Contre La sansure

Que deviendra Africa Corps, l’ex-Wagner, si la Russie perd ses bases en Syrie ?

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Le renversement soudain du président Bachar el-Assad et l’effondrement de son régime ont ébranlé le Moyen-Orient. À plus de 2 000 kilomètres de là, le Kremlin se trouve confronté à un problème.

Le sort des troupes russes du Africa Corps, qui apportent un soutien militaire à de nombreux pays de la région du Sahel, semble soudain compromis. Moscou pourrait perdre ses bases militaires en Syrie.

En 2017, Moscou a conclu un accord avec le président déchu el-Assad, donnant à la Russie l’usage d’une base navale dans la ville syrienne de Tartous, gratuitement pendant 49 ans.

En conséquence, la Russie dispose de navires de guerre stationnés à Tartous, d’un nombre inconnu de sous-marins à propulsion nucléaire, d’entrepôts et de centaines de soldats soutenant les opérations militaires au Moyen-Orient et en Afrique.

Les deux pays se sont également mis d’accord sur une base aérienne russe près de Lattaquié – à environ une heure au nord de Tartous – où Moscou dispose d’avions de chasse, d’avions-cargos et de systèmes de missiles défensifs.

La Russie utilise ses bases en Syrie pour envoyer des armes, du carburant et du personnel à ses opérations militaires disséminées en Afrique, qu’elle mène par l’intermédiaire des groupes paramilitaires Africa Corps et Wagner.

Depuis la Syrie, ces fournitures sont ensuite livrées aux bases russes en Libye, qui sert de « tremplin » pratique pour les opérations de Moscou en Afrique, selon Oliver Windridge, directeur de la politique en matière de financement illicite au sein du groupe d’enquête The Sentry.

On ne sait pas encore si la Russie parviendra à négocier un accord avec les groupes rebelles qui ont renversé Al Assad (à qui Poutine a accordé l’asile en Russie) et si elle parviendra à conserver sa base en Syrie.

« Tout est mis en œuvre pour entrer en contact avec les personnes chargées d’assurer la sécurité et, bien entendu, nos militaires prennent également toutes les précautions nécessaires », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la presse à Moscou.

Moscou a déjà commencé à retirer des navires de Tartous, en Syrie, selon des images satellites analysées par la BBC.

Les gouvernements africains pourraient commencer à former davantage de personnel local

« Cela pourrait marquer le début de la fin de l’empreinte africaine [de la Russie] », déclare M. Windridge.

À la suite d’une série de coups d’État, les chefs militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont mis fin à leurs partenariats de sécurité avec la France et d’autres pays occidentaux, choisissant plutôt de travailler avec l’Africa Corps de la Russie.

« Moscou a trouvé un créneau pour soutenir les seigneurs de la guerre, les juntes et les despotes que l’Occident a sanctionnés ou isolés en raison de l’organisation de coups d’État, de problèmes de gouvernance ou de droits de l’homme », explique Alex Vines, chercheur à l’institut d’études politiques Chatham House.

Les troupes russes d’Africa Corps sont désormais présentes sur le terrain dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest : le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée équatoriale.

Une carte mettant en évidence le territoire de la Russie, de la Syrie et des pays africains dans lesquels les forces dirigées par la Russie sont actives : Libye, Soudan, République centrafricaine, Niger, Mali, Burkina Faso.
Les troupes dirigées par la Russie soutiennent la défense des gouvernements africains sous les bannières Africa Corps (rouge) et Wagner (orange).

Toutefois, son déploiement le plus important se situe en République centrafricaine, où « jusqu’à 2 000 hommes ont contribué à déjouer un coup d’État, à assurer la sécurité et la formation et à développer des intérêts commerciaux, notamment dans l’exploitation de mines d’or et la vente d’armes », selon M. Vines.

Africa Corps compterait également un millier d’hommes au Mali, moins d’une centaine au Burkina Faso et jusqu’à 800 hommes déployés en Guinée équatoriale pour protéger Teodoro Obiang Nguema Mabasogo, le président le plus ancien d’Afrique.

Si ces troupes perdaient leur capacité à recevoir rapidement des fournitures de Moscou via la Syrie, les gouvernements africains qui comptent sur la Russie pour leur défense pourraient être vulnérables aux attaques des rebelles ou des groupes d’insurgés.

Le président russe Vladimir Poutine serre la main du président malien Assimi Goita.
Crédit photo, Reuters. Lors d’une rencontre en 2023 avec le président du Mali et chef du coup d’État Assimi Goita, le président russe Poutine a salué la contribution à l’État malien de « 10 000 spécialistes maliens diplômés d’universités soviétiques et russes ».

Une rare attaque contre la capitale du Mali, Bamako, en septembre dernier, a montré à quel point certaines villes pouvaient être vulnérables. Un porte-parole du groupe d’insurgés Jama’at Nusrat al Islam wa al Muslimeen (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a promis d’autres attaques contre les centres-villes, rapporte l’Institute for the Study of War.

Des groupes comme le JNIM sont susceptibles d’analyser la situation en Syrie et d’en tirer parti, selon Beverly Ochieng, analyste basé au Sénégal pour la société de sécurité Control Risks.

 

Lire la suite… https://www.bbc.com/afrique/articles/c9vkdw9e89lo

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