Guinée : « Choguel Maïga est différent de Bah Oury qui a démarché pour obtenir la primature »
La situation politique du Mali reste en suspens avec la sortie du Premier ministre Choguel Maïga, qui a exprimé sa frustration suite au « report unilatéral » de la fin de la transition politique dans son pays. Une sortie que de nombreux observateurs qualifient de courageuse au regard de l’intransigeance de la junte dirigée par Assimi Goïta.
Même si « comparaison n’est pas raison », des acteurs politiques guinéens ne voient pas Bah Oury oser faire de telles remarques en qualité de Premier ministre en Guinée. C’est ce que pense Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le progrès et le changement (PPC), qui estime que Bah Oury a démarché pour arriver à la Primature. Il l’a dit ce lundi, 18 novembre 2024, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
« J’ai suivi avec intérêt la sortie médiatique du Premier ministre malien, Choguel Maïga, qui a dénoncé le fait de ne pas avoir été associé ni informé du report de la date de la transition, qui a été effectué en 2024. Cela veut dire que la junte malienne est en train d’aller dans une autre direction, car elle veut que Assimi Goito se présente comme candidat pour la prochaine élection présidentielle. Tandis que Choguel Maïga, lui, est un politicien. Vous savez qu’il faisait partie du mouvement M5RFP, qui a contribué à faire basculer le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), et que la junte a pris le pouvoir. C’est une communication qui va dans deux sens.
La première chose, c’est qu’il essaie de mobiliser les troupes du M5RFP pour faire face à la situation actuelle, telle que les accords signés avec Assimi Goito, qui stipulaient qu’aucun membre de l’équipe de la transition ne devait être candidat. Or, il semble qu’il y ait un changement en faveur d’Assimi Goito. Cela veut dire que, lui aussi, en tant qu’ancien Premier ministre, ne devrait pas être candidat, mais il se positionne maintenant pour être candidat aux futures élections du pays. En d’autres termes, la transition va en lambeaux au Mali, comme cela se passe aujourd’hui en République de Guinée. La situation dans la sous-région nous inquiète, surtout que la CEDEAO est devenue une institution très faible, incapable de prendre des décisions comme elle le faisait dans le passé, lorsqu’il y avait des présidents fermes et véritablement panafricanistes comme Lansana Conté ou ceux du Nigeria. Mais aujourd’hui, on peut penser que la CEDEAO va à l’encontre de tous ceux qui ont signé des accords additionnels, et qu’elle a creusé sa propre tombe. La situation est devenue très dramatique et critique dans la sous-région, car elle peut contaminer d’autres pays qui respectent encore la démocratie. C’est un risque que nous vivons actuellement », a déclaré Biro Soumah.
Par ailleurs, le président du PPC estime que Bah Oury, Premier ministre guinéen, est différent de son homologue du Mali. Il pense que Bah Oury est animé par des motivations de faire prolonger la transition guinéenne.
« En ce qui concerne le gouvernement guinéen, il est différent de celui du Mali. Vous savez qu’en Guinée, nous avons un Premier ministre, Bah Oury, qui a été l’un des acteurs ayant promis que les élections ne se tiendraient pas en 2024. Bah Oury, en tant que politicien, semble être un homme dépourvu d’indépendance et animé par une certaine haine, et il a démarché pour obtenir la primature. Là réside la différence. Choguel Maïga, au Mali, a plus de poids politique, car il est l’un des leaders du M5RFP, tandis que Bah Oury semble avoir des difficultés à mobiliser…
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