SEKOU KOUNDOUNO: Dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel, les militants pro-démocratie doivent se montrer vigilants jusqu’à la fin.
Le combat ne doit pas se résumer à l’élaboration d’une constitution, l’adoption de celle-ci par référendum et l’organisation d’élections locales, législatives et présidentielle. Il faudra en plus contrecarrer la volonté de Mamadi Doumbouya d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Dire que l’ancien caporal de la Légion étrangère française cherche à ruser pour se porter candidat à cette élection est un euphémisme. Tous les actes que pose la nébuleuse CNRD va dans ce sens.
Ce serait faire preuve d’une grande naïveté politique que de croire aux dispositions de la Charte de la Transition qui interdisent aux membres des organes de la Transition d’être candidats aux élections qui manqueront le retour à l’ordre constitutionnel. L’un des juristes de service du CNRD avait d’ailleurs lâché volontairement ou involontairement un bout de phrase qui en dit long sur l’intention du putschiste en chef.
En effet, au cours d’une émission radiophonique, celui-ci avait dit qu’avec l’adoption et l’entrée en vigueur d’une nouvelle constitution, la Charte de la Transition serait abrogée implicitement ou explicitement.
La stratégie adoptée sera de ne pas évoquer dans cette nouvelle constitution la question de la survie ou non de la Charte de la Transition. Et puisque tacitement, celle-ci ne serait plus en vigueur, les dispositions relatives à la non candidature des membres des organes de la Transition tomberaient automatiquement. Ce qui, dans l’esprit du CNRD et de ses soutiens, ouvrirait à Mamadi Doumbouya le droit d’être candidat dans une élection gagnée d’avance.
En effet, la Guinée n’est pas le Sénégal où il n’est pas possible de modifier les résultats d’une élection au profit d’un candidat que les électeurs n’ont pas choisi. C’est à dessein que toute l’administration territoriale est sous la coupe du CNRD à travers des sous-préfets, préfets et gouverneurs militaires. Le dernier acte c’est-à-dire la dissolution des délégations spéciales, vient parachever l’entreprise de mainmise du CNRD sur le futur processus électoral.
Certains pourraient dire que Mamadi Doumbouya est un citoyen guinéen et qu’à ce titre, il a le droit comme n’importe quel citoyen guinéen de briguer la magistrature suprême. Mais raisonner ainsi, ce serait mal poser le débat.
En effet, à la base, il y a la question du respect de la parole d’honneur pour un officier, à moins d’être un officier en carton.
Par ailleurs, si tout militaire pouvait prendre le pouvoir par la force et manœuvrer par la suite avec la complicité de juristes couturiers et des supplétifs territoriaux pour se faire élire, quelle serait l’utilité du combat démocratique ?
C’est pourquoi, il faut absolument combattre Mamadi Doumbouya dans sa volonté de confisquer le pouvoir. Ce n’est un secret pour personne que le meilleur moyen pour lui et ses complices militaires et civils de se protéger contre des poursuites judiciaires pour les nombreux crimes de sang et des crimes économiques qu’ils ont commis est de s’accrocher au pouvoir. Cette stratégie ne marchera pas. Ils rendront compte tôt ou tard.
𝗦𝗘𝗞𝗢𝗨 𝗞𝗢𝗨𝗡𝗗𝗢𝗨𝗡𝗢
𝗥𝗘𝗦𝗣𝗢𝗡𝗦𝗔𝗕𝗟𝗘 𝗗𝗘𝗦 𝗦𝗧𝗥𝗔𝗧𝗘́𝗚𝗜𝗘𝗦 𝗘𝗧 𝗣𝗟𝗔𝗡𝗜𝗙𝗜𝗖𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗨 𝗙𝗡𝗗𝗖