Tchad : incendie meurtrier d’un dépôt de munitions de l’armée à N’Djamena
Le plus important dépôt de munitions de l’armée tchadienne a pris feu, dans la nuit de mardi à mercredi, provoquant la mort d’au moins 9 personnes et de puissantes explosions dans la capitale N’Djamena. Ce premier bilan chiffré risque de ne pas être définitif car des blessés sont dans un état « gravissime », a précisé le ministre de la Santé publique, Abdelmadjid Abderahim.
Le gigantesque incendie qui a embrasé le principal dépôt de munitions de l’armée tchadienne et provoqué des explosions en chaîne, dans la nuit de mardi 18 à mercredi 19 juin, dans la capitale du Tchad N’Djamena, a fait au moins neuf morts et 46 blessés, selon le gouvernement.
Ce premier bilan chiffré du sinistre risque de ne pas être définitif car des blessés sont dans un état « gravissime », a précisé le ministre de la Santé publique, Abdelmadjid Abderahim, devant la presse à la mi-journée. Il n’a pas donné le détail du nombre de victimes civiles et militaires.
L’origine du sinistre n’est, d’après les premiers éléments, « pas criminelle », avait affirmé un peu plus tôt à l’AFP Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement.
Pendant deux heures, au cœur de la nuit, d’innombrables explosions très puissantes ont embrasé le ciel au-dessus de l’arsenal du quartier de Goudji, dans le nord de la capitale tchadienne, et fait trembler des édifices jusqu’à 6 ou 7 km autour, selon les témoignages de journalistes de l’AFP.
L’incendie a été « circonscrit » et « la situation est sous contrôle », avait assuré tôt dans la matinée le ministre de l’Aménagement du territoire, Mahamat Assileck Halata.
Non loin de là, ces mêmes journalistes ont vu des immeubles éventrés et au moins un gigantesque cratère dans l’enceinte du camp militaire, ainsi que d’innombrables obus et autres munitions non explosés jonchant le sol et des carcasses calcinées de ce qui ressemble à des véhicules militaires blindés. Comme si les lieux avaient été dévastés par la guerre, ont-ils témoigné.
« J’appelle la population au calme et à la sérénité et à éviter la manipulation de tout objet qui aurait atterri » sur leurs terrains « ou dans les espaces publics », a ajouté Mahamat Assileck Halata, précisant que « des démineurs sont à pied d’œuvre ».
« Elle est morte carbonisée »
Assise sur une natte devant des maisons en ruine, une famille du quartier d’Amsinéné, qui jouxte Goudji, pleure une fillette de six ans.
Un obus est tombé dans la chambre de l’enfant et lui a ôté la vie, raconte à l’AFP un cousin de la petite, sans vouloir livrer son nom. « Elle est morte carbonisée, on n’a pas réussi l’évacuer » de la maison dévastée, se lamente-t-il.
Au dépôt de munitions, « les militaires ont eu le temps d’évacuer les véhicules, les armes lourdes etc. et ont pu eux-mêmes se mettre à l’abri », a indiqué Abderaman Koulamallah.
L’arsenal de Goudji est situé près d’importantes garnisons et de l’état-major de l’armée, de l’aéroport international Hassan Djamous et de la base militaire Adji Kosseï qui abrite des éléments des Forces françaises au Sahel (FFS). Aucun militaire français n’a été blessé, avait assuré dans la nuit un responsable des FFS à l’AFP et la base française n’a subi aucun dégât.
L’origine du sinistre « doit être un problème non intentionnel, il n’y a pas de cause criminelle pour l’instant mais l’enquête va le déterminer », a conclu le ministre.
Main de fer
Dans la nuit, le président Mahamat Idriss Déby Itno avait présenté ses condoléances aux familles des victimes, sans en préciser le nombre. Mercredi matin, son convoi s’est engouffré à travers l’imposant cordon de sécurité déployé tout autour du site du sinistre, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le jeune général de 40 ans a été élu le 6 mai dernier président avec 61% des voix dans une élection boycottée et contestée par l’opposition.
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