C’est une mauvaise publicité dont Dr Makalé Traoré se serait passée volontiers de la part de l’UFR, au moment où elle tente de se frayer un chemin avec le CNRD et de s’affirmer dans l’opinion, de plus en plus dubitative, pour son « cas ». Au mauvais moment aussi où elle fait face à une véritable levée de bouclier à cause de son manteau taillé sur mesure de facilitatrice d’un dialogue sans adeptes convaincus, ni interlocuteurs légitimes.
Pour ne rien arranger, ses discours et prises de position clivants sur le renouvellement forcé de la classe politique et l’alternance, non moins forcée , à la tête des partis politiques l’ont isolé davantage dans son rôle, l’ont irrémédiablement condamnée à un échec avant la lettre. Et, comme un malheur n’arrive jamais seul, l’UFR, fait de graves révélations contre son ancienne responsable qui donnent raison à tous ceux, nombreux, qui croient dur comme fer , à l’ambivalence de Dr Makalé Traoré gisant dans le conflit permanent entre son image publique et les éclaboussures des scandales à répétition l’impliquant.
Qu’à cela ne tienne. Ce qu’on lui reprochait hier, n’est-ce pas ce qu’elle fait encore aujourd’hui? D’une junte à une autre, elle semble toujours chercher à tirer son épingle du jeu. Ce n’est pas un pêché d’avoir une ambition, ni un crime d’être allié ou partenaire d’un régime. Seulement, il faudrait l’assumer de tout temps, quoi qu’il arrive, quoi qu’il en coûte par devoir de cohérence et pour l’exigence de la clarté. Or, ici plus qu’ailleurs, les élites font des choix qu’elles ne voudraient pas assumer par la suite lorsque la « roue tourne ».
Le massacre du 28 septembre s’était invité à un sommet de la CEDEAO, à Abuja, au Nigeria. Les forces vives y avaient été conviées en tant que victimes notoires des tragiques événements. L’UFR dont Dr Makalé Traoré faisait partie du bureau Exécutif, était concernée au même titre que d’autres grandes formations politiques du pays. Pourtant, elle ne figurait pas sur la liste que l’UFR a établie pour le voyage d’Abuja. Alors, elle s’y est rendue à son compte sous la bannière d’un mouvement de femmes anciennes ministres et parlementaires engagées dans un plaidoyer. En faveur de qui ? Avec quel mandat et de qui, de surcroît ?
Surtout que les forces vives en rupture de banc avec le CNDD faisaient un intense lobbying pour isoler la junte au pouvoir qui, à leurs yeux, après les tueries du stade, avait perdu toute légitimité, n’était plus un interlocuteur viable. Aussi bien à Abuja qu’à Conakry, la démarche de Dr Makalé Traoré et de ses paires dont les forces vives n’avaient été informées que dans les couloirs, avait suscité une forte réprobation, car elle avait été perçue comme une tentative de contrer les adversaires du capitaine Moussa Dadis Camara dans leur croisade contre lui.
D’autres, avaient parlé de drôles de dames ambitieuses qui n’avaient pas voulu être absentes du rendez-vous du Nigéria au cas où un compromis interviendrait en faveur d’une nouvelle transition avec d’autres acteurs. Il fallait pour elles être présentes où se partagerait le gâteau pour avoir droit à leur part. Dr Makalé Traoré, Hadja Saran Daraba Kaba, Hadja Mariam Djelo pour ne citer que les plus illustres du groupe, étaient clairement apparues comme des soutiens indéfectibles du CNDD opposé aux politiques.
Dans tous les cas, le professeur Alpha Condé qui avait ses entrées dans les palais et d’autres leaders qui avaient accès aux Chefs d’Etat avaient été informés des manœuvres dans les couloirs des envoyées spéciales d’une junte aux abois. Tous les membres des forces vives avaient été mis dans la confidence.
Cependant, confie-t-on, c’est le professeur Alpha Condé dont on connaît les réactions possibles face à l’adversité déclarée qui avait apostrophé le président de L’UFR, Sidya Touré, à propos des agissements sournois de l’une des responsables de son parti. Afin de ne pas paraître lui-même suspect devant les autres leaders de la coalition, le Président de l’UFR avait été forcé de sévir contre Dr Makalé Traoré qui, chaque fois, a semblé privilégier ses intérêts à ceux du parti comme lors de la formation du gouvernement de large ouverture dirigé par un autre docteur, Ahmed Tidiane Souaré.
Malgré l’incident politique des années antérieures, Dr Makalé Traoré appelée comme facilitatrice dans le dialogue souhaité par le CNRD avec les forces vives mais qui peine à commencer, a tout le monde sur le dos, parce qu’une fois encore, loin de pouvoir convaincre de sa bonne foi et d’inspirer confiance, elle suscite de la suspicion, de la méfiance et une vague d’hostilités inexorable. En tirera-t-elle toutes les leçons avec sagesse et humilité ou va-t-elle persister dans le pêché d’orgueil au risque comme Don Quichotte de se battre contre les moulins à vent ?
On ne force pas l’estime des autres , on ne peut pas non plus retrouver une confiance perdue pour toujours. Ainsi va la vie, ainsi est fait le monde des politiques.
Alsény SOUMAH
Membre des Forces Vives de Guinée.