Guinée: ainsi donc, le général Mamadi Doumbouya l’a fait!
Alors que des naïfs politiques se posaient encore des questions sur sa participation ou non à la prochaine présidentielle guinéenne, prévue pour le 28 décembre prochain, le général Mamadi Doumbouya, a mis fin aux derniers doutes qui résistaient encore à la réalité.
Comme pour clore le débat pour de bon, l’homme fort de Conakry a déposé, en personne, ce lundi 3 novembre, son dossier de candidature, accompagné de centaines de soutiens, et surtout de son habituelle forte escouade lourdement armée qui l’entoure, même lorsqu’il fait du vélo dans les rues de la capitale. Certes, rien ne l’empêchait de le faire plus tôt, mais le patron du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a attendu le dernier jour pour se rendre à la Cour suprême, comme pour bien marquer le coup et prouver qu’il demeure le maître du temps, depuis le coup de force du 5 septembre 2021 qui l’a porté au pouvoir. A l’occasion, troquant le treillis militaire et le béret rouge pour un majestueux boubou blanc, le général a bien confirmé son intention de se donner une virginité par les urnes. Puisqu’il faut sortir le pays de cette transition militaire, élastique à souhait, et passer le témoin à un pouvoir civil! Pour les partisans du général, que certains n’ont pas hésité à voir comme «l’espoir du peuple», durant ses quatre années qu’il a déjà passées dans le fauteuil présidentiel, «il a prouvé qu’il aime la Guinée et les Guinéens».
Sauf que cet «amour» pour ses concitoyens est bien sélectif, car Mamadi Doumbouya n’en n’éprouve, certainement pas, la moindre once pour les leaders de l’opposition qu’il ne veut, pour une quelconque raison, voir rôder autour du palais présidentiel. Pas même en rêve. D’où la mise à l’écart bien montée de Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre et président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Sydia Touré, ancien Premier ministre et président de l’Union des forces républicaines (UFR) et de l’ancien président guinéen, Alpha Condé, du Rassemblement du peuple guinéen (RPG). Parjure et confiscation du pouvoir, ont alors crié les trois poids lourds de l’opposition, boutés, sans autre forme de procès, hors de la compétition électorale.
Comme il faut accuser son chien de rage, lorsqu’on décide de le tuer, le trio empêcheur de gouverner en rond, a été, pour certains accablés de griefs juridiques, et pour tous, d’absence prolongée de la Guinée, tous craignant pour leurs vies et leur liberté de mouvement ayant fait le choix douloureux de l’exil. Mamadi Doumbouya n’a donc pas fait exception à la règle non écrite, mais d’une efficacité imparable pour les dirigeants africains, de la mise à l’écart des opposants de la course à la présidentielle pour être assuré d’en être seul vainqueur! Comme en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Cameroun, en Tanzanie, pour ne citer que les derniers exemples en date.
Pourtant, lorsqu’il a mis fin au pouvoir d’Alpha Condé qui, lui-même comptait s’y éterniser après avoir charcuté la constitution et cédé aux charmes du troisième mandat, Mamadi Doumbouya, l’avait clairement annoncé: ni lui, ni aucun de ceux qui auraient conduit la transition, ne seraient autorisés à briguer cette haute fonction! Visiblement, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’appétit est venu en mangeant! A moins que cette déclaration de désintérêt total pour le pouvoir n’ait été qu’une ruse pour échapper aux sanctions de la communauté internationale et garder, à l’époque, sa casquette de sauveur de la Guinée et des Guinéens des griffes d’une démocratie dévoyée par le régime Condé.
Ainsi donc, le général Mamadi Doumbouya sera candidat à la présidentielle de décembre prochain! Un exercice, qui, sauf tsunami, ne sera qu’une formalité pour lui, la route pour le palais présidentiel de Sékoutouréya, ayant été aplanie pour lui!
Par Wakat Séra

Source: https://www.wakatsera.com/guinee-ainsi-donc-le-general-mamadi-doumbouya-la-fait/
