Une transition sans fin, avec une caste de dirigeants sans références ni expériences
Le 5 septembre 2021, la page d’une nouvelle Transition a été ouverte pour le pays. Transition était le mot sur le bout de toutes les lèvres, sans exception.
Personne n’a trouvé à redire. Si le processus engagé est toujours en cours et devrait s’achever le 31 décembre prochain, on en est loin de l’esprit et de la philosophie. Il n’est plus approprié de parler de transition ni prudent d’imaginer qu’on y mette un terme. Le sujet devient tabou. Il n’est pas permis d’envisager un point final. La fin de la transition n’est plus à l’ordre du jour. Pour couper court, on a changé, carrément, de terminologie. Ainsi, l’on ne peut être interpellé dans ce cadre.
La constitution signera l’arrêt de mort de la charte comme la refondation rend caduque la transition. Il faut bien comprendre que lorsque l’on change de concept, de textes, on passe d’une réalité à une autre. Les engagements d’avant ne sont plus valables. De la charte, on passera à la constitution. De la transition, on passe à la refondation. Incroyable mais vrai. Le pays n’arrête pas sa mue. Qu’on le veuille ou non, qu’on le dise ou non, le CNRD a réussi à se rendre maître des horloges et du jeu. Il va à son rythme et dicte la marche à suivre à tous. Toutes les décisions viennent du sommet de l’Etat sans concertation ni le moindre souci du compromis.
La politique du bâton semble marcher surtout que les rares velléités d’opposition ont été matées. Le pouvoir est d’un seul côté. Des acteurs qui ont pu en douter ont disparu, sont emprisonnés ou forcés à l’exil. La peur a gagné chacun, la violence sème la terreur. On entend plus qu’un seul son de cloche. Tout se passe comme si la Guinée était devenue une chasse gardée pour certains, un purgatoire pour d’autres. La juste répartition des richesses est une illusion avec les inégalités qui se creusent et toutes les discriminations observées. La situation ne préoccupe pas grand-monde, à l’intérieur où la résignation est la chose la mieux partagée, à l’étranger porté à des condamnations molles de principe, à la limite, de la complaisance.
Les élites sont écartées de la gestion et réduites au silence au profit d’une caste de dirigeants sans références ni expériences.