» … chaque critique est porteuse d’un message important « , (Ousmane Gaoual)
Hier, dans sa communication hebdomadaire suivant la fin du Conseil des ministres, Ousmane Gaoual Diallo Ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique et porte-parole du gouvernement, parlant de la transition en cours, a laissé entendre que « la Guinée n’est pas un État sur lequel on tient une corde, ou il faut absolument utiliser un coup de fouet pour que ça marche. Ça ne marche pas comme ça. L’État a fait preuve de transparence dans la conduite de la transition. Que ça inquiète des gens, c’est tout à fait légitime, mais on n’a rien à prouver. On a dit ce qu’il faut faire et on est en train de dérouler« .
L’ex cadre de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, désormais bien installé dans le camp de ceux qui veulent empêcher l’accession au pouvoir de ce dernier, répondait à une question relative aux retards accumulés dans la réalisation de l’accord que la Guinée a signé avec la Cedea0 qui a permit aux deux parties de convenir d’un chronogramme de la transition en cours d’une durée de 24 mois, dont le top départ a été fixé par le Colonel Doumbouya au 1er janvier dernier. C’est dire qu’en plus de leurs deux années de gestion du pays, les tombeurs d’Alpha Condé auront accompli plus de 3 années d’exercice du pouvoir (39 mois, soit 3 années et 3 mois).
Certains observateurs commencent même à parler d’un possible glissement de calendrier, « pour éliminer totalement les Cellou Dalein, Sidya Touré, etc. Choisir des hommes et des femmes pour contrôler définitivement le pouvoir et s’éviter des poursuites éventuelles pour tous les crimes qu’ils sont en train de commettre depuis le 05 septembre 2021. Même dans les rangs des partis qui les ont soutenu, cela est constaté. Il y a trop de déçus…« .
Pour Ousmane Gaoual Diallo, « il y aura toujours des sceptiques, et c’est tant mieux. C’est ainsi que va aussi la conduite de la chose publique. Tout le monde ne peut pas être content, tout le monde ne peut pas être rassuré, tout le monde ne peut pas être satisfait. Et c’est comme ça. On écoute les critiques pour mieux agir. On n’écoute pas seulement ceux qui applaudissent parce que chaque critique est porteuse d’un message important « .
« …ouvrir un dialogue constructif avec toutes les parties prenantes du processus«
Face à cette situation, Amadou Lamarane Bah, Diplômé en Relations internationales
et Doctorant en Droit Public à la FSJP/UCAD interroge : « Quelle posture doit adopter les autorités guinéennes pour convaincre la CEDEAO de l’avancée satisfaisante du processus ? A défaut, comment s’y prendre sans engager un rapport de force avec l’organisation afin de justifier le retard enregistré dans l’exécution de l’accord fixant les grandes étapes de la transition ? » et suggère : « à l’état actuel des choses, il est fondamental que le gouvernement engage le dialogue à deux niveaux. Au niveau régional, il doit raffermir ses rapports avec la CEDEAO. Sur le plan interne, il doit impérativement ouvrir un dialogue constructif avec toutes les parties prenantes du processus« .
Selon un analyste politique « le régime de Conakry se comporte comme s’il est le fruit d’élections libres et transparentes. Cette arrogance, il doit la mettre de côté et comprendre qu’il est en train de se compliquer la situation. Car, si les forces vives, notamment l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG AEC, (dont les partisans ont démontré en Haute-Guinée qu’ils restent avec eux et n’iront pas avec Colonel Doumbouya, pourtant natif de la région, contrairement à Alpha Condé) adversaires politiques, mais actuellement alliés pour un retour à l’ordre constitutionnel d’ici au 31 décembre 2024, travaillent pour faire des propositions concrètes pour éviter le glissement, ils seront mieux écoutés qu’en organisant des manifestations. Ils auront le G5 Guinée avec eux. Donc tout la communauté internationale« .
Une analyse que partage un commentateur, qui estime que « lorsque Ousmane Gaoual dit : « on n’écoute pas seulement ceux qui applaudissent, parce que chaque critique est porteuse d’un message important« , c’est qu’il sait que le CNRD et son gouvernement sont conscients que les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, les Nations-Unies, l’Union européenne, la majorité des pays de la Cedeao sont capables de mettre la pression nécessaire sur eux, même si la France et des pays de la Cedeao, comme le Togo pourraient leur trouver des circonstances atténuantes. La balle est dans le camp des forces vives, qui doivent quitter la rue pour prendre part aux actions prévues dans le chronogramme en dénonçant ce qui ne va pas et en proposant des solutions ».
Mamadou Alpha BAH Collaboration Brehim O. MAHMOUD