Tout ce qu’il faut savoir sur la présidentielle prochaine en République de Guinée
Environ 6,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes le 28 décembre prochain en République de Guinée sur une population estimée à plus de 14 millions d’habitants.
Cette présidentielle marquera le retour à l’ordre constitutionnel rompu par un coup d’Etat militaire du 05 septembre 2021 et qui avait porté au pouvoir le général Mamadi Doumbouya.
La liste définitive des candidats
La Cour suprême de la République de Guinée a publié la liste définitive des candidats autorisés à se présenter à l’élection présidentielle.
La plus haute juridiction du pays a retenu neuf candidatures dont celle du président sortant, le général Mamadi Doumbouya.
La plupart des huit autres candidats sont très peu connus du grand public, à part Faya Lansana Millimono du Bloc Libéral, connu pour ses critiques contre la junte.
Voici la liste des candidats:
1-Abdoulaye Yéro Baldé (Front démocratique de Guinée – Frondeg)
2-Makalé Camara (ex-ministre des Affaires étrangères, candidate du Front pour l’Alliance nationale – FAN)
3-Ibrahima Abé Sylla (Nouvelle génération pour la République – NGR)
4-Abdoulaye Kourouma (Rassemblement pour la renaissance et le développement – RRD)
5-Mohamed Nabé (Alliance pour le renouveau et le progrès – ARD)
6-Elhadj Bouna Keïta (Rassemblement pour une Guinée prospère – RGP)
7-Mohamed Chérif Tounkara (indépendant)
8-Faya Lansana Millimono, Bloc Libéral
9-Mamadi Doumbouya (indépendant)
Avant cette élection présidentielle, la Guinée s’est dotée d’une nouvelle Constitution et d’un nouveau code électoral.
Par ailleurs, cette présidentielle de 2025 se fera sans les grandes figures de la politique en Guinée écartées de la course pour diverses raisons.
Les grands absents

La future présidentielle 28 décembre se fera sans la participation des grandes figures de la politique du pays. Les leaders des trois principales formations politiques traditionnelles de la Guinée sont hors-jeu.
Il s’agit de l’ancien président Alpha Condé du RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée-Arc-en-ciel), frappé par la limite d’âge (80 ans) fixée par la Constitution.
L’autre figure emblématique de la politique en Guinée, Cellou Dalein Diallo de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée), ancien Premier ministre, est également hors course, en raison de son exil.
Une autre grande figure de la Guinée, Sidya Touré, ancien Premier ministre, également en exil est aussi écarté pour les mêmes raisons.
Quelques points importants à savoir de la nouvelle Constitution de la Guinée

La nouvelle Constitution adoptée par voie référendaire en septembre 2025 comporte 199 articles. La nouvelle loi fondamentale a ouvert la voie à la junte militaire dirigée par Mamadi Doumbouya de se présenter à la présidentielle prochaine.
Dans cette nouvelle Constitution, le mandat présidentiel passe de 5 à 7 ans renouvelable une seule fois.
Le nouveau texte autorise les candidatures indépendantes à l’élection présidentielle.
Il prévoit également la création d’un sénat dont le tiers des membres sera directement nommé par le chef de l’Etat, l’instauration d’une Haute Cour de Justice pour juger les présidents et membres du gouvernement »en cas de haute trahison, crimes et délits », la valorisation de la parité avec un quota de 30% de femmes dans les postes décisionnels et électifs.
Date de la présidentielle

La présidentielle guinéenne aura lieu le 28 décembre 2025. Selon l’article 123 du code électoral, la circonscription relative à l’élection du président de la République de Guinée est le territoire national et les espaces occupés ou désignés par les consulats et ambassades de la Guinée retenus.
L’élection présidentielle aura lieu en une journée. Les bureaux de vote sont ouverts de 7 heures à 18 heures, heure locale.
Le mode du scrutin
Le président de la République en Guinée est élu au suffrage universel direct au scrutin majoritaire à deux tours pour un mandat de sept ans, renouvelable une fois.
Si aucun candidat ne remporte la majorité absolue au premier tour, un second est organisé entre les deux candidats arrivés en tête, 21 jours après la proclamation des résultats du premier tour.
Le candidat ayant le plus grand nombre de suffrages au second tour est déclaré président élu.
Conditions générales pour être candidat ou candidate à la présidentielle
Pour être candidat à la présidentielle en Guinée il faut d’abord être éligible. Selon le code électoral du pays, tout candidat à l’élection présidentielle doit être soit présenté par un parti politique légalement constitué en conformité avec la constitution et les lois, soit à titre de candidat indépendant sous réserve des conditions de parrainage requises.
L’article 127 du code électoral stipule que le candidat à l’élection du président de la République doit
Être de nationalité guinéenne
Avoir sa résidence principale en Guinée
Jouir de ses droits civils et politiques
Être certifié en bonne santé physique et mentale par un collège multidisciplinaire de médecins assermentés constitués par la Cour constitutionnelle
Être âgé d’au moins 44 ans et de 80 ans au plus
Joindre une copie authentique de la déclaration écrite sur l’honneur de ses biens.
Qui peut voter ?

Participer à une élection présidentielle exige un certain nombre de conditions à respecter pour les électeurs.
Est considéré comme électeur, toute personne de nationalité guinéenne âgée de 18 ans révolus au jour de la clôture de la liste électorale, jouissant de ses droits civils et politiques et régulièrement inscrit sur la liste électorale.
Mais en dehors des nationaux, les étrangers ayant acquis la nationalité guinéenne conformément aux dispositions du code civil et de la loi portant régime d’état civil ont également le droit de vote.
Sont également électeurs, »les étrangers, les étrangers bénéficiant du droit de vote en application des accords internationaux établissant cette capacité, sous réserve de réciprocité ». Autrement dit, si un pays tiers accorde le droit de vote aux Guinéens établis sur son territoire, ses ressortissants en Guinée peuvent aussi théoriquement avoir le droit de vote.
»Nul ne peut voter s’il ne dispose pas de carte d’électeur, ou d’être inscrit sur la liste électorale ou ne jouit de ses droits civiques, civils et politiques » cependant avertit le code électoral.
Publication de la liste des candidats
La cour constitutionnelle publie la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle avant la date du scrutin.
La liste définitive des candidats retenus est publiée après examen des contestations par la Cour constitutionnelle, 45 jours avant la date du scrutin.
Campagne électorale
La campagne électorale est ouverte 30 jours avant la date du scrutin pour la présidentielle. Elle est clôturée 48 heures avant le scrutin.
En cas de second tour, la campagne électorale est ouverte au lendemain de la proclamation des résultats définitifs du premier tour par la Cour constitutionnelle et close 48 heures avant le scrutin du second tour à minuit.
Il est bon de savoir qu’en Guinée, l’article 60 du code électoral interdit l’achat de conscience pendant la campagne électorale.
»Sont interdits les distributions d’argent ou de biens assimilés à la corruption électorale déguisée, les dons et les legs en argent ou en nature à des fins de campagne électorale pour influencer ou tenter d’influencer le vote » écrit le nouveau code électoral promulgué en fin septembre dernier.
Le vote

Les dates des élections et de convocation du corps électoral sont fixées par un décret du président de la République.
Pour la présidentielle 120 jours au plus,90 jours au moins avant la date d’expiration du mandat du président de la République en fonction.
A l’issue du premier tour, si aucun candidat n’atteint la majorité absolue, il est procédé à un second tour du scrutin dont la date est fixée 21 jours après la proclamation des résultats définitifs du premier tour.
Situation exceptionnelle
En cas d’égalité entre les deux candidats, le candidat ayant recueilli le plus grand nombre de voies au premier tour est déclaré élu selon le code électoral guinéen.
En cas de contestation, la cour constitutionnelle est tenue de statuer dans un délai n’excédant pas 8 jours à compter de sa saisine. Soit elle valide l’élection dans ce cas, son arrêt comporte proclamation des résultats définitifs, soit elle rend un arrêt d’annulation de l’élection, une nouvelle élection est alors organisée dans un délai de 90 jours à compter de cet arrêt.
Les réclamations et contestations relatives à la validité d’une candidature sont portées devant la Cour constitutionnelle dans les 72 heures suivant la publication de la liste provisoire et la Cour a 48 heures pour statuer.
Publication des résultats provisoires

Les procès-verbaux provenant des CACV (commission administrative de centralisation des votes) sont transmis à la Direction exécutive nationale des élections (DENEL) dans un délai n’excédant pas les 48 heures après la clôture du scrutin.
La compilation provisoire des résultats est faite par cette dernière direction dont le directeur exécutif national des élections rend public les résultats partiels provisoires au fur et à mesure de la réception des procès-verbaux provenant des CACV. Ensuite, il les transmet au Conseil national électoral.
Le président du Conseil national électoral rend publique la compilation globale des résultats provisoires dans un délai n’excédant pas 24 heures.
Si aucune contestation relative à la régularité des opérations électorales n’a été déposée par l’un des candidats au Greffe de la Cour constitutionnelle dans les 8 jours qui suivent, la Cour proclame élu le président de la République, le candidat ayant recueilli la majorité requise des suffrages.
En cas de contestations la cour examine les requêtes formulées avant de proclamer résultats définitifs.
Proclamation des résultats définitifs
Le candidat ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages au second tour est déclaré élu par la Cour constitutionnelle.
Cette juridiction suprême statue dans les 8 jours qui suivent la transmission des mémoires. Son arrêt emporte proclamation des résultats définitifs ou annulation de l’élection.
En cas d’annulation, de nouvelles élections sont organisées dans les 90 jours suivants sa décision.
Caution et parrainage
Les candidats désireux de participer à la présidentielle guinéenne déposent une caution au Trésor public estimée à 100 000 dollars américains.
Les candidats indépendants à l’instar du président Doumbouya sont tenus d’obtenir le parrainage d’un certain nombre d’élus locaux pour pouvoir soumettre leur candidature selon le Code électoral guinéen.
Le président sortant a obtenu la quasi-totalité des 368 présidents des délégations spéciales des communes rurales et urbaines du pays pour déposer sa candidature.
Conditions à remplir pour un remboursement de la caution
Les candidats ayant participé à la présentielle et qui avaient déposé leur caution peuvent prétendre au remboursement de celle-ci dans les 70 jours qui suivent le dépôt de leurs comptes de campagne auprès de la Cour des comptes.
A droit au remboursement intégral de la caution
Tout candidat ayant présenté ses comptes de campagne dans les délais et dans les formes
Tout candidat dont les dépenses de campagne n’ont pas fait l’objet de dépassement
Tout candidat à l’élection présidentielle ayant recueilli au moins 5 % des suffrages exprimés.
Abdou Aziz Diédhiou
BBC News Afrique
