SIDYA ET CELLOU VICTIMES DU « CAS PAR CAS » DU CNRD
Cellou Dalein et Sidya Touré ont fait le bon choix. Le CNRD du Colonel Doumbouya ne voulait pas faire demi-tour dans leurs cas. La Guinée est en train de plonger dans une crise dont nul ne connaît l’issue. Reste à savoir si le premier ministre Béavogui et certains des membres de son gouvernement vont continuer sur cette voie.
En acceptant de libérer des habitations qu’ils ont acquises légalement, les leaders politiques de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo et de l’UFR, Sidya Touré, ont fait le bon choix. L’étude du cas par cas des dossiers promise par le CNRD du Colonel Doumbouya avait quelque chose de très sélectif.
La Jusitce guinéenne n’a pas osé dire le droit. Plutôt que d’examiner correctement les dossiers qui lui ont été soumis, la Juge des référés a préféré, vendredi dernier, se déclarer incompétente pour que la défense des deux anciens Premiers ministres, Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, s’adresse à la Cour suprême. Seulement, vu la décision administrative du Patrimoine Bâti public, qui somme les deux personnalités de quitter les lieux au plus tard aujourd’hui 28 février, les leaders de l’UFR et de l’UFDG n’avaient pas d’autre choix que de libérer les lieux ou affronter la force publique.
Pour un analyste politique, « Sidya et Cellou auraient dû informer qu’ils allaient obéir à cette décision, en quittant les lieux, comme demandé par la Patrimoine Bâti. Puis informer que les lieux seront libérés au plus tard le 28 février, en précisant que d’ici là, ils attaqueront la décision devant les tribunaux guinéens et, s’il y a lieu, celui de la CEDEAO. Ils ont des arguments solides à cet effet. Il y a des politiciens et organisations qui se disent de la société civiles derrière ces décisions. Ils cherchent à mettre à la touche Cellou et Sidya« .
Poursuivant, cet analyste estime que « si la délégation CEDEAO et Nations-Unies n’a pas rencontré la classe politique, c’est l’œuvre de ces mains noires qui entourent les nouvelles autorités. C’est la preuve que ces gens veulent confisquer le pouvoir par la ruse, par la force. Dans la classe politique guinéenne, certains, comme vous le savez, veulent une transition d’une durée minimale de 3 ans. Ils roulent pour le CNRD. Ces politiciens sans légitimité populaire comme Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo ont peur des élections transparentes et inclusives qui vont les faire disparaître de la scène politique guinéenne ».
Où va la transition guinéenne ?
Ce que l’on pourrait appeler désormais « l’affaire Cellou Dalein et Sidya Touré contre Patrimoine Bâti public » ne fait que commencer. Car, comme l’a bien expliqué Me Amadou Diallo, ancien député de l’UFDG, « quand un bien qui relève du domaine privé de l’État est vendu à quelqu’un, que ce soit un guinéen ou à un étranger, ce bien ne fait plus partie du patrimoine immobilier de l’État, et si vous voulez le récupérer ce n’est pas par un simple courrier administratif que vous pouvez le récupérer. Vous ne pouvez le récupérer au terme de la loi guinéenne, même au terme de la loi standard minimum internationaux qu’en faisant une expropriation pour cause d’utilité publique, c’est-à-dire que vous voulez faire construire là-bas un hôpital ou une route, et cela doit être précédé par une indemnisation juste et équitable. C’est la seule façon pour un État qui s’est dépossédé volontairement de son bien de le récupérer ».
C’est dire que les nouvelles autorités guinéennes doivent comprendre qu’elles ont pris une décision sélective, contre des citoyens, qui pourraient prochainement retomber contre le pays. Car si la Justice guinéenne n’ose pas dire le droit, celle de la CEDEAO pourrait bien le faire.
Brehim Ould MAHMOUD