Quand la Constitution a besoin d’un tam-tam, c’est qu’elle ne bat pas au bon rythme
“Une Constitution qui nous ressemble”… vraiment ?
Alors pourquoi faut-il payer des griots politiques pour nous la chanter dans les oreilles comme une publicité pour lessive magique ?
Pourquoi faut-il envoyer des délégations, organiser des mobilisations “à 98%”, faire la tournée des vendeurs de certitudes, et convoquer les anciens experts du folklore institutionnel ?
C’est simple :
Parce que cette Constitution ne nous ressemble pas. Et elle ne nous rassemble pas. Elle
s’impose. Point.
Bienvenue dans la grande tournée de la Constitution-Band !
Le président du CNT, Dansa Kourouma, a lancé le bal.
Le chef d’orchestre constitutionnel a enfilé son costume de VRP démocratique, et il frappe à
toutes les portes : synergies, plateformes, coordinations, coalitions, fan-clubs de la transition — bref, tous les prestataires du bruit officiel.
Et comme toujours, l’éternel Makanéra est à l’avant-garde de la brosse et du mégaphone.
Il promet “une mobilisation populaire à 98 %”. Pourquoi pas 102 % pendant qu’on y est ?
Après tout, ce peuple est si enthousiaste qu’il n’a même pas été consulté sérieusement.
Une Constitution testée en laboratoire, approuvée par 7 généraux, 4 flatteurs et 1 ambition
présidentielle
On l’a bien compris : le texte est prêt, il ne reste plus qu’à lui inventer une légitimité.
Et qui de mieux placés pour ça que les anciens champions du tintamarre politique ?
Ceux qui, hier encore, glorifiaient le troisième mandat d’Alpha Condé, et qui aujourd’hui, font du 7 ans renouvelable un miracle républicain.
La “mobilisation populaire”, c’est comme un sondage à Kankan un jour de marché :
– Ceux qui applaudissent sont filmés,
– Ceux qui posent des questions sont oubliés,
– Et ceux qui refusent sont traités de saboteurs.
Ce que cache cette agitation, c’est une profonde peur :
– Peur que cette Constitution soit rejetée si elle est réellement soumise au peuple,
– Peur que le mythe du “consensus national” s’écroule au premier débat sincère,
– Peur que le nom de Doumbouya devienne un fardeau plus qu’un atout électoral.
Alors on agite, on mobilise, on chorégraphie des déclarations à 98 %, et on espère que le
vacarme masquera le vide.
Une Constitution populaire n’a pas besoin d’apôtres.
Elle se défend par son contenu, pas par ses chroniqueurs d’occasion.
Et Dansa Kourouma le sait.
Lui qui fut, un temps, le visage du droit. Aujourd’hui, il est le micro du pouvoir.
Et demain ? Il sera sans doute l’écho de son propre silence.
En somme, ce n’est pas une mobilisation populaire, c’est un appel d’offres pour la
soumission collective.
Et nous, citoyens lucides, ne tomberons pas dans cette danse grotesque où la démocratie
devient spectacle, où la Constitution devient partition, et où le peuple est condamné au rôle
de figurant.
Alpha Issagha Diallo
Citoyen vacciné contre les Constitutions jetables.
Auditeur libre du grand théâtre des transitions perpétuelles.
