RÉPUBLIQUE OU CAMOUFLAGE ? Réponse à Joachim Baba Millimouno
J’ai lu, comme beaucoup, la tribune de Joachim publiée sur Guinafnews, intitulée : “Pour la République, contre la confusion” (*). Elle prétend défendre les principes républicains, mais en vérité, elle cherche à étouffer les voix qui dérangent, à criminaliser les résistances légitimes, et à faire passer les opposants à l’autoritarisme pour des semeurs de trouble.
La ficelle est grosse, et le timing révélateur. Alors que le régime s’emploie à vulgariser son projet de nouvelle Constitution, il tente une manœuvre dangereuse : faire porter ce projet par des “sages” du Fouta, et crier haut et fort que “le Fouta dit Oui”.
Ce n’est plus de la vulgarisation. C’est de l’instrumentalisation.
Le Fouta n’est pas une pancarte.
On ne vient pas chez les notables du Fouta pour en faire des figurants d’une opération de marketing politique.
On ne fait pas parler un peuple pour mieux le trahir.
On ne colle pas un “Oui” dans la bouche de ceux qui n’ont même pas été consultés.
Le Fouta, comme d’autres régions, voit clair dans le jeu. Et quand il se lève pour dire non à la mascarade, ce n’est pas contre la République, c’est pour la sauver de ceux qui la confisquent.
La tentative de parer la nouvelle Constitution d’un vernis communautaire est une gifle à l’intelligence collective. Une nouvelle Constitution ne se vend pas au marché des allégeances régionales. Elle se construit dans le débat, la transparence, la liberté et la confiance. Or ici, tout est fait à huis clos, dans la peur et le calcul.
Le vrai danger pour la République, ce ne sont pas les résistants. Ce sont les habiles.
Ceux qui, comme Joachim Baba Millimouno, prennent la plume pour nous faire la morale républicaine tout en fermant les yeux sur la brutalité du moment. Ceux qui se taisent sur les suspensions de partis, l’étouffement de la presse, les morts en détention, les manifestants abattus, les leaders exilés. Ceux qui se taisent sur le sort de Foniké Menguè, Billo Bah et Habib Marouane Camara.
Ce n’est pas nous qui avons mis la République entre parenthèses.
Ce n’est pas nous qui voulons bâillonner les urnes pour fabriquer un “consensus” creux.
Ce n’est pas nous qui tentons de repeindre l’autoritarisme aux couleurs de l’ordre.
Nous n’avons pas à nous excuser d’aimer la Guinée libre. Nous n’avons pas à baisser les yeux quand on tente de travestir notre combat en “confusion”.
Le Fouta dit Oui ? Non. Le Fouta observe. Il réfléchit. Il interroge.
Et s’il doit dire Oui, ce sera à une Constitution issue d’un processus crédible, inclusif, transparent et démocratique. Pas à un simulacre imposé par le haut, et brandi comme un trophée de propagande.
La République, ce n’est pas une mise en scène.
La République, c’est le droit de dire non.
Alpha Issagha Diallo
Militant, témoin du réel
Cauchemar des Réformateurs
(*) https://guinafnews.org/pour-la-republique-contre-la-confusion/
