Contre La sansure

Guinée: Pourquoi cette persistance des scandales financiers?

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Désormais, les scandales financiers, la corruption organisée au sein de l’administration avec des sommes faramineuses détournées par les proches du chef de la junte militaire font partie du quotidien des Guinéens. 

Et pas un jour ne passe, sans qu’un agent de l’État guinéen ne soit impliqué dans le détournement flagrant des derniers publics.

Des dossiers de détournements massifs 

Parmi ces dossiers de détournement massif des fonds publics orchestrés au plus haut sommet de l’Etat, nous pouvons citer entre-autre : l’affaire de l’office guinéenne de la publicité, l’affaire des 4 tonnes d’or disparues à la banque centrale, l’affaire de détournement de plus de 265 milliards de FG au niveau du patrimoine bâti où le directeur général est porté disparu depuis hier, le scandale financier au niveau de la direction nationale de la douane, le scandale financier au niveau de la direction nationale des impôts.

Il s’agit de sommes faramineuses, notamment des centaines de milliards de FG détournés par des hommes de confiance de Mamady Doumbouya tels que Karamo Kaba, directeur de la banque centrale, Mandian Sidibé, directeur de l’office guinéenne de publicité, Mohamed Ouattara directeur général du Patrimoine bâti porté disparu depuis hier avec plus de 265 milliards de FG etc…

Ces gens ont tous été nommés par le chef de la junte Mamadi Doumbouya sur fond de népotisme, de cooptation et d’ethnisme politique. Il n’a jamais été question de mérite, de moralité et de compétences.

Doumbouya justifiait son putsch par la volonté de mettre un terme à la corruption 

Le 5 septembre 2021, le chef de la junte Mamadi Doumbouya  président du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), lors de sa toute première prise de parole, a justifié son putsch militaire par la volonté de mettre un terme à la corruption, à la gabegie financière,aux détournements de deniers publics et biens d’autres fléaux qui gangrènent l’administration de son bienfaiteur Alpha Condé.

Pour ainsi matérialiser la lutte contre la corruption, la nouvelle administration du CNRD créa en décembre 2021, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).

Cette juridiction spéciale fut créée pour examiner les infractions économiques et financières d’au moins d’un milliard de francs guinéens (GNF).

Depuis son installation le 21 janvier 2022, plusieurs enquêtes de détournements de deniers publics liés aux anciens dignitaires ont été ouvertes.

Les procès se poursuivent encore aujourd’hui contre les anciens membres du gouvernement déchus et voire même du gouvernement de Lansana Conté, dans lesquels Ousmane Kaba du Parti politique PADES est d’ailleurs cité.

Cause de la persistance des détournements de deniers publics 

La persistance des détournements de deniers publics dans notre administration sous le règne de la junte prouve tout simplement la faiblesse du pouvoir militaire guinéen.

Et cela démontre que l’on ne peut pas lutter contre la corruption organisée en refusant de faire preuve d’exemplarité et de fermeté.

Car la corruption organisée au sein de l’administration guinéenne est avant tout d’ordre structurel.

Ceci dit, les causes étant connues, on ne peut pas s’attaquer aux conséquences de la corruption et sans chercher à commencer par éradiquer ses causes.

Les causes de ces détournements massifs peuvent être attribuées principalement, au manque de morale et d’éthique des agents publics, à la banalisation des faits, c’est-à-dire à l’absence des sanctions aux actes de corruption les plus banales par exemple, à l’impunité vis-à-vis des proches du pouvoir, c’est-à-dire les hauts gradés de l’armée, des hauts fonctionnaires tels que Thierno Mamadou Bah, un proche de Mamady Doumbouya, impliqué dans plusieurs dossiers de détournement, des ministres, aux bas salaires et surtout au caractère népotiste, ethniciste et clientélaire des nominations qui font de l’État guinéen une entreprise familiale etc…

Il faut noter aussi la recherche de gain facile, la non déclaration des avoirs des agents de l’État et la lenteur de l’administration, la mauvaise gouvernance aussi.

Déclaration écrite du patrimoine, un acte dissuasif 

Les membres du gouvernement devraient dès après le putsch militaire du 05 septembre 2021, être tenus obligés de faire la déclaration écrite de leur patrimoine familial énumérant leurs biens meubles, y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banque, leurs biens immeubles y compris terrains non bâtis, forêts, plantations et terres agricoles, minières, et tous autres immeubles, avec indication des titres.

Cela exige que M Mamady Doumbouya et  les membres du gouvernement soient tenus, lors de leur entrée en fonction  et  à la  fin de  celles-ci, de faire sur l’honneur une  déclaration écrite  de tous leurs biens et patrimoine qu’ils adresseront à la cour suprême par exemple.

Cette déclaration devrait d’ailleurs en temps réel se faire avant leur prise de fonction.

Et par une telle audience solennelle, les membres du gouvernement vont témoigner de leur humilité, leur sincérité et de leur probité au peuple de Guinée. Et par fini les autres autorités élues ou nommées feront de même.

En agissant ainsi, la junte prouve à la face du monde, que sa détermination à faire de la lutte contre l’enrichissement illicite, son champ de bataille n’est pas un slogan creux, un alibi de trop dans son projet de confiscation du pouvoir.

Mieux, on ne peut pas prétendre poursuivre les anciens dignitaires qui sont coupables de détournement illicite de fonds publics et refuser de déclarer son patrimoine.

Car c’est grâce à ces pratiques éhontées que les anciens dignitaires se sont depuis toujours outrageusement enrichis dans ce pays.

Une situation qui fait malheureusement de la Guinée l’un des pays les plus corrompus au monde.

La déclaration du patrimoine vise à lutter contre la corruption

Pourtant, la déclaration du patrimoine des agents de l’État vise à lutter contre la corruption, un fléau qui touche tous les échelons de l’administration guinéenne.

Et la junte militaire sait pertinemment que pour lutter contre la  corruption et  infractions assimilées  dans  la  fonction  publique.

Il fallait commencer par rompre avec les anciennes pratiques malsaines, obscènes qui ont fait de l’État guinéen, un État déficitaire, défaillant.

En commençant d’abord à exiger que tous les agents publics ou ceux qui sont désignés par les lois nationales déclarent leurs biens lors de leur prise de fonctions, ainsi pendant et à la fin de leur mandat.

C’est seulement à travers de tels actes qu’ils auraient pu convaincre même les plus sceptiques de leur détermination à lutter  contre la  corruption des agents  publics  devenue un  phénomène complexe et dont les effets sont dévastateurs sur la stabilité politique, économique, sociale et culturelle du pays.

Mais les putschistes ont eu du mal à comprendre qu’il existe un lien entre la déclaration de patrimoine et la lutte contre la corruption.

Alors pourquoi s’étonner de la persistance des détournements des deniers publics dans l’administration guinéenne et venant même du cercle restreint du chef de la junte militaire Mamady Doumbouya.

Donc applaudissons le fait que la Guinée soit devenue, un pays de scandale financier par excellence où chacun se sert comme il peut et comme il veut.

Aïssatou Chérif Baldé

In. https://african-panorama.com/2025/01/21/guineepourquoi-cette-persistance-des-scandales-financiers/

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