, seuls des apatrides de la Ceni et des magistrats ont empêché, avec le concours des forces militaires et paramilitaires, avec au premier plan le BATA et les forces spéciales, de diriger la Guinée.
Si Cellou Dalein Diallo avait géré ce pays, de décembre 2010 à décembre 2020, on aurait pas connu ces crises sociopolitiques créées par mon ex ami Alpha Condé, grand stratège en ethnostratégie. Et notre Guinée aurait été un pays émergent, démocratique et moteur du développement en Afrique. De nombreux guinéens, comme en 1984, auraient repris les chemins du retour. Le CNRD du Colonel Mamadi Doumbouya va-t-il respecter l’accord que son gouvernement a signé la Cedeao pour un retour à l’ordre constitutionnel, suivant des élections inclusives, transparentes et pacifiques ? Il faut l’espérer.
Ibrahima Sory BALDÉ