Bah Oury, je vous donne raison, mais n’ignorez pas la main tendue de Dr. Fodé Oussou Fofana.
Dans un entretien que vous avez accordé à un journaliste d’Africaguinee.com. (*), vous avez indiqué : « Tous les acteurs politiques savent que depuis plus de dix ans, la Guinée est émaillée de manifestations, qui n’ont absolument pas apporté une évolution positive dans la manière de gérer le pays. Tout au contraire, ça a occasionné des tragédies, des décès et des destructions. Je pense qu’il faut changer de méthodes ». Je vous donne raison, mais n’ignorez pas la main tendue de Dr. Fodé Oussou Fofana.
Avec vos amis politiques et de la société civile, vous pourriez faire éviter à la Guinée des affrontements sociopolitiques inutiles causés à l’occasion des manifestations appelées par les forces vives, que les autorités gouvernementales, depuis plusieurs dizaines d’années ont toujours réprimées dans le sang.
Bah Oury
Samedi dernier, à l’occasion de l’assemblée générale de l’UFDG, Dr. Fodé Oussou Fofana, a lancé, en ces termes : « un appel solennel à l’ensemble des leaders des partis politiques. Quand je dis partis politiques, c’est l’UFR, le RPG Arc-en-ciel, le PEDN, le BL, le MoDeL, l’UDG, le parti de Siaka Barry et tous les partis qui ont participé aux élections. (…)Venez, il faut qu’on se retrouve et qu’on discute ; qu’on fasse un mémorandum ensemble parce que ce pays nous appartient. On va demander au colonel Doumbouya à ce que les élections soient organisées ».
Aujourd’hui, l’heure n’est pas de savoir s’il est opportun d’organiser des manifestations pacifiques, comme les forces vives guinéennes voudra le faire le 5 septembre prochain, ou de critiquer cette démarche de ces représentants d’une frange majoritaire de guinéennes et de guinéens. Tous souhaiteraient que la classe politique guinéenne et les acteurs sociaux entendent Dr. Fodé Oussou Fofana quand il a dit, s’adressant davantage aux membres de la plate-forme que vous venez de mettre en place avec les Lansana Kouyaté, Faya Millimono, etc. : « venez, on va travailler ensemble. On va organiser les élections. On peut même décider de gouverner ensemble, mettre des bons guinéens pour sortir de cette situation ».
Vous avez été ministre de la Réconciliation nationale en 2008 (Juin à Décembre). Vous n’avez pas eu l’opportunité d’exercer car, par manque de courage, le Président de l’assemblée nationale (Aboubacar Somparé), du chef de votre gouvernement et (Ahmed Tidiane Souaré) et du premier président de la Cour suprême (Lamine Sidimé), n’ont pas voulu appliquer les dispositions de l’article 34 de la constitution en vigueur. Si tel avait été le cas, probablement que le coup d’État du capitaine Moussa Dadis Camara n’aurait pas été possible.
Bah Oury
Vous et d’autres leaders politiques avez décidé de participer aux différents dialogues organisées par le CNRD. D’autres, très tôt, ont jugé que les conditions d’un dialogue réel, n’étaient pas réunies. De nombreux observateurs étaient d’avis avec eux qu’il fallait effectivement autour de la table le CNRD et ses alliés d’un côté, et ceux de la classe politique et des organisations sociales qui ne partagent pas la conduite des affaires de la transition de l’autre. Et pour conduire les débats, la Cedeao au nom de la communauté internationale.
Beaucoup d’acteurs politiques constatent amèrement que le CNRD et ses soutiens ne sont pas préoccupés par le chronogramme de la transition. Aujourd’hui, Mory Condé, ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, invité à l’émission Mirador ce lundi 28 août, a déclaré que « si nous devons organiser des élections dans les quartiers et districts, nous allons nous engager dans une transition jusqu’en 2027 ou 2028« .
Pour sauver la Guinée du désastre, votre plate-forme et les forces vives, ensemble, vous devriez faire des propositions concrètes de solutions pour rectifier la transition. En Côte d’Ivoire, au Sénégal et Mali, des recensements généraux de la population et de l’Habitat (RGPH) ont été effectués en 2022. Pourquoi la Guinée ne pourrait-elle pas elle aussi le faire afin de respecter le chronogramme de 24 mois ? Ces trois pays sont plus vastes peuplés que la Guinée et, dans le cas du Mali, le pays est en guerre…
Il y a des raisons pour manifester, notamment pour exiger du gouvernement le respect du chronogramme, des droits de la personne et contre la mal gouvernance… Mais il est surtout temps que la classe politique guinéenne de se concerter pour prévenir la crise institutionnelle qui se profile dans 15 mois, en décembre 2024, prévue pour la fin de la transition. Faute d’élections, il faudra trouver les moyens de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale pour remplacer celui en place et mettre fin à l’existence du Conseil national de la transition pour manque de résultats, notamment en ce qui concerne le retour à l’ordre constitutionnel.
Ibrahima Sory BALDÉ
(*) https://www.africaguinee.com/bah-oury-appelle-le-camp-de-sidya-celloua-changer-de-methode-les-manifestations-ne-resolvent-rien/