Le Ghana peut-il accueillir les Jeux Africains ?
La compétition doit débuter à Accra en août prochain mais le pays est plongé dans une grave crise économique. Les travaux ont donc pris beaucoup de retard.
A seulement cinq mois du début des prochains Jeux Africains, le Ghana est engagé dans une course contre la montre pour réussir à livrer les installations en temps et en heure.
Alors que cinq mille participants originaires de 55 pays sont attendus pour cet événement multisports d’une durée de deux semaines, les travaux avancent beaucoup trop lentement du côté d’Accra, la ville hôte.
Le nouveau stade de Borteyman, quartier de la capitale ghanéenne, n’est par exemple pas encore prêt. La DW a également constaté sur place que le complexe sportif de l’Université du Ghana, prévu pour les épreuves d’athlétisme, était encore en cours de développement.
La raison de ces retards est la crise économique qui traverse actuellement le pays .
Une crise économique secoue le Ghana
En 2022, le Ghana a connu une chute de 58 % de la valeur même de sa monnaie, et le pays a dû demander une bouée de sauvetage de trois milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI) pour faire tourner l’économie.
En décembre, l’inflation ghanéenne a atteint 54,1 %, soit son niveau le plus élevé en 22 ans et le septième au niveau mondial. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 59,7 % et les coûts de transport de 71,4 %, selon le bureau des statistiques du pays.
Il y a cinq ans, lorsque le Ghana a remporté l’organisation des Jeux en battant le Nigéria et le Burkina Faso, le pays se portait mieux. Mais pour certains opposants, certains signes étaient déjà présents.
« Je pense que les personnes qui ont proposé ce projet ne l’ont pas fait pour le Ghana, car même en 2018, les choses ne se présentaient pas très bien pour nous sur le plan économique », a déclaré à la DW Nana Kwaku Agyemang , une critique ghanéenne des affaires publiques. » Il y avait déjà de grandes interrogations : nous ne savions pas si nous pouvions investir dans ce projet. »
La dernière fois que le Ghana a accueilli un événement sportif majeur, c’était en 2008. À une époque plus prospère, le pays avait alors accueilli 16 pays pour la Coupe d’Afrique des Nations. Mais depuis, de nombreuses infrastructures sont laissées à l’abandon et se dégradent.
Le comité d’organisation face aux critiques
Tout cela amènera les Ghanéens à s’interroger de plus en plus sur l’idée d’accueillir un événement aussi désigné que les Jeux africains à ce moment de l’histoire du pays.
Les Jeux africains sont le principal événement multisports d’Afrique. Comme la plupart des hôtes de grands événements sportifs, le Ghana espérait s’en servir pour construire de nouvelles infrastructures et stimuler son économie.
Cependant, après avoir remporté la candidature pour accueillir l’événement en 2018, le gouvernement ghanéen a mis deux ans pour nommer un comité d’organisation local. « L’épidémie de Covid-19 a vraiment souffert de nos plans », a déclaré Dan Kwaku Yeboah, directeur de la communication des Jeux d’Accra.
Le Ghana avait notamment prévu de construire un nouveau stade de 60.000 places, mais la pandémie a empêché sa réalisation. À la place, les organisateurs ont opté pour un modèle hybride où l’Université du Ghana et le nouveau complexe sportif de Borteyman accueilleraient les événements. Les logements de l’université accueilleraient quant à eux les athlètes des pays participants.
Mais malgré le retard pris par les travaux de ces infrastructures, les organisateurs ne lâchent rien.
« Plus de 200 millions de dollars ont été engagés dans le projet. Les défis économiques sont là, mais le gouvernement s’engage à 100 % à ce que le Ghana organise les Jeux », a déclaré Kwaku Yeboah.
Trop tard pour faire machine arrière ?
Il semble que pour le Ghana, il soit désormais trop tard pour faire marche arrière.
Les partenaires de l’événement font d’ailleurs l’autruche. L’Union africaine et l’Association des comités olympiques d’Afrique (ACNOA) restent par exemple silencieux et n’ont pas souhaité répondre aux questions de la DW.
« Compte tenu de l’état de notre économie, il n’est pas prudent d’accueillir les Jeux », a déclaré à la DW Anim Amateye, économiste ghanéen. » Les conditions sont si mauvaises que le gouvernement doit retenir les fonds provenant des investissements des détenteurs d’obligations, donc tout argent qui entre, devrait être en principe réinvesti dans l’économie primaire. »
« Le gouvernement est fauché », déclare Amateye. » Le gouvernement ne peut pas payer les investisseurs, les gens qui ont investi dans la sécurité du gouvernement, cela a affecté les retraités. Le gouvernement ne peut pas faire face à ses obligations. »
De nombreux événements sportifs internationaux ont dû être reportés ces deux dernières années en raison des conditions difficiles produites par la Covid-19 et ses conséquences.
Le Ghana pourrait ainsi demander à l’Union africaine plus de temps pour mettre les choses en ordre. » Donnez la compétition à un pays qui pourra l’accueillir « , conclu Kwaku Agyemang.
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In. https://www.dw.com/fr/ghana-peut-il-accueillir-jeux-africains/a-64744501