Non M. Makanera. Votre raisonnement est faux…
Hier, à la convention du RPG a-e-c, vous avez indiqué que « le RPG est en train d’écrire une des pages les plus glorieuses de l’histoire de notre pays. C’est vrai que depuis 20 ans, nous votons et nous avons des partis politiques. Mais nos partis politiques ont été caractérisés par des votes communautaires. Ce que le RPG Arc-en-ciel est en train de faire, si tous les autres grands partis politiques le faisaient, on n’aurait plus besoin d’assises nationales. Si au Fouta, on vote 80% pour un forestier, en Haute Guinée, on vote 80% pour un soussou et en Basse Guinée, on vote 80% pour un peul, pourquoi irons-nous à des assises nationales. On n’en aurait plus besoin« .
Ce genre d’analyse est faux car, d’une part, si chacun devait voter pour un candidat de son ethnie, de sa région, Général Lansana Conté n’aurait remporté aucune élection en Guinée. D’autre part mon cher Makanera, plus des deux tiers (2/3) des peuls vivant en Guinée sont établis en Basse côte et dans les autres régions du pays. Et, il est important de souligner, qu’au moins cinquante cinq pour cent (55 %) de la population guinéenne vivent en Guinée maritime. Il ne serait pas exagéré de soutenir qu’au moins cinquante un pour cent (51 %) des électeurs guinéens sont établis dans les régions administratives de Kindia, Boké et Conakry. Et l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, comme les élections communales de février 2018 et présidentielle d’octobre 2020, l’ont démontré, est première dans cette région.
Les élections présidentielle de décembre 1993 et législatives de 1995 n’ont pas été libres et transparentes. Autrement, le Général Lansana Conté et ses partisans ne les auraient pas remportées. Souvenez-vous de l’annulation des votes en Haute Guinée, surtout à Siguiri, pour permettre de proclamer vainqueur le Général-Président, alors qu’il n’en avait pas la légitimité populaire. Et n’oubliez pas, qu’exception faite du premier tour de l’élection présidentielle de juin 2010, jamais une élection présidentielle, libre et démocratique, n’a eu lieu dans ce pays. Et qui était arrivé en tête ? Cellou Dalein Diallo de l’UFDG dont le score dépassait la totalité de ceux obtenus par ses poursuivants (Alpha Condé, Sidya Touré et Lansana Kouyaté).
Vous avez également souligné que ce que l’ex président Alpha Condé a « fait dans ce pays, aucun autre ne l’a fait encore. Certains le traitent d’ethnocentriste (…). Quand nous sommes partis aux élections législatives en 1995, Alpha Condé a eu 19 députés, le PRP et l’UNR de Bah Mamadou ont eu 18 députés. Quand il a été question de choisir un seul responsable au compte de toute l’opposition, Alpha Condé l’a laissé à Bah Mamadou qui n’avait même pas la moitié de ses députés« .
Le problème de la Guinée ce sont les gens du MATD, qui fabriquent les élections, les Magistrats qui légalisent lesdits résultats et les forces militaires et paramilitaires qui les imposent, à n’importe quel prix.
Mais, M. Makanera, comme vous le savez bien, c’est au Ministère de l’Administration du territoire (MATD), que les résultats des élections ont été toujours fabriqués, sauf ceux de juin 2010. Et votre jumeau, Dr. Alsény Makanera, ancien commissaire à la CÉNI, a expliqué comment l’organisation électorale dite’ indépendante’ a été mise à l’écart lors des dernière élections. Le problème de la Guinée ce sont les gens du MATD qui fabriquent les élections, les Magistrats qui légalisent lesdits résultats et les forces militaires et paramilitaires qui les imposent, à n’importe quel prix.
Ce que votre jumeau a dit, parlant des dernières élections, c’est ce qui s’est passé en décembre 1993 (présidentielle) et en juin 1995 (législatives). Les résultats octroyés par le MATD à Bah Mamadou de l’UNR (peut-être que vous qui étiez toujours son responsable pour les Jeunes), étaient loin d’être conformes à la volonté populaire. Lansana Conté a été déclaré gagnant alors que dans le meilleur des cas, il n’aurait pu être qu’en quatrième position (4ème position, derrière Alpha Condé, Bah Mamadou et Siradiou Diallo).
Aussi, M. Makanera, Dr. Ibrahima Sory Sow, ancien Député de l’Opposition n’a été nommé Ministre (Santé) que dans le gouvernement de transition dirigé par feu Jean Marie Doré. Il faut donc éviter d’affirmer que le RPG a participé à un gouvernement alors qu’il était dans l’opposition. Mais ce que vous ne dites pas, et c’est dangereux, c’est que Dr. Sow, compagnon des premières heures d’Alpha Condé a été écarté du pouvoir par les militants ethnocentristes au prétexte qu’il a mis en doute le ‘complot de l’eau empoisonnée’. Ils ne voulaient même pas qu’il soit nommé Ambassadeur en Allemagne ou au Canada. C’est Alpha Condé qui a mis son véto pour le nommer en Allemagne.
Je vous rappelle que nous devrions échanger chez visionguinee.info (récemment sacré meilleur site d’informations de Guinée) sur l’ethnostratégie car, contrairement à ce que vous dites souvent (le parti deCellou Dalein Diallo c’est le parti des peuls), rien est aussi faux. Le parti de Cellou Dalein Diallo, comme je vous l’avais dit, est le plus transversal du pays ; le seul réellement implanté à travers tout le pays, notamment en Basse Guinée et au Fouta. Tous les peuls ne sont pas militants ou sympathisants de l’UFDG. Est-ce le cas du RPG a-e-c ? Tout observateur sérieux répondrait non.
Vous adressant à Ibrahima Kassory Fofana, premier Ministre du gouvernement d’Alpha Condé destitué le 5 septembre dernier qu’il n’y a « plus de place pour la parole, ce sont les faits concrets. Le concret, c’est quoi ? Vous avez accepté de prendre l’héritage du Pr Alpha Condé, nous nous mettons à votre disposition pour faire en sorte que le RPG Arc-en-ciel remporte les prochaines échéances électorales et que vous soyez le président de tous les défis surtout mettre à terre l‘ethnocentrisme« . C’est bien.
Mais remporter les prochaines élections ? Ne rêvez pas, à moins que les mains noires qui conseillent le CNRD, et qui seraient toutes de l’ancienne majorité présidentielle, rééditent le hold up électoral du 18 octobre 2020. Et que, comme l’avait fait en 2010 le Général Sékouba Konaté, le Colonel Mamadi Doumbouya transmette le pouvoir au candidat consensuel du RPG a-e-c et alliés.
En attendant, quel est le dignitaire de cette mouvance, civil ou militaire qui ne devrait pas avoir des comptes à rendre à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) avec tous les scandales dénoncés, en milliards de dollars, alors qu’en plus de dix années d’exercice du pouvoir, les infrastructures se sont dégradées et l’ethnocentrisme et la politisation de l’Administration étaient le mode de gestion privilégié ?
Le ou vers le 17 septembre 2012, au Palais présidentiel, lors d’une rencontre du RPG a-e-c, j’y étais. Lorsqu’une occasion m’a été donnée pour présenter une opinion, la rare personne qui me connaissait (Alpha Condé), m’a interrompu, pour me souhaiter la bienvenue. Ce jour, j’ai été nommé à la Commission communication et membre du Comité central. Mais étant plus journaliste (Société civile) que militant (Politique), quelques semaines après, j’ai ignoré les activités du parti, surtout en raison du discours et des actes ethnocentristes du Chef et de ses collaborateurs.
Ibrahima Sory BALDÉ