Nigeria: plus de 200 élèves et enseignants enlevés dans une école catholique du centre du pays
Le bilan de l’enlèvement dans une école catholique située dans l’État du Niger, dans le centre du Nigeria, ce vendredi 21 novembre, a été révélé vendredi soir par l’Association des chrétiens du Nigeria (CAN) : il s’agit de 227 élèves et enseignants de l’école St. Mary. C’est le deuxième enlèvement de ce type en une semaine dans le pays, après le rapt de 25 lycéennes dans l’État de Kebbi, dans le nord-ouest du pays.
« D’après nos informations, 215 élèves et étudiantes, et 12 enseignants, ont été enlevés par les terroristes » dans cette école située dans l’État du Niger, a déclaré la CAN dans un communiqué suite à la visite à l’école du président de l’association pour l’État du Niger, Bulus Dauwa Yohanna. « Pendant l’attaque terroriste, certains étudiants ont réussi à s’échapper », a-t-il ajouté dans le communiqué.
Dans la journée, les médias locaux faisaient état de l’enlèvement de 52 élèves entre 12 et 17 ans. Le gouvernement de l’État du Niger a confirmé l’attaque contre l’école St. Mary, mais n’avait pas avancé de chiffre.
D’après les autorités locales, l’école avait ignoré la consigne officielle de fermer les établissements scolaires en raison d’informations du renseignement intérieur sur des enlèvements imminents.
« Le gouvernement de l’État du Niger a appris avec une profonde tristesse la nouvelle troublante de l’enlèvement d’élèves de l’école St. Mary’s dans la municipalité d’Agwara », a annoncé le gouverneur Mohammed Umaru Bago, ce 21 novembre 2025, dans un communiqué sur les réseaux sociaux. « Le nombre exact d’élèves enlevés n’a pas encore été confirmé, les agences de sécurité continuant d’évaluer la situation », a-t-il ajouté au sujet de ce rapt survenu dans l’ouest du Nigeria.
Des enlèvements en série
Moins d’une semaine après celui de Maga dans l’État de Kebbi, ce deuxième enlèvement de masse dans cette école Saint Mary de Papiri illustre cruellement les failles sécuritaires et systémiques auxquels le Nigeria doit faire face, rapporte notre correspondant à Abuja, Moïse Gomis. Des ravisseurs parfaitement synchronisés débarquent dans une localité. Ils se dirigent sans obstacle majeur dans un convoi constitué d’un van et d’une soixantaine de motos, roulant moteurs hurlant vers un internat ciblé.
Et en moins d’une heure, des hommes armés prennent en otage plusieurs dizaines de jeunes filles et leurs encadrants avant de s’évanouir dans la nature. Le président Bola Ahmed Tinubu est bien resté au Nigeria, annulant son déplacement au G20 en Afrique du Sud. Il suit minute par minute l’évolution de cette crise majeure dans l’État de Niger bien sûr. Mais celle aussi de Kebbi où 25 élèves musulmanes ont été kidnappés dans une école. Sans compter Kwara où 35 paroissiens ont été enlevés durant une messe. Pourtant, Atiku Abubakar, son principal opposant, estime que la présence du Chef de l’État est insuffisante. L’ancien vice-président exhorte le gouvernement fédéral à déclarer immédiatement l’état d’urgence en raison de l’insécurité qui règne dans le pays.
De nombreuses écoles du pays fermées
L’enlèvement dans l’État du Niger a été mené de façon spectaculaire et la peur de la contagion gagne déjà d’autres États. L’État de Katsina, dans le nord du Nigeria, et l’État du Plateau, dans le centre, ont annoncé ce vendredi la fermeture de tous leurs établissements scolaires primaires et secondaires.
Le gouverneur Mohammed Umaru Bago a souligné que face à « une augmentation du niveau de menace dans certaines parties du district sénatorial du nord de l’État de Niger », les autorités locales avaient « précédemment publié une directive claire suspendant toutes les activités de construction et ordonnant la fermeture temporaire de tous les internats dans la zone touchée à titre de mesure de précaution ». Mais, a-t-il déploré, « l’établissement St. Mary’s a repris ses activités académiques sans en informer, ni obtenu l’autorisation du gouvernement de l’État, exposant ainsi les élèves et le personnel à un risque évitable ».

Deuxièmement enlèvement en une semaine
C’est donc le deuxième enlèvement de ce genre cette semaine. Vingt-cinq lycéennes ont été enlevées dans l’internat pour filles de Maga, dans l’État de Kebbi (nord-ouest), dans la nuit de dimanche à lundi. Selon les autorités, l’une des jeunes filles est parvenue à s’échapper.
Mardi, une attaque contre les fidèles d’une église dans l’État de Kwara (ouest). Deux fidèles ont été tués et 38 autres enlevés. Les ravisseurs exigeaient 100 millions de naïra soit 69 000 dollars de rançon par prisonnier.
Contexte tendu avec les États-Unis
Ces enlèvements arrivent au moment où Donald Trump menace le pays d’une intervention militaire pour mettre fin à ce qu’il appelle « un génocide de chrétiens ». Ce que rejette le gouvernement nigérian, qui affirme que les attaques ne visent pas une religion en particulier. Une délégation nigériane est aux États-Unis pour éviter une escalade du conflit diplomatique avec l’administration Trump.
Au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique de l’Ouest, miné par l’insécurité, les enlèvements de masse sont courants, notamment depuis le kidnapping de près de 300 écolières à Chibok, dans le nord-est, perpétré en 2014 par les jihadistes de Boko Haram.
