Quand l’arrogance s’empare du micro et que la confusion se déguise en leçon de science politique…
Il faut parfois relire deux fois pour croire ce qu’on voit. Joachim Baba Millimouno, visiblement grisé par son nouveau titre autoproclamé de « politologue », vient de signer une tribune qui ferait rougir même les bancs de l’absurde. À l’écouter, toute critique du rôle de l’État dans les processus électoraux serait un aveu d’ignorance. Rien que ça !
Mais remettons un peu d’ordre dans ce capharnaüm argumentatif.
1. Les élections organisées par l’État ? Oui, mais dans des États crédibles, dotés d’institutions indépendantes. L’État français n’est pas l’État guinéen. L’État belge n’a pas les pratiques de la transition guinéenne. Comparer les deux, c’est comparer une montre suisse et une boussole sans aiguille.
2. Ce que Joachim appelle « gestion normale » serait en Guinée une prise d’otage institutionnelle. Quand un ministère dirigé par un militaire, sous une junte, entend organiser des élections dans un pays sans Cour constitutionnelle crédible, sans fichier électoral fiable, et avec une CENI politisée, parler de neutralité d’État relève de la farce.
3. Par ailleurs, celui qui raille la CENI comme une invention africaine oublie que les CENI sont nées de la nécessité. Nécessité de neutraliser des États prédateurs. Nécessité de créer un espace tampon entre le pouvoir et le verdict des urnes. Si ces structures sont imparfaites, c’est parce qu’elles sont sabotées par les mêmes forces qui prétendent défendre l’État. Et vous savez quoi ? Ce sabotage vient souvent de ceux qui veulent que l’État organise tout… seul.
4. Cher Joachim, vos sarcasmes sur la “WhatsApp Université” feraient rire si votre démonstration n’était pas truffée de contresens. On n’enseigne pas la démocratie dans les amphithéâtres de l’autosuffisance. Vous confondez le rôle normatif de l’État dans une démocratie avec le monopole d’un régime sur les leviers électoraux. Ce n’est pas une nuance : c’est un gouffre.
5. Enfin, votre allusion perfide à la prise de parole d’Abdoulaye Bah lors de l’Assemblée Générale de l’UFDG du 21 juin ne vous honore pas. Le micro n’a pas de vertu aphrodisiaque. Il révèle les convictions. Et manifestement, c’est ce qui vous dérange : que quelqu’un parle, et qu’il soit entendu.
Vous pouvez continuer de jouer au professeur d’État fort. Nous, nous continuerons de défendre les États justes, ceux où les élections se méritent et ne se décrètent pas.
Alors, politologue de circonstance ou militant en quête de légitimité, à chacun son titre… mais que chacun respecte les fondements qu’il prétend défendre.
Alpha Issagha Diallo
Citoyen libre, ancien attaché d’information, témoin du réel
