RCI: Tidjane Thiam appelle à « une pression » sur Ouattara
Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition), Tidjane Thiam, dont la candidature à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a réagi sur le rapport d’une mission d’évaluation pré-électorale de l’IRI, rendue publique le 26 septembre 2025. Pour en déduire qu’il faut faire « pression » sur le président Alassane Ouatara.
L’ONG américaine International Republican Institute (IRI) a conduit une mission d’évaluation pré-électorale en Côte d’Ivoire du 21 au 26 septembre 2025, dirigée par Mme Jenai Cox, directrice division Afrique, à un mois de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025.
Tidjane Thiam a salué « le courage et l’intégrité de l’IRI », dont les conclusions et recommandations de la mission à Abidjan « confirment en tout point, les faiblesses fatales de notre système électoral et soulignent explicitement les tensions créées par cette situation ».
Leurs conclusions mentionnent notamment « l’absence d’une liste électorale actualisée en 2025, la détention illégale de membres de l’opposition, l’exclusion du scrutin de candidats majeurs, ainsi que des lacunes structurelles dans le registre électoral », a noté M. Thiam.
« Ils reprennent notre affirmation que la liste électorale n’est pas suffisamment représentative, à 8,7 millions et contient de trop nombreuses erreurs pour être une base crédible pour une élection démocratique », a-t-il ajouté.
L’élection « ne saurait être crédible »
Pour le président du PDCI, « ces irrégularités et insuffisances flagrantes (de la matière électorale) sont le fruit d’une manipulation délibérée, orchestrée par le régime pour perpétuer son emprise sur le pays alors qu’il se sait minoritaire ».
En identifiant ces dysfonctionnements, l’IRI confirme « les insuffisances principales soulignées par l’opposition depuis des années, et que le régime a toujours choisi d’ignorer. Cette fois, les mêmes reproches lui sont adressés par un acteur international respecté, dont l’impartialité ne peut être mise en doute », fait-il observer.
« L’IRI nous dit que la mission a identifié plusieurs points critiques, lesquels, s’ils ne sont pas résolus, sont susceptibles d’entraver la crédibilité de l’élection présidentielle d’octobre 2025 », a mentionné Thiam. Le statut de l’IRI l’oblige d’ailleurs à être « diplomatique » dans ses déclarations officielles.
« Malgré cela, les conclusions de sa mission indiquent explicitement que l’élection ne saurait être crédible dans les circonstances actuelles, sans changement majeur ni concession du régime », poursuit-il dans son avis.
Il a relevé que « préconiser la poursuite sans changement d’un processus décrit comme irrémédiablement compromis, reviendrait à cautionner une mascarade électorale et à bafouer la souveraineté populaire, renforçant ainsi un régime sans légitimité ».
L’ex-CEO de Crédit Suisse a estimé que la loi est « bafouée », car le Code électoral demande à la Commission électorale indépendante de procéder à une Révision de la liste électorale (RLE) chaque année. Cependant, la RLE en 2025 n’a pas été faite.
« Le régime ignorait-il qu’il y aurait une élection en 2025 pour, aujourd’hui, invoquer des excuses techniques pour ne pas tenir une RLE cette année, RLE qu’il a tout à fait su organiser en juin/juillet, avant l’élection aussi bien en 2015 qu’en 2020 ? », s’est-il interrogé.
Offensive diplomatique
« Je viens de rentrer des États-Unis. Il est clair aujourd’hui que l’Amérique, l’Europe et les leaders africains soutiennent avec fermeté les Ivoiriens dans notre exigence d’élections libres, équitables et inclusives, face à un régime qui, avec un cynisme assumé, ne respecte pas les principes démocratiques les plus fondamentaux », assène-t-il.
« J’en appelle à la Maison Blanche sous l’administration Trump, à l’Union européenne, aux Nations Unies, à l’Union africaine, à la CEDEAO et à tous nos partenaires internationaux pour exercer une pression immédiate et ferme sur le régime Ouattara », a lancé Tidjane Thiam.
Le président du PDCI estime que cette pression pourra permettre de « mettre un terme à ces injustices flagrantes et de garantir une élection démocratique réelle et inclusive, digne de l’Afrique du 21e siècle et où toutes les voix, sans exception, comptent ».
La Côte d’Ivoire « n’a jamais connu de transition pacifique et démocratique du pouvoir par la voie des urnes ; une lacune historique que le régime Ouattara exploite cyniquement pour consolider son autoritarisme », a-t-il martelé.
Il dénonce qu’ « aujourd’hui, ce régime musèle et emprisonne l’opposition légale et légitime, politise les institutions de l’Etat au service d’une clique partisane, et prive des millions d’Ivoiriens de leur droit fondamental à choisir librement et sans crainte leurs dirigeants ».
« La loi exige du régime qu’il verse chaque année une subvention significative au PDCI-RDA et au PPA-CI, partis représentés au Parlement (…). A ce jour, pas un centime de cette subvention ne nous a été versé au titre de 2025, dans un effort évident d’étrangler financièrement l’opposition en année électorale », a-t-il poursuivi.
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