Guinée : Le parjure de Doumbouya, un jour sombre pour la démocratie
Aujourd’hui marque un tournant tragique pour la Guinée. Mamadi Doumbouya, qui s’était présenté comme le sauveur de la démocratie, vient d’annoncer officiellement sa candidature à l’élection présidentielle. En faisant ce choix, il devient le fossoyeur des idéaux qu’il prétendait défendre. La République de Guinée est désormais orpheline de ses valeurs démocratiques.
En se portant candidat, Mamadi Doumbouya viole délibérément la Charte de la Transition. Il trahit les engagements solennels qu’il avait pris devant Dieu, devant la justice, devant le peuple guinéen et devant la communauté internationale. Ce parjure est comparable à une haute trahison.
Comprenons bien la stratégie utilisée. Doumbouya a d’abord violé la Charte de la Transition pour la remplacer par une nouvelle Constitution taillée sur mesure. C’est une manipulation institutionnelle calculée, une fraude orchestrée méthodiquement. Rappelons ce que disait l’article 46 de la Charte : « Le président et les membres du CNRD ne peuvent faire acte de candidature. Cette disposition ne peut faire l’objet de changement. » Ces mots étaient gravés dans notre loi fondamentale. Mais Doumbouya les a contournés. C’est la vieille méthode des dictateurs : quand la loi vous gêne, changez la loi.
Ce qui est tristement historique, c’est le revirement complet d’un jeune officier qui avait gagné la confiance de ses compatriotes par de belles promesses. Il lui a suffi de promettre, puis de trahir. Le danger est immense : Doumbouya ouvre la boîte de Pandore pour tous les aventuriers à venir. Ce jour représente un point de non-retour pour notre pays. Cet acte change à jamais la mentalité politique des Guinéens qui ont des ambitions de pouvoir. Désormais, il suffira d’imaginer un coup de force, de trouver des justifications, et d’utiliser la puissance publique pour s’installer au pouvoir.
Ce qui me chagrine le plus, c’est de savoir qui paiera le prix de cette folie. Dans un pays où une partie de la population se lance dans la propagande du parjure, c’est toujours le citoyen ordinaire qui paie le lourd tribut. Les propagandistes amassent de l’argent et font partir leurs proches à l’étranger. Les dirigeants ont déjà préparé leur parachute doré. Mais une fois que les troubles éclatent et durent, qui paie les frais ? Malheureusement, c’est cette couche de la population innocente qui a naïvement participé, soit comme complices de second rang contre quelques billets, soit simplement en applaudissant lors des spectacles de propagande.

Regardons le bilan désastreux de cette transition : plus de 60 jeunes manifestants tués impunément dans nos rues, des disparitions forcées, des morts suspectes en détention sans enquête ni justice, des enlèvements nocturnes et des tortures. Voilà le véritable visage de cette prétendue refondation de l’État.
Le général a attendu le dernier jour pour déposer sa candidature. Après de longues années de préparatifs, il a poussé le bouchon jusqu’au bout en mobilisant les foules le long des routes jusqu’à la Cour suprême. Cette mise en scène devait servir de justification pour faire passer le parjure comme une lettre à la poste. Bien essayé, mon général. Cependant, vos images resteront gravées dans la mémoire du citoyen guinéen. Vos voix résonneront dans les oreilles du peuple de Guinée jusqu’à ce que la réparation vienne guérir cette plaie béante. Car la mémoire collective n’est pas amnésique.
Mamadi Doumbouya porte désormais l’entière responsabilité de toutes les conséquences désastreuses de son parjure. Il est responsable de la crise institutionnelle, de l’instabilité politique, des violences à venir et de l’isolement international de la Guinée. Chaque victime, chaque goutte de sang sera sur sa conscience et celle de ses complices.
Mais je reste convaincu d’une chose : Mamadi Doumbouya et ses proches finiront par être débarqués, arrêtés, jugés et condamnés pour trahison et crimes contre l’humanité. L’histoire ne pardonne jamais aux traîtres. La justice, même si elle tarde, finit toujours par rattraper les bourreaux.
Face à ce coup de force déguisé en légalité, nous n’avons qu’une seule option : la résistance pacifique mais déterminée, l’union sacrée de tous les démocrates, la mobilisation sans faille pour arracher notre droit à choisir librement nos dirigeants. Nous ne nous laisserons pas faire. Nous ne nous résignerons pas. Nous ne nous tairons pas. L’histoire jugera. Le peuple se souviendra. Et la justice triomphera.
Abdoul Karim Diallo
« La vérité libère, le silence opp#rime »
