SIMANDOU : 99 MILLIONS DE DOLLARS BAOWU, L’AFFAIRE QUI INTRIGUE LA TRANSITION GUINÉENNE
Le projet minier de Simandou, l’un des plus stratégiques de Guinée, est aujourd’hui au centre d’une polémique qui mêle politique, finances et transparence. Au cœur de l’affaire, 99 millions de dollars que la société Baowu aurait versés comme “ticket d’entrée” dans le projet. Entre déclarations officielles et documents publics, les contradictions abondent, laissant l’opinion perplexe.
Le Conseil National de la Transition (CNT) a annoncé que Baowu avait versé ces 99 millions USD à la Guinée. Cette information a été reprise par de nombreux médias locaux, notamment (guineelive.com).
Pourtant, selon des enquêtes locales, aucune trace comptable n’a été retrouvée au Trésor public selon (africaguinee.com), ni dans les annexes budgétaires. Comment concilier l’annonce officielle et l’absence de preuve bancaire ? Une question qui alimente la suspicion et nourrit le débat public.
Où sont passés les fonds ?
Baowu précise que la somme aurait été injectée dans les sociétés de projet, notamment WCS ou d’autres holdings liées à Simandou, plutôt que directement versée au Trésor, lit-on sur (visionguinee.info).
Si cette affirmation est correcte, alors les 99 millions USD ne correspondent pas à un versement classique à l’État, mais à une opération financière interne aux sociétés de projet. Toutefois, sans avis SWIFT / MT103 ou relevés bancaires audités, il est impossible de vérifier la réalité et la destination exacte des fonds.
La transparence bancaire mise à l’épreuve
Dans toute transaction internationale, le SWIFT MT103 constitue la preuve standard et incontestable d’un virement. Une simple lettre ou communiqué politique ne peut remplacer ce document technique.
À ce jour, ni Baowu ni les autorités guinéennes n’ont publié de bordereau de virement, laissant planer un doute sérieux sur la traçabilité des 99 millions USD.
Contradiction institutionnelle et budgétaire
Selon certains médias (allureinfo.net), le montant aurait été inscrit dans le budget 2025, soit 864 milliards de GNF, alors même que le Trésor n’aurait pas encaissé la somme.
Comment inscrire dans le budget un flux non encore confirmé ? Ce décalage entre annonce publique et réalité comptable pose un sérieux problème de transparence et renforce les interrogations légitimes de l’opinion.
Leçons des précédents
Les gros flux liés à Simandou ne peuvent rester totalement opaques. En 2011, Rio Tinto avait payé un montant important dans le cadre d’un litige (reporté autour de 700 millions USD), et ces transactions avaient été suivies par les institutions internationales.
Ce précédent montre que tout virement significatif laisse des traces publiques. Si les 99 millions USD ont réellement été versés, des documents doivent exister et être vérifiables.

Questions essentielles à clarifier
1. Quelle banque correspondante a été utilisée pour cette transaction ?
2. Un bordereau SWIFT / MT103 peut-il être publié ?
3. Les sociétés de projet peuvent-elles rendre compte de la réception de ces fonds ?
4. Comment le budget 2025 a-t-il intégré cette somme non encore perçue ?
5. Un audit indépendant pourra-t-il confirmer la réalité et la destination du versement ?
Ces questions sont cruciales pour rétablir la confiance et assurer la transparence dans un projet stratégique pour la Guinée.
En résumé, l’affaire des 99 millions USD Baowu / Simandou illustre la nécessité de documents vérifiables et d’audits indépendants. Entre annonces officielles et absence de preuve bancaire, les contradictions sont trop nombreuses pour que l’opinion soit pleinement rassurée.
Les autorités de la transition et leurs partenaires doivent désormais fournir les éléments de preuve nécessaires : bordereau SWIFT, relevés bancaires des holdings et comptes du Trésor, annexes budgétaires et audit indépendant. Sans cela, l’affaire restera une zone d’ombre et alimentera l’inquiétude autour de ce projet stratégique.
