Que pourra la CEDEAO en Guinée Bissau?
Comment dénouer l’écheveau bissau-guinéen? Si pour certains c’est un vrai coup d’Etat que le pays a connu, le 26 novembre, ceci n’est point l’avis d’autres. L’opposition, elle, affirme que c’est un faux putsch orchestré par le pouvoir en place, pour bloquer la publication des résultats des élections présidentielle et législatives du 23 novembre 2025, verdict qui aurait donné perdant, le président déchu Umaro Sissoco Emballo en course pour un second mandat présidentiel.
En tous cas, la délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui se rend, en principe, ce lundi à Bissau pour y rencontrer les nouveaux maîtres militaires et des acteurs politiques et civils importants du pays, ne s’attend certainement pas à une partie de plaisir. Face au général Horta N’Tam, à la tête d’une transition qui doit durer un an, selon les auteurs du coup de force, le président sierra-léonais et président en exercice de la CEDEAO, Julius Maada Bio, et ses pairs du Sénégal, du Togo et du Cap-Vert ou leurs représentants, comptent exiger un retour immédiat à l’ordre constitutionnel. Le coup est-il jouable alors que les résultats des élections n’ont pas été publiés et que les deux candidats, l’un en fuite et l’autre caché, revendiquent toujours la victoire?
Il faudra, avant toute chose, remettre en selle la commission électorale et lui donner la latitude de proclamer les vrais chiffres des scrutins. Et le pouvoir pourra être remis au véritable gagnant, à la seule condition que les militaires qui ont déjà mis en place un gouvernement et sont, ainsi, engagés dans une transition d’un an, le veuillent bien! Il faudra, sortir de sa clandestinité que ses militants et lui-même disent sécurisée, Fernando Dias Da Costa, qui affirme avoir gagné l’élection et demande donc que sa victoire soit reconnue. Il faudra mettre fin aux descentes de l’armée dans les QG des partis de l’opposition. Il faudra faire libérer les opposants, dont le leader du PAIGC, Domingo Simoes Pereira, mis aux arrêts. Il faudra faire rétablir les médias suspendus. La CEDEAO aura bien du pains sur la planche, les attentes des Bissau Guinéens ne pouvant, actuellement, être compatibles avec les embargos économiques que l’institution sous-régionale imposent aux auteurs de prise de pouvoir par la force.
Question: où était donc la CEDEAO, lorsque Umaro Sissoco Emballo, qui a trouvé exil au Congo Brazzaville, voulait s’ouvrir un boulevard vers le palais présidentiel, et empêchait donc le parti historique, le PAIGC de prendre part aux élections qu’il a affirmées démocratiques? C’est bien beau de chercher à éteindre les feux, mais c’est certainement mieux de ne pas les laisser prendre. Et la CEDEAO, qui, malheureusement, fonctionne comme un syndicat de chefs de l’Etat, au lieu d’être un véritable instrument au service des peuples selon les idéaux de ses pères fondateurs, est, une fois de plus face à son destin.
Par Wakat Séra

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