RD Congo: la paix si proche à Wahington et Doha, mais si loin dans le Kivu!
Alors que les accords de Doha, et dernièrement ceux de Washington, faisaient croire aux plus optimistes que la route du cessez-le-feu et le cas échéant celle de la paix étaient toute tracées, les plus réalistes se fiant aux réalités sur le terrain n’y ont jamais cru.
Et la situation qui ne cesse de se dégrader sur le théâtre des combats donne, ne serait-ce que pour l’instant, raison à ceux qui n’ont jamais cru en ces accords, fussent-ils signés à Doha ou Washington. Le Sud-Kivu où l’AFC/M23 continue sa conquête meurtrière de villes, notamment de Luvungi qui vient de passer sous son contrôle, est l’illustration, s’il en faut encore, que le plus difficile n’est pas la signature des accords, mais leur respect. Et rien ne semble pouvoir arrêter la progression du mouvement rebelle qui bénéficie, selon l’ONU et les autorités de la République démocratique du Congo, du soutien ouvert du Rwanda. Les Forces armées de la RD Congo, malgré l’appui des groupes d’auto-défense et des milices Wazalendo et de l’armée burundaise, se font marcher dessus par les hommes d’une AFC/M23, qui sont comme dopés par les signatures d’accords dont les facilitateurs se gaussent mais qui n’ont aucun impact sur une cessation espérée des hostilités.
Ces accords, en attendant de produire des effets visibles sur les champs de bataille du Sud et du Nord Kivu, où les rebelles s’enkystent chaque jour un peu plus, ne sont visiblement que de simples victoires diplomatiques et des moyens pour l’assouvissement d’intérêts économiques de leurs initiateurs. Dans cette situation où la paix est à portée de main sur papier, mais se trouve si loin de populations congolaises meurtries et confrontées à une crise humanitaire des plus inquiétantes, il urge de mettre en place des instruments contraignants pour les belligérants. De plus, tant que les solutions endogènes, proposées par la société civile, les religieux et les opposants, ne seront pas privilégiées au détriment des initiatives internationales, ou ne les accompagneront pas, la RD Congo, il ne faut pas se leurrer, va droit vers une balkanisation qui, du reste, existe déjà avec les prises de Bukavu, de Goma et peut-être bientôt, d’Uvira.
Face à l’impuissance de leur armée et l’impossibilité pour leurs autorités, visiblement à court de stratégies pour leur assurer protection, les populations congolaises contraintes de se terrer dans les maisons et de fuir leur pays à la première occasion, en affrontant les balles et l’épuisement de la marche à travers les forêts, ne savent plus à quel saint se vouer. Toutefois, ce sont surtout les provinces reculées et les villes loin de la capitale qui souffrent véritablement de cette guerre. Car, pendant ce temps, à Kinshasa, la vie continue, même si le quotidien, effets de la guerre obligent, devient, économiquement, plus difficile.
Que produira comme résultat, l’appel commun lancé par les Etats-Unis et plusieurs pays européens, à l’endroit du M23 et de son soutien rwandais, à mettre «immédiatement» fin à leur offensive en marche? Les «forces rwandaises», comme les a sommées le groupe de contact pour la région des Grands Lacs (ICG) vont-elles opérer un retrait de leurs positions congolaises? Quelle sera la portée des menaces du Burundi de ne tolérer «aucun acte remettant en cause sa sécurité» que vient de proférer contre le Rwanda, le pays d’Evariste Ndayishimiye? Autant de questions qui, pour l’instant en tout cas, font peu ou prou frémir à Kigali.
Par Wakat Séra

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