« Nul ne peut prétendre défendre sa dignité dans la dépendance ». (S. Koundouno)
Il y a deux jours, la Présidence guinéenne annonçait l’acquisition d’un avion par le Président de la Transition pour notre pays, la Guinée. Depuis l’annonce de la nouvelle, l’opinion publique reste divisée entre réjouissance et raillerie. Cependant, de nombreux autres Guinéens n’ont cessé de s’interroger sur les conditions d’acquisition dudit avion.
Face au tollé et la confusion, des membres d’un CNT acquis à la solde de la nébuleuse du CNRD n’ont pas tardé à s’inviter dans la danse pour demander des comptes ou du moins des éléments de clarification aux autorités de la transition.
De passage ce jeudi devant les Conseillers nationaux au CNT, le Ministre du Budget a été interrogé au sujet de cet avion de marque C9-SPM estampillé « République de Guinée ». Ainsi, selon certains sites d’informations, Dr Lancinè Condé a répondu d’abord en ces termes : « Ce n’est ni un achat, ni un prêt, ni un don, c’est une mise à disposition ». Mais que voudrait-il dire exactement par « mise à disposition » ?
Pour plus de précisions, le Ministre du Budget affirme ceci : « Nous avons un pays dont je me garde de dévoiler le nom, qui souhaite être un partenaire stratégique de la Guinée. Il veut faire des investissements importants en Guinée dans le domaine minier et autres. En gage de bonne foi, il s’est engagé à mettre à la disposition de l’Etat guinéen une flotte qui peut aller jusqu’à 3 avions, gratuitement ».
De là, l’on comprend aisément que les autorités de la transition s’apprêtent à brader nos mines au profit d’une puissance étrangère et dans des conditions non élucidées. Chose qui pourrait constituer un grand risque pour la gouvernance future post transition à l’image du contentieux entre l’Etat Guinéen et BSGR du milliardaire Israélien Beny Steinmetz, dont les conséquences ont lourdement fâcheuses pour notre pays et en temps et en ressources.
Aux dires du Ministre, malgré la mise à disposition et la présentation officielle de cet appareil volant au peuple de Guinée, des discussions sont en cours avec le « mystérieux » partenaire dit de « bonne foi ».
« On va se mettre d’accord sur les termes. La volonté initiale de ce partenaire, c’est un don. Mais c’est l’Etat guinéen qui a dit on ne prend pas de don, personne ne va nous dicter notre conduite », ajoute le ministre.
Sur cet autre détail, il y a lieu de rappeler au Ministre une célèbre assertion qui dit : « la main qui donne est celle qui dirige ». Comment peut-on disposer du bien d’autrui et songer lui dicter des lois ? Il faut être dans un film de comédie pour imaginer un tel scénario.
Ce genre de traité ou d’accord entretenu dans un flou artistique, s’assimile à une pratique de corruption d’Etat. Pourtant, l’un des engagements phares de la junte au pouvoir, est la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics.
Toujours selon le Ministre, l’Etat guinéen pour préserver ce qu’il appelle « notre autonomie et notre dignité », aurait dit à son courtisan donateur, que l’Etat guinéen va devoir payer « un centime, comme le prix dudit avion».
Parlant d’autonomie et de dignité, il y a lieu de rappeler une des célèbres citations d’Henri Leclerc qui dit ceci : « La liberté et la dignité humaine doivent être effectives, et il ne sert à rien de dire que chacun doit vivre libre s’il n’a pas les moyens de vivre ». En clair, nul ne peut prétendre défendre sa dignité dans la dépendance.
Et pour terminer, il faut indiquer que cet avion est loin d’être un bien acquis mais plutôt une location pour une période d’utilisation qui va être clairement définie entre les deux parties, déclare le ministre Lancinè Condé.
Sur la base de tous ces éléments d’information, il n’y a plus aucune dignité ou de souveraineté à célébrer comme le font croire les soutiens de la junte. Il faut plutôt se préoccuper des conséquences qui pourraient résulter d’une telle acquisition.
Heureusement pour le Colonel Doumbouya, le peuple qu’il gouverne depuis plus d’un an, est dans un sommeil profond occasionné par l’analphabétisme, la démagogie, l’hypocrisie et la recherche démesurée des intérêts égoïstes au détriment de l’intérêt général.
Sékou KOUNDOUNO
Responsable des stratégies et planification du FNDC