Retrait d’agréments de médias: Très mauvaise décision des autorités de la transition guinéenne
Au motif que les médias dont les agréments ont été retirés n’ont pas respecté le « contenu des cahiers de charges, conformément à la réglementation en vigueur en République de Guinée », le ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah, ne convaincra pas grande monde. Car si tel était le cas, il aurait pu informer lesdits médias (Fim FM, Espace Fm, Sweet Fm, Djoma Tv, Djoma Fm) de leurs manquements et les inviter à se conformer à ce qu’il appelle « à la réglementation en vigueur en République de Guinée ».
Mais prendre la décision, que certains qualifient d’inique, le jour même de la signature du document portant mise en place de l’Observatoire guinéen d’autorégulation de la presse (OGAP), organisation créée au lendemain de la rencontre entre des responsables des médias et le Premier ministre Bah Oury, est très inhabile pour des autorités qui cherchent les faveurs des populations et celles des partenaires internationaux. Les autorités guinéennes de ces quinze (15) dernières années, et surtout celles du CNRD du général Mamadi Doumbouya, pour passer leurs messages importants, ont toujours sollicité ces géants de l’information en Guinée, qui ont une très bonne côte d’écoute à l’étranger.
Le gouvernement n’aurait-il pas mieux fait, en exigeant des médias publics des émissions pouvant rivaliser avec celles de Djoma, Espace et FIM ? Djoma et FIM ne sont-ils pas nés bien après Espace qui occupait toute seule le paysage radio et télévision du pays, malgré des moyens limités par rapport à ceux des médias gouvernementaux ? C’est dire qu’il est plus urgent et nécessaire de libérer la RTG pour que son personnel puisse offrir des émissions qui intéressent les populations comme le font les grands de l’information dont les agréments ont été retirés brutalement.
Pour un observateur, « derrière ces retraits des agréments, il y a d’autres objectifs inavoués : dissoudre les formations politiques, notamment l’UFDG, le RPG a.e.c, l’UFR, etc. Des organisations de la société civile seront également visées parce que tout ce monde convient que la fin de la transition c’est le 31 décembre. Mais ces acteurs politiques et de la société civile doivent procéder autrement. Dire comment elles entrevoient les lendemains du 31 décembre prochain. Il faut faire des propositions comme un gouvernement d’union nationale, accepter une candidature des autorités actuelles aux prochaines élections à la condition que le CNRD soit dissout, que le président Mamadi Doumbouya et les membres du CNRD démissionnent des effectifs de l’armée… Qu’ils créent leur formation et qu’ils se présentent aux élections« .
Un analyste politique va dans le même sens. Pour lui, « il faut lancer un défi aux autorités en place en acceptant la candidature de Doumbouya, mais que les élections se passent sous l’égide de la Cedeao, avec des observateurs internationaux de l’Union européenne, des USA, du Canada et même de la Turquie. Des élections organisées dans les pays de la Cedeao et en Mauritanie avec le concours technique et financier de l’organisation… Mais cette affaire de retrait d’agréments devrait être annulée. Le CNRD n’a rien à gagner dans cette affaire…« .
Ibrahima Sory BALDÉ